jeudi 31 janvier 2008 par Le Jour

Les différentes chapelles politiques nationales se disputent le contrôle de la ville de Dimbokro sans pour autant passer à son développement économique et sociale. Constat de Franck Kouyaté, leader d'opinion et cadre de Dimbokro dans cet entretien, il plaide pour un nouveau schéma politique et économique pour sauver cette région avec l'implication sans exclusive de tous les leaders politiques, Bédié, Ado, Laurent Gbagbo.

Cadre et homme politiques de Dimbokro, vous avez brillé par votre absence lors de la récente visite du chef de l'Etat dans cette localité. Pourquoi cette option ? Non. Nous n'avons pas boycotté la cérémonie. Simplement il y a deux choses. Quand le chef de l'Etat se déplace dans une région ou bien il va avec une casquette républicaine et tous les cadres sont associés dans les préparatifs. Ce qui n'a pas été le cas. J'ai même écrit au chargé des Affaires Juridiques du président de la République, Me Ode Houri pour lui expliquer le problème. Si le président va à Dimbokro pour faire plaisir à son collaborateur qui est son directeur de cabinet. Cela n'engage pas la région encore moins moi. Si le président va à Dimbokro dans un cadre républicain alors en tant que président de tous les Ivoiriens, je suis à ses côtés. A Dimbokro, on a tendance à évoquer la dynastie des N'Zi. Ce qui semble vous irriter Oui, je pèse mes mots et je le réitère. A partir de 2008 jusqu'à l'infini, la dynastie des N'Zi est finie. Qu'est ce que j'appelle la dynastie des N'Zi ? C'est une forme de phallocratie qui fait qu'on part de père en fils. Ça encore c'est la faute du président du PDCI Henri Konan Bédié. En 1990, le président Bédié m'a reçu et je lui ai posé la question de savoir pourquoi il est toujours porté sur le choix des N'Zi ? Il m'a dit que tout petit, il a été plus ou moins adopté par le père des N'Zi. Et N'Zi Paul David était l'Alpha et l'Oméga de Bédié. C'est pourquoi aujourd'hui nous ne comprenons pas le comportement de N'Zi Paul vis-à-vis de Gbagbo à Dimbokro. On a l'impression que c'est pour narguer le président du PDCI. C'est un problème de fonds et personnel. Face à ce que vous appelez problème de fonds quel est votre schéma politique pour Dimbokro ? De façon globale, c'est un schéma pour les élections générales, législatives, municipales, conseils généraux. Le schéma c'est de nous asseoir, tous les ressortissants de Dimbokro pour discuter du partage des postes électifs entre les allogènes qui constituent 85% de la population contre les autochtones qui ne constituent que 15%. C'est pourquoi je prends l'exemple de Bouna où on a les Lobi qui sont propriétaires terrien. Qui ont créé une symbiose en cédant la mairie aux Koulango. Et c'est ce genre de schéma que nous voulons désormais à Dimbokro. (Gérer et partager et non être des figurants) Dans votre dernière déclaration publique, vous invitez les populations à quitter le terrain politique pour celui du développement. Et que Dimbokro ne doit pas être l'otage des politiques Les temps ont changé. Mais j'ai l'impression que beaucoup ne l'ont pas encore compris. Je prends l'exemple du PDCI dont je suis sorti des entrailles. De 1946 à 1980, il suffisait de dire qu'un cadre du PDCI arrive et que nos parents sortent avec les drapeaux. Le soleil les frappe et ils n'ont rien dans l'affaire. Aujourd'hui, 20 ans après, la politique se fait avec les moyens. Nos parents se sont appauvris bien que restés fidèles au PDCI. Nous disons que désormais cette politique doit se faire de façon intelligente; c'est-à-dire tout en restant dans son parti on peut ?uvrer pour le développement de notre région. Qu'on soit maire, président de Conseil Général etc La finalité c'est d'apporter un mieux être à sa population. Mais si cette population est meurtrie, abandonnée à elle-même. Je crois que la mission du politicien est vouée à l'échec. C'est pourquoi je pense qu'à partir de maintenant nous devons nous asseoir et le partage des postes est essentiel. Selon vous quel est le poids réel du PDCI aujourd'hui à Dimbokro ? Le PDCI, le RDR, le FPI n'ont aucun poids à Dimbokro. Parce que le poids se mesure par rapport à la taille des militants. Aujourd'hui mathématiquement parlant aucun parti ne domine l'autre. Car ce sont les mêmes militants qui tournent entre ces mêmes partis en changeant de tee-shirt vers la zone de Dimbokro. Le seul problème de nos parents, c'est celui qui va leur donner un mieux-être. Qui va leur donner à manger, du travail à leurs enfants ? Ça c'est l'essentiel. Je lance un appel à tous ceux qui ont eu à amorcer deux mandats de laisser place aux jeunes cadres. Vous revendiquez la casquette de militant du PDCI en même temps vous faites un appel de pied au président du RDR à s'imprégner dans le développement de Dimbokro Il y a une nuance qu'il faut lever. Avant d'être militant de parti politique, on est d'abord soi-même. Nous lançons un appel à Alassane Dramane Ouattara parce qu'il est natif de Dimbokro. Comme nous autres. Quelle que soit son étiquette, la priorité c'est sa région. Nous ne considérons pas Alassane à Dimbokro comme président du RDR. S'il vient à Dimbokro, c'est en tant que fils de la région. Si nous demandons à ADO de venir nous aider, c'est parce que c'est un économiste chevronné. Il a les moyens, les relations et les intelligences pour nous aider. Je lance un défi à ADO à venir relever Dimbokro sur le plan économique, le politique viendra après. Nous sommes sur le terrain du développement. La récente sortie à Dimbokro du président des jeunes du PDCI, KKB suscite la polémique et mène au procès. Quelle est votre appréciation sur ce sujet ? C'est très dommage qu'on en soit arrivé-là. Je pense que le petit frère KKB a déconné. Quand on t'envoie, il faut savoir aussi s'envoyer. Ce n'est ni Bédié, ni le PDCI qui ont mis dans la bouche ce qu'il a dit là-bas. KKB devrait s'attaquer plutôt à N'Zi Paul David comme l'ont fait d'autres cadres du PDCI. Le nouveau schéma politique national avec l'accord de Ouagadougou dans son évolution vous satisfait-il ? Election, audiences foraines, regroupement des ex-combattants J'émets des doutes sur le temps. C'est pourquoi je propose à tous les leaders politiques de se retrouver et inverser la tendance. L'élection présidentielle peut avoir lieu dans un an ou deux ans, mais rien ne nous empêche d'organiser les législatives, les municipales et les conseils généraux dans un bref délai. Etant entendu que chaque formation politique veut connaître sa taille, ce sera l'occasion tout indiquée. On ne peut pas organiser l'élection présidentielle dans le temps indiqué. Il faut plutôt créer un consensus. La question fondamentale qui reste est de savoir si les différents partis politiques sont sincères. Vous avez tendance à vous présenter comme un sans papiers. Ce problème est-il résolu avec les audiences foraines ? Je suis toujours sans papiers. Tant que je n'ai pas ma nouvelle carte d'identité dans la poche. En Côte d'Ivoire, on a trois catégories de sans papiers. D'abord, ceux qui n'ont jamais été déclarés pour lesquels on a fat les audiences foraines, ensuite ceux dont ses papiers ont été brûlés. Enfin, les vrais sans papiers comme moi, comme Laurent Gbagbo qui avons des attestations d'identité avec photo sans filiation. Pour lesquels la Sitel devrait livrer nos cartes d'identité au nombre de 1,6 million d'Ivoiriens. Je pense que lorsque l'identification va commencer, ils vont se baser sur ces données au niveau du fichier pour nous donner nos cartes d'identité. Les audiences foraines ont toujours eu lieu en Côte d'Ivoire. Et l'objectif, c'est de donner des extraits de naissance à ceux qui n'en ont jamais eu. Un appel J'aimerais inviter tous les politiciens comme simples citoyens à mettre dans leur bilan la mort. Quand on saura que nous sommes mortels, nous ferons tous du bien. Les cadres des différents partis politiques doivent éviter de continuer à tromper nos parents en se servant d'eux, en volant, en s'enrichissant au nom de leurs partis politiques, cela s'appelle l'escroquerie morale et tous ceux là doivent reprendre devant la loi. Le temps du mensonge est dépassé, c'est le développement qui est la vérité et le travail est l'avenir.


Interview réalisée par Stéphane Beynihoua et Abou Traoré

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023