mardi 29 janvier 2008 par Notre Voie

Le Rassemblement des républicains (RDR) organise son deuxième congrès ordinaire, les 1er, 2, 3 février prochains, à l'Hôtel Ivoire. A la veille de l'événement, le ministre Marcel Amon Tanoh, président du comité d'organisation, en situe les enjeux.

Notre Voie : Monsieur le président, le 2ème congrès ordinaire de votre parti intervient 14 ans après le premier. Pourquoi avoir attendu tout ce temps-là où les textes prévoient 5 ans ?
Marcel Amon Tanoh : C'est vrai que le RDR a tenu son premier congrès ordinaire environ un (1) an après sa naissance c'est-à-dire en 1995. Nous avons eu, ensuite, un congrès extraordinaire en 1999 pour élire le président du parti. Vous n'êtes pas sans savoir qu'à partir de 1999, la situation sociopolitique de la Côte d'Ivoire n'a pas été très stable. Ce qui n'a pas permis à notre parti, compte tenu de ce qu'il a vécu en cette période, de tenir un congrès ordinaire qui aurait dû intervenir statutairement tous les 5 ans.

N.V. : Quels sont les enjeux de ce deuxième congrès ordinaire ?
M.A.T. : L'objectif du présent congrès, bien sûr, est de faire l'état des lieux. 14 ans, c'est long. Il s'est passé beaucoup de choses. Le contexte politique a changé. Les structures du parti elles-mêmes ont évolué grâce à des conventions que nous avons eues dans l'intervalle des congrès. Il faut donc faire le bilan à un moment donné.

N.V. : Quel sera le thème de ce rendez-vous ?
M.A.T. : Le thème du congrès sera dévoilé un peu plus tard. Pour le moment, je dois vous dire que le RDR veut donner un signal fort de parti d'ouverture. Ouverture sur les autres sensibilités politiques. Ouverture sur le monde politique, en général, en Côte d'Ivoire et sur le monde. Le RDR veut apparaître comme un parti qui rassemble. Un parti qui incarne les valeurs républicaines. C'est la raison pour laquelle le thème sera un thème rassembleur.

N.V. : De façon concrète, quelles sont les questions qui seront abordées ?
M.A.T. : Nous sommes en 2008. Et les accords de Ouagadougou ont prévu les élections présidentielles pour le mois de juin. Donc, nous sommes à cinq mois de ces échéances électorales. Comme je l'ai indiqué tantôt, nous allons faire l'état des lieux, le bilan de nos activités. Nous allons nous intéresser à la vie du parti, au fonctionnement des structures du parti. Nous allons évaluer les hommes aux postes de responsabilité qui leur ont été confiés. Et c'est quand nous aurons eu de la visibilité de façon rigoureuse, transparente, mais fraternelle, que nous pourrons alors parler de stratégie électorale.
Parce que, évidemment, le RDR, à travers ce congrès, va se mettre en ordre de bataille pour conquérir le pouvoir d'Etat et l'exercer.

N.V. : Le congrès est également une tribune pour renouveler les instances dirigeantes du parti. Comment se présentent les choses à ce niveau ? Doit-on s'attendre à des changements ?
M.A.T. : Si vous faites allusion au changement des hommes, je dois dire que cela relève des prérogatives du président du parti. C'est le président élu qui désigne le secrétaire général, le secrétaire général délégué, les secrétaires généraux adjoints, etc.
Il lui appartiendra donc de dire si, oui ou non, il faut changer ses collaborateurs. Ni le président du comité d'organisation que je suis, ni le président du Congrès n'a compétence pour le faire.
Ce que je peux vous dire, c'est que le RDR ayant tenu son dernier congrès ordinaire il y a 14 ans, nos structures évoluent. La Convention et le Bureau politique ont, de façon exceptionnelle, autorisé le président du parti à restructurer déjà la direction du RDR. C'est la raison pour laquelle vous verrez que des structures fonctionnent, mais ne sont pas statutaires. Quand je parle de restructuration, il s'agit, en fait, de mettre les statuts en harmonie avec les structures telles qu'elles existent actuellement. Mais je ne parle pas des hommes.

N.V. : Il nous revient que les militants souhaitent une recomposition de l'organigramme de la direction du parti.
M.A.T. : Ecoutez, ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a une volonté du président et de la direction du parti d'être à l'écoute de la base. L'originalité de ce comité d'organisation réside d'ailleurs dans le fait qu'il comporte une Commission Ecoute et Suggestions qui est ouverte à la critique, aux suggestions et aux observations des militants. Le Congrès est souverain et décidera de ce qu'il y a lieu de faire à partir d'un mode d'expression démocratique. Quel parti politique ne tient-il pas compte de sa base ?

N.V. : Intéressons-nous à la ligne du parti. Le RDR se réclame-t-il toujours du centre ?
M.A.T. : Je me demande bien si dans ce monde politique d'aujourd'hui, les positionnements au centre, à gauche et autres sont encore d'actualité. En ce qui nous concerne, nous sommes un parti libéral. C'est cela qui sous-tend la philosophie de notre action. Nous appartenons à l'Internationale libérale. Et c'est une politique de libéralisme que nous prônons.

