vendredi 1 février 2008 par Fraternité Matin

L'Ambassade des Etats-Unis a organisé, mercredi après-midi, une conférence débat sur le Pardon en politique internationale : un autre chemin vers la paix?. Avec pour panélistes Maître N'gouin-Claih Lucien Mathieu, avocats à la Cour d'Abidjan et M.René Dégni-Ségui, professeur agrégé aux facultés de Droit des Universités de Cocody et de Bouaké et pour modérateur M. Honoré Koffi Guié, docteur d'Etat en droit et professeur à l'université de Cocody. Ce thème est porté par un livre, fruit de la réflexion menée par trois personnes William Bole, Drew Christiansen, un prêtre et Robert T. Hennemeyer, un diplomate. Trois personnalités américaines qui, selon Mè Ngouin-Claih, sont de plain-pied dans le monde des conflits et dans les conflits du monde et dont l'ambition au regard de sa fiche de lecture est d'atteindre 3 objectifs: confronter le pardon avec les instruments de la diplomatie classique en matière de politique internationale; proposer une conception du pardon qui soit une véritable construction ; faire de ce pardon construit, un irrésistible levier qui rabatte le couvercle de la vengeance et ouvre la porte à la résolution des conflits. L'ancien bâtonnier de l'ordre des avocats dans son analyse du thème Le pardon en politique international a perçu le souci des trois auteurs qui parlent en réalité de la puissance du pardon, qui libère et qui guérit, par la paix sociale et par une conscience morale apaisée. Ces trois auteurs ne font nullement du pardon, un dogme ; ils en parlent comme un instrument intimement mêlé à notre vie individuelle, de groupe ou en société. Le pardon opère comme une puissance. Et Me Claih a fait remarquer d'abord à son auditoire qu'avec le manque de pardon, on assiste à des duels, à des vendettas, à la guerre. En revanche, quand on accorde et on accepte individuellement ou collectivement le pardon, on rejoint le Christ dont le pardon au monde a révélé le caractère messianique de la vie, on devient grand aux yeux du monde comme Nelson Mandela et on retrouve un rayonnement grandissant comme l'Europe après les guerres. Toujours en suivant les trois auteurs dans leurs réflexions, le premier panéliste, Me N'gouin a saisi le pardon dans sa dimension politique, non avoir mis en avant l'expérience intellectuelle de l'approche du pardon dans : sa raison d'être, son opportunité, son contenu, sa construction, ses difficultés, son impact et sa finalité. Il note avec les auteurs Bole, Christiansen et Hennemeyer, qu'en politique, la puissance du pardon s'oppose et neutralise les forces contraires notamment la vengeance et, plus précisément l'esprit de vengeance, qu'incarnent les têtes brûlées Ces auteurs donnent une approche de la définition du pardon en politique par une combinaison faite : de vérité morale, de renonciation à la vengeance,d'empathie, de volonté de restauration de la vie commune et de ce mouvement vers le pardon, mouvement qui doit devenir une dynamique. La dimension internationale du pardon en politique, qui remonte au plus tôt à la fin de la guerre froide, n'a