Le Rassemblement des Républicains (RDR) entame le 1er février prochain, un congrès de trois (3) jours. Avant ce rendez-vous, nous avons rencontré le président des jeunes de ce parti, Karamoko Yayoro. Au menu des échanges, le congrès, la laïcité de l'Etat, l'affaire KKB, ses rapports avec Soro, etc. Interview !
Le 1er février prochain, le RDR entame un congrès de trois jours. Doit-on s'attendre à un chamboulement ?
Un congrès est un moment normal dans la vie d'un parti. Je ne voudrais pas donner une signification particulière à celui-ci. Ça ne sera pas l'occasion de couper des têtes. Il s'agira simplement de faire le bilan et dégager des perspectives. Il sera question de re-mobilisation pour le combat de l'identification, de la conquête du pouvoir d'Etat et de la réconciliation. Y aura-t-il des candidatures multiples pour l'investiture à la candidature pour la prochaine élection présidentielle ? Ou bien les jeux sont déjà faits ?
Le RDR est une structure démocratique. Personne ne sera blâmée parce qu'il aura fait acte de candidature. Mais, pour nous les jeunes, le leader charismatique reste le Dr. Alassane Ouattara. Nous allons nous donner les armes pour le porter au pouvoir. Ce n'est un secret pour personne, des tensions existent au RDR. De quoi souffre le parti ?
Pour moi, l'actualité des départs a pris de l'âge. On peut adhérer librement à un parti et en sortir librement. Il n'y a donc pas matière à s'émouvoir. L'essentiel, c'est que le RDR reste accroché à ses objectifs. Comment comptez-vous atteindre ces objectifs si en votre sein vous êtes divisés, si la bataille des clans fait rage ?
Je ne savais pas qu'il y avait des clans au RDR. La guerre sournoise entre le Premier ministre Guillaume Soro et le président du parti, Alassane Ouattara, dit-on, a fait naître des clans
Je ne savais pas qu'il y avait une guerre entre le Premier ministre et le président du parti. Etant entendu que le Président Alassane Ouattara est le président du RDR et que Guillaume Soro est Secrétaire général des Forces nouvelles. Deux entités bien différentes. Comment peut-il y avoir des clans par rapport à deux personnalités qui dirigent des structures différentes.
Roulez-vous pour Soro ?
Je suis responsable des jeunes du RDR. Je suis un homme. Je ne roule pas. (Rires). Je marche. J'ai été élu en 2005 pour le compte du RJR. Pour des objectifs clairs et précis. C'est ce à quoi je m'attelle. Pour le moment, je suis président du RJR. Je travaille pour le RDR et son président Alassane Ouattara. Pour le moment, nous avez-vous dit ?
Oui, pour le moment. Parce qu'à force de se disperser, on finit par ne pas atteindre les objectifs qu'on s'assigne soi-même. Le meeting baptisé "le cadeau de noël du président aux jeunes" qui devait avoir lieu le 15 décembre dernier a été reporté sine die. Que s'est-il passé ?
Ce sont les contraintes de calendrier. Le président a été appelé d'urgence par le Facilitateur pour une concertation du 14 au 17 décembre. Alors que le meeting était prévu pour le 15. C'est la mort dans l'âme que nous avons reporté ce meeting. Nous allons le reprogrammer après le congrès. Parce qu'aujourd'hui, toutes les énergies sont orientées vers le congrès. Que répondez-vous à ceux qui disent qu'à cette date, le président du RDR devait commenter la visite " réussie " du chef de l'Etat au Nord. Un exercice qui, de toute vraisemblance, s'annonçait difficile pour lui
Moi, je ne fais pas de la politique fiction. En tout cas, ce n'est pas ce que le président nous a dit. Vous êtes journaliste. Vous pouvez attester que le président était hors du pays à cette période-là. Le PDCI a brillé par son absence lors de la présentation des v?ux au chef de l'Etat. Un commentaire ?
Non. Le chef de l'Etat a déjà dit que cela n'était pas important. Chaque organisation est autonome. C'est à eux de donner les raisons de leur absence. Pour ce que je sais, le RDR a présenté ses v?ux au chef de l'Etat. Un fait inédit ce jour-là, pour la première fois, il y a eu un porte-parole des musulmans. Quel commentaire cela vous inspire ?
