mardi 29 janvier 2008 par Le Matin d'Abidjan

Pour un hommage digne d'un monument comme Harris Memel Fotê, c'est à un déferlement des grands intellectuels ivoiriens qu'on aurait dû assister les vendredi et samedi derniers à l'Hôtel Ivoire et à la Fondation Harris Memel.

Philosophes, savants, intellectuels, grands maîtres du savoir et de la connaissance ne manquent pas en terre d'Eburnie. Pourtant, le vendredi dernier, à la faveur de la cérémonie d'ouverture des journées hommage en l'honneur de Memel Fotê, ils étaient nombreux, ces penseurs qui ont pointé absents à ce rendez-vous. Le lendemain samedi, au cours de la table ronde qui visait à célébrer ou disséquer l'?uvre et la pensée de ce magister du savoir qu'est le professeur Harris Memel Fotê, on pensait que la tendance allait se renverser. Hélas, la Fondation Memel qui a accueilli cette rencontre, était très loin de faire salle comble. Une fois de plus, c'est une poignée de personnes et d'intellectuels qui étaient au rendez-vous. Pendant cette série d'événements, un constat fort contrasté, sautait aux yeux. D'un côté, les intellectuels sortis des rangs du FPI, (parti auquel appartient le Pr Memel), avaient effectué massivement le déplacement. Par contre, de l'autre côté, ils étaient en minorité, ces doctes du savoir des partis comme le PDCI ou le RDR qui étaient présents. En réalité, le fait est qu'aujourd'hui, bon nombre d'intellectuels ivoiriens, ont du mal à faire une réelle démarcation entre le monde du savoir, de la science et la vie et le jeu politique. Sinon comment expliquer qu'à la célébration d'un baobab comme Harris Memel Fotê, Aristote des temps modernes, c'est-à-dire à la magnification de la pensée et de la connaissance, on assiste à des considérations qui épousent la couleur des partis politiques. Alors que le savoir, la science et la connaissance n'ont pas de frontière. Ils sont universels. Et donc ne sauraient appartenir à un pays, encore moins à des partis politiques. Quoi qu'on dise, même si le professeur Memel a choisi d'appartenir à la famille politique du Front populaire ivoirien, il reste que ses idées, ses pensées et ses différentes études doivent être appréciées à leur juste valeur. C'est-à-dire à travers leurs pertinences et leurs rigueurs scientifiques. A preuve, des chercheurs de grande renommée des sciences sociales comme les professeurs Marc Augé ou Daniel Pellegrin du Centre national de recherches scientifiques (CNRS) et des Hautes études en Sciences sociales en France, ont fait le déplacement jusqu'à Abidjan. Pas pour venir rendre hommage à un membre de la famille FPI. Mais plutôt pour célébrer une seule chose : l'universalité du savoir et de la science. Cela devrait certainement ouvrir les yeux de l'intelligentsia ivoirienne qui semble voir aujourd'hui sur tous les toits, tout sous le prisme de la politique. En tout cas, la Côte d'Ivoire d'aujourd'hui et de demain a besoin d'éclaireurs de conscience, de penseurs et savants qui pensent à la conscience collective. Et qui par conséquent, ne s'embrigadent pas dans des considérations qui ne sont pas de nature à faire avancer le pays.

Marcel Appena

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