mardi 29 janvier 2008 par Le Temps

La deuxième réunion du Cadre permanent de Concertation (CPC) qui vient de se tenir à Ouagadougou, le 24 janvier 2008, a réitéré l'engagement des hommes politiques à aller à " l'élection présidentielle au plus tard à la fin du premier semestre de l'année 2008". Mais si tous sont apparemment unanimes à aller aux urnes, leurs partis politiques ne sont pas toujours en ordre de bataille quant à l'exercice de leur rôle. Selon l'article 14 de la Constitution ivoirienne, "les Partis et Groupements politiques concourent à la formation de la volonté du peuple et à l'expression du suffrage". Il s'agit de construire une hégémonie idéologique, c'est-à-dire bâtir une opinion majoritaire. S'il brigue le suffrage des électeurs, le parti politique doit au quotidien, recenser les demandes et les besoins de la population. Ce qui lui permettrait de formuler efficacement un programme de gouvernement. Mais combien sont-ils aujourd'hui, ces partis ivoiriens, à avoir un programme politique, hormis leur candidat naturel à la présidentielle ? A l'exception du Front populaire ivoirien (FPI), dont le programme politique est connu et consigné dans un ouvrage, les autres partis n'ont manifesté que sur des slogans : "L'éléphant d'Afrique" avec son "progrès pour tous, le bonheur pour chacun" pour le PDCI, et "Vivre ensemble" pour le RDR. Le rôle d'avant-gardiste de la défense du droit élémentaire du citoyen, en ce qui concerne la sauvegarde de sa dignité, ne devrait pas être joué seulement lorsque la formation est au pouvoir. Que font les cadres des partis, qui ont de gros moyens financiers, pour créer des emplois ? Ce serait pourtant un atout de poids à brandir aux cours de la campagne électorale.
Pendant longtemps, plutôt que d'établir, relativement à l'actualité, des grilles de lecture positives pour leurs militants, des partis politiques leur ont servi des discours subversifs. Kouadio Konan Bertin dit KKB, président de la JPDCI est en procès pour son incitation à la haine tribale, ayant affirmé sans preuve, que des Baoulé ont été massacrés par des Bété. Et Konan Bédié, président du PDCI, ne craint pas de qualifier ce procès de " fantaisiste ", alors que selon l'article 13 de notre loi fondamentale, " sont interdits les Partis ou Groupements politiques créés sur des bases régionales, confessionnelles, tribales, ethniques ou raciales." Le PDCI se veut-il désormais une caisse de résonance de l'ethnicisme et du tribalisme, là où la société ivoirienne attend de chaque parti d'être source de la pensée novatrice, des forces de propositions ? C'est une façon méchante de contribuer à la formation des opinions. A l'égard de ses militants, le devoir du parti est capital. Et un homme politique d'en donner des détails : " Le rôle d'un parti politique (), c'est aussi la formation des militants et des citoyens. Une formation citoyenne. La formation idéologique est interne au parti. Car souvent, on confond le rôle et l'objectif. Celui-ci est de concourir à l'expression du suffrage. Les deux vont de pair, car le pouvoir n'est pas une fin en soi, mais un moyen de gérer la cité. Or, les partis politiques sont obnubilés par l'objectif de conquérir le pouvoir au point qu'ils oublient leur rôle, le devoir qu'ils ont envers la société (...)" C'est de cet exercice que doit sortir le personnel politique, puisqu'un parti sérieux est représenté dans la plupart des localités et à toutes les compétitions politiques. Mais comment comprendre qu'il vienne à l'idée de leaders politiques, dont les formations sont officiellement engagées aux élections, l'alternance par la force, et la caution des attaques sanglantes ?
La rencontre régulière du CPC est une bonne chose, mais l'engagement démocratique de chaque acteur politique doit être sincère dans le jeu effectif du rôle du parti.

Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr

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