N.V. : La question des alliances avec d'autres partis préoccupe, également, vos militants dont certains n'ont toujours pas compris les options de la direction. Ce sujet sera-t-il sur la table du Congrès ?
M.A.T. : C'est vous qui m'apprenez que la direction a pris des options qui n'ont pas été suivies par la base. Concernant le RHDP, ça se passe très bien au sommet entre les présidents Ouattara et Bédié. Ça se passe bien à la base entre les militants de nos différents partis. Ça se passe, également, bien avec les autres leaders du RHDP. Si vous relevez des problèmes, c'est qu'ils datent de la nuit d'hier.

N.V. : Des militants du RDR dont les propos ont été relayés par la presse considèrent le RHDP comme une alliance circonstancielle qui répond seulement à des contingences électoralistes.
M.A.T. : Je ne dis pas qu'il n'y a pas de voix au sein du RDR qui s'élèvent contre cette alliance. Mais je crois que la grande majorité des militants est en phase avec la direction. C'est cela qui est important.

N.V. : Vous avez parlé tantôt de la Commission Ecoute et Suggestions. Comment se fera la collecte des préoccupations des militants ?
M.A.T. : Ce n'est pas comment ça se fera, mais c'est comment ça se fait. Parce que cette commission fonctionne depuis le mois de novembre dernier. Nous transmettons fidèlement au président du parti, au secrétaire général et au secrétaire général délégué tous les griefs qui sont exprimés. Nous transmettons, également, aux commissions techniques les suggestions qui sont formulées en leur endroit. Donc, le comité d'organisation reçoit aussi sa part de griefs et de suggestions. Et je dois vous dire que je ne suis pas épargné.

N.V. : Qu'est-ce qu'ils vous ont reproché, par exemple ?
M.A.T. : Je vous dis que je transmets les critiques au président, au Comité directeur, etc. y compris celles qui me concernent.

N.V. : Monsieur le président, on s'imagine que le Congrès sera une occasion de remobilisation. Quel est, aujourd'hui, le moral de vos troupes ?
M.A.T. : Vous nous connaissez. Le RDR a une grande capacité de mobilisation.
Les derniers exemples sont venus d'Abobo et d'Anyama où il a été donné à la Côte d'Ivoire et au monde entier de voir que, malgré tout ce qu'il a subi, le RDR demeure un parti qui a une grande capacité de mobilisation. Certains partis nous reprochent même notre fanatisme. Parce que, quand le président Ouattara nous appelle, c'est l'effervescence. Les militants ont le moral et sont heureux de pouvoir avoir ce congrès qui leur offre une tribune privilégiée d'échanges devant laquelle ils viendront dire à leurs dirigeants ce qu'ils pensent de la conduite du parti.

N.V. : Monsieur le président, vous l'avez dit, le RDR se prépare pour les élections générales. Lesquelles auront lieu sous l'égide des accords de Ouagadougou. Quel regard portez-vous sur ces accords ?
M.A.T. : C'est une question du passé. Le RDR soutient les accords de Ouaga. Nous participons au CPC (ndlr. Cadre permanent de concertation).
Le RDR souhaite que les élections aient lieu et qu'elles soient acceptables par toutes les parties. Des élections qui offrent un minimum de garantie, de transparence pour que le peuple choisisse librement et que nous évitions les conflits que nous avons connus par le passé. Parce que ce sont les mauvaises élections qui engendrent les conflits. Le RDR souhaite que les élections aient lieu et considère que les accords de Ouaga sont un cadre propice au déroulement de bonnes élections en Côte d'Ivoire.

N.V. : Le RDR a été très souvent traité, à tort ou à raison de parti violent. Pensez-vous que la violence peut être un moyen d'accession au pouvoir ?
M.A.T. : L'objectif de tout parti politique est de conquérir le pouvoir d'Etat, l'exercer pour changer le cours de l'histoire et améliorer les conditions de vie des populations.
C'est un mauvais procès qu'on fait au RDR. Le RDR n'a rien à voir avec la violence. Alassane Ouattara n'est pas un homme violent. Ceux qui le présentent comme tel ne le connaissent pas. Nous n'avons rien d'hommes violents. Nous disons simplement que, dans un pays, pour qu'on n'en arrive pas à des situations malheureuses comme nous en connaissons actuellement au Kenya, il faut qu'il y ait de bonnes élections. Aucun leader politique ne peut contrôler un million ou deux millions de personnes. Mais quand le président Ouattara a vu sa candidature rejetée aux élections de 2000 dans les minutes qui ont suivi, il a appelé ses partisans au calme à travers une interview qu'il a accordée. J'étais avec lui. Ceci pour montrer que c'est un faux procès qui est fait au RDR. Je veux bien qu'on me montre des exemples qui montrent Alassane Ouattra est en train d'appeler à la violence. Nous sommes dans les accords de Ouaga. Je pense qu'il vaut mieux qu'on se focalise sur la tenue des bonnes élections au lieu d'entrer dans des débats qui ne vont rien apporter à la Côte d'Ivoire.







Interview réalisée par Junior Dekassan

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