Ça prouve que la Côte d'Ivoire est un Etat laïc. C'est une bonne chose. Mais, si toutes les confessions religieuses s'entendent pour rédiger un discours unique, c'est aussi bon. Parce que demain, les animistes voudront leur temps de parole. (Rires). Que pensez-vous de l'affaire KKB?
J'avoue que c'est une affaire malheureuse et préoccupante. On n'a pas besoin d'une telle affaire en ce moment. Surtout que nous voulons aller à la paix. Je pense qu'il faut abandonner la voie judiciaire et opter pour un règlement politique. Il aurait été intéressant que les chefs Bété saisissent les chefs Baoulé. Les chefs Bété rétorquent que la gravité de l'affaire dépasse le cadre de l'arbre à palabre
OK. S'ils ont choisi la voie judiciaire, on va donc y aller. Au niveau du RJDP, nous restons mobilisés autour du camarade KKB pour lui apporter notre soutien. Parce que c'est un combat pour la liberté d'expression. Pensez-vous qu'au nom de la liberté d'expression, on doit jeter l'opprobre sur une communauté donnée ?
Ses propos sont sortis de son contexte. Et là, c'est dangereux. Parce que le rôle de l'opposition, c'est de critiquer. Il ne sert à rien de tendre l'atmosphère politique. Tout se règle en Afrique par le pardon. On invite les chefs Bété à retirer leur plainte et à saisir les chefs Baoulé. Entre sages, entre gardiens de la tradition, ils vont s'entendre. La période est trop sensible pour tendre inutilement l'atmosphère. A la suite du supposé putsch manqué dont IB serait le cerveau, selon l'ONU, il y a eu de graves violations de Droits de l'Homme à Bouaké. Quelle est votre analyse de la situation ?
Je n'ai pas de commentaires à faire. Doit-on interpréter votre refus par un souci de ne pas mettre mal à l'aise votre ami Guillaume Soro?
Soro est un camarade de lutte. C'est un ami et frère. Ce n'est pas pour ça que je ne peux pas critiquer positivement ou négativement une action qu'il pose. J'observe parce que je n'ai pas tous les éléments. Le constat est que le RDR se prononce, de moins en moins, sur les affaires publiques. A quoi obéit une telle attitude ?
C'est un choix délibéré. Celui d'observer en profondeur avant de se prononcer. Désormais, nous voulons parler en homme averti. Les élections en juin 2008, vous y croyez ?
Je n'ai pas à y croire. Je travaille à la réalisation de mes objectifs. Il faut donc sortir du fétichisme des dates comme aime à le dire le Premier ministre Soro ?
Je n'ai pas dit cela. Pour le moment, on nous dit que c'est juin 2008. Le RJR, avec à sa tête Yayoro, travaille dans ce sens. Pour le reste, je refuse la polémique. Quels sont les atouts du RDR pour les futures échéances électorales ?
Ils sont indéniables. Nous allons au congrès pour mieux nous organiser. Les leviers sont en éveil. Nous avons un leader charismatique qui a la compétence requise. Nous avons un programme de gouvernement dont le titre, " vivre ensemble ", est évocateur dans cette période d'après guerre.
Le RHDP, ça existe toujours ?
Les réunions se font. Ils mènent des actions ensemble. Vous avez foi en votre partenaire principal, le PDCI ?
Bien sûr. Nous sommes dans une alliance. Et je pense qu'eux aussi, ils ont confiance en nous.
D'ailleurs, aucun acte n'a été posé ces temps-ci pour démontrer que la confiance est rompue. Bien au contraire, nos présidents ont voyagé ensemble. Ils se concertent régulièrement. Vous voyez qu'au niveau du RJDP, nous sommes en train de réveiller la structure. Est-ce à dire qu'elle avait sombré dans la léthargie ?
Bien sûr. Ça fait partie de la vie associative. Mais ce n'est pas parce que nous n'y croyions pas.
Nos confrères victimes d'un accident de la circulation dans le cadre d'une mission du RDR, semble-t-il, sont livrés à eux-mêmes. Qu'en est-il exactement ?
Sincèrement, je n'en sais pas beaucoup. Ce que je peux dire, c'est que la direction du parti avait, en son temps, apporté son soutien aux blessés et avait assisté moralement et financièrement, les familles des disparus. Toutefois, il me faut mieux me renseigner avant de dire autre chose.
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