Entre ''changer'' la direction du parti, à défaut de faire un vide autour du président Ouattara et revoir la politique des alliances, les militants du RDR sont divisés. Le deuxième Congrès ordinaire peut-il trancher toutes ces questions ?
Le Rassemblement des républicains (RDR) avait habitué les Ivoiriens à son slogan idéologique " Vivre ensemble ". Cette fois-ci, ce parti décide de faire la part des choses tout en restant dans une perspective ouverte à d'autres champs qu'il compte défricher. D'où le thème " Vivre ensemble dans une Côte d'Ivoire nouvelle " choisi par ce parti pour son Congrès ordinaire qui s'ouvre le 1er février prochain pour prendre fin le 3 du même mois. Cela fera le deuxième congrès, en quatorze ans d'existence. La case de la rue Lepic est encline à une crise existentielle que ses chefs tentent de voiler. Ce thème très évocateur est à cheval entre une idéologie unificatrice et une vision séparatiste proche de la rébellion. Ce qui fait ressortir deux tendances dominantes qui se guerroient. Dans un camp, il y a les traditionalistes, ceux qui sont favorables à un RDR pur et dur pivotant autour d'un président inamovible, avec des caciques tous des nordistes comme boucliers s'appuyant sur les "Grenadiers voltigeurs", des jeunes gens endoctrinés et prêts à mourir pour M. Ouattara. Dans l'autre camp, il y a ceux, les plus nombreux, qu'on appelle les modérés. Ce sont des militants connus pour leur attachement et pour leur fidélité, mais n'étant pas originaires du nord, pas forcément musulmans aussi, grillent leur militantisme dans l'antichambre et attendent leur heure de gloire. Ces derniers ont connu beaucoup de désillusions ces dernières années et certains des leurs sont allés scruter de nouveaux horizons, en créant leur propre formation politique. Mais la racine du mal, elle, demeure. Des militants sont si convaincus que les choses peuvent changer en leur faveur, qu'ils continuent de mener le combat en interne. Le ministre Cissé Bacongo, président du Comité scientifique dudit congrès ne dit pas le contraire parlant de la réflexion générale qui se dégage. " Il faut restructurer la direction ; pour beaucoup en général, cela voudrait dire, faire la promotion de nouvelles personnes ". M. Bacongo qui fait figure de cacique essaie de recadrer le débat : " Ce qui n'est pas une solution en soit". Pour les opposants aux caciques, à défaut de déboulonner le président du parti, des têtes doivent tomber autour de lui. Mais en plus le RDR doit revoir sa politique d'alliance. Dans leur entendement, le parti doit clairement afficher sa vision des alliances. " Les militants se posent beaucoup de questions sur les alliances, celles qui existent ou celles qui sont à venir, sur les alliances qu'on peut imaginer ". Assurément l'ombre de Guillaume Soro plane sur ce congrès. Car il n'est point secret pour personnes que beaucoup de militants RDR réclament désormais de lui. Ces révélations du président du comité scientifique montrent clairement que le parti traverse de profondes dissensions. Ce n'est pas tout, la stratégie de conquête du pouvoir qui tourne autour de la personne du président Alassane Dramane Ouattara pose également problème dans la case de la Rue Lepic. " Ils (les militants) se posent beaucoup de problèmes sur le financement du parti. Ils se demandent comment est-ce qu'il faudra procéder pour que le parti ne repose plus sur les épaules d'une seule personne pour ne pas que d'ailleurs, de façon paradoxale, on continue de dire que le parti fait l'apologie de cette seule personne. Si tous les militants prennent conscience que le parti leur appartient et qu'il n'est pas l'affaire d'une seule personne ou d'un groupe de personnes ni même de la Direction seule, et que par leur financement ainsi que par les actions qu'ils posent sur le terrain, le parti avancera, c'est déjà bien ". Le ministre Bacongo annonce-t-il la révolution des oeillets au sein de son parti ? En tout cas, les militants avaient déjà donné le ton et il ne leur appartient plus que d'aller jusqu'au bout.
Simplice Allard