mardi 29 janvier 2008 par Le Nouveau Réveil

Telle est la précision qu'a tenu à faire le procureur Tchimou à propos du procès qu'il a décidé d'intenter à monsieur KOUADIO KONAN Bertin et au journal " Le Nouveau Réveil " pour faire prendre conscience à tous qu'il dispose en matière de poursuite judiciaire d'un pouvoir discrétionnaire absolu. C'est donc en vertu de ce pouvoir discrétionnaire et de ce qu'il appelle " opportunité de poursuite " que sur sept journaux ayant rapporté les propos tenus par K.K.B à Dimbokro, il a jeté son dévolu sur "Le Nouveau Réveil". Nous disons bravo au procureur Tchimou pour son interprétation étriquée de l'opportunité de poursuite. Car, alors qu'il a en projet d'organiser des formations au profit des journalistes en matière judiciaire, lui le haut ( ?) et brillant ( ?) magistrat semble ne pas appréhender le sens du mot opportunité. Parce que tout magistrat, même débutant, en présence de cette opportunité de justice, fait la balance entre les risques de trouble à l'ordre public à la suite d'une justice ( ?) qu'on veut rendre et le maintien du statu quo pour éviter que les troubles à l'ordre public n'entraînent des conséquences plus dommageables que l'injustice qu'on s'est abstenu de sanctionner. L'opportunité de justice ne consiste donc pas à opérer des choix, fort contestables d'ailleurs, entre les auteurs d'un même crime ou délit pour ne retenir de façon très subjective, que celui dont la tête ne nous revient pas.
Dans le cas d'espèce puisqu'il s'agit de façon non équivoque d'un procès politique visant le PDCI, le procureur Tchimou, toujours juge et partie, a choisi de ne retenir que "Le Nouveau Réveil", journal proche du PDCI plutôt que "Notre Voie", journal officiel du FPI. Et cela est bien triste pour notre ( ?) justice ( ?) qui a résolument pris fait et cause pour un camp, celui du chef de l'Etat et du FPI ! Justice et juges alimentaires !
Il est affligeant de constater que des magistrats siègent pour, prétendent-ils, rendre ce genre de justice qui consiste à tordre le cou au droit pour se livrer finalement à un déni de justice !
Nous nous permettons de rappeler ou de faire savoir à monsieur Tchimou que tout pouvoir discrétionnaire doit s'exercer avec discernement par celui qui le détient ou croit le détenir.
Lorsqu'il y a abandon ou ignorance de cette faculté de discernement et d'analyse, on aboutit inéluctablement à la dictature et à la bêtise parce qu'on se laisse guider par son instinct et sa passion aveugle qui conduisent à des catastrophes bien prévisibles que l'aveuglement dont on était l'objet n'a pourtant pas permis de percevoir. C'est pourquoi, nous demandons au procureur Tchimou de se rendre dans une cinémathèque et de rechercher un vieux film ayant pour titre " monsieur le Président " avec l'acteur Jean Gabin. Ce film porte sur les institutions de la IV è République en France et particulièrement le Président du Conseil qui détenait le pouvoir à cette époque, le chef de l'Etat se contentant d'inaugurer les chrysanthèmes. A l'un de ses camarades de promotion qui lui demandait un service qui l'aurait contraint à exercer un pouvoir sans discernement, le Président du Conseil a répondu : " je ne peux pas ! "
" Comment tu ne peux pas ", répliqua ce camarade de promotion, " tu peux tout dans ce pays ! "
Et le Président du Conseil de répondre : " justement c'est parce que je peux tout que je ne peux pas ! "
C'est dire que le fait de détenir un pouvoir ne signifie pas qu'on doit en user et en abuser comme le ferait un enfant d'un jouet qu'on vient de lui offrir. L'exercice d'un pouvoir se fait avec tact et intelligence car, la manière brutale d'exercer le pouvoir entraîne des conflits inutiles, voire des guerres comme nous en connaissons aujourd'hui dans notre pays, Concernant les magistrats, même si nous ne leur dénions pas le fait qu'ils sont eux aussi des hommes, ils doivent cependant plus que tous se rendre compte du caractère particulièrement sensible de la justice dont le déni ou la mauvaise application conduisent, comme mentionné plus haut, à des catastrophes irréparables. Le procureur Tchimou sait que la déliquescence actuelle de notre pays résulte de frustrations nées d'une injustice créée comme par hasard par une décision de justice (?) prise un certain jour d'octobre 2000 et qui a arbitrairement écarté des candidats dont le maintien de la candidature aurait définitivement fermé la route du pouvoir à monsieur Laurent Gbagbo.
Par ailleurs, même s'il est un être humain, le magistrat doit faire l'effort d'être impartial pour demeurer crédible et mériter le respect de ses concitoyens. S'il fait cet effort d'impartialité, il y a peu de chance qu'il fasse l'objet de diffamation. Pour en revenir au procès contre K.K.B et Le Nouveau Réveil?, nous comprenons difficilement ce rôle de croisé que le procureur Tchimou depuis un certain temps joue contre le PDCI-RDA. Son action et ses propos virulents et désordonnés contre le PDCI ont-ils pour but de détruire ce parti et d'empêcher ainsi le Président BEDIE de revenir au pouvoir ?
Il est alors à craindre que ce soit peine perdue car en la matière, le procureur Tchimou c'est Don Quichotte livrant bataille aux moulins à vent.
Cette situation n'est pas sans nous rappeler une fable, celle du serpent et de la lime.
Dans l'atelier d'un serrurier, pénétra un jour le serpent. Et l'insensé, nous dit le fabuliste, mordit une lime en acier. La lime lui dit alors : qu'est-ce que tu es sot, parce que c'est toi qui auras mal et non moi. Et le fabuliste de conclure que celui qui, sans raison, décide de s'en prendre à plus fort que lui, finit piteusement à donner des coups à un aiguillon dont nous savons qu'il s'agit d'un bois rugueux muni d'une pointe de fer. S'agissant de la situation actuelle qui nous préoccupe, le procureur Tchimou a tort de penser que parce que qu'il dispose de son fameux pouvoir discrétionnaire, il peut détruire le PDCI. Parce que le PDCI, c'est cet aiguillon qui finit par piquer si on n'y prend garde. Monsieur Tchimou doit se contenter d'exercer son métier de magistrat et de procureur de la République plutôt que d'être en charge de l'assouvissement de la vengeance du pouvoir FPI contre les partis d'opposition et notamment le PDCI-RDA. Cela lui serait salutaire !
Car si les élections à venir sont transparentes et équitables, ce mentor qu'il sert avec tant de zèle et de déraison disparaîtra et la seule chose que feront les ivoiriens, c'est d'oublier celui-là qui, arrivé de façon calamiteuse au pouvoir, ne leur a apporté que misère et désolation.
Par DOUBE BINTY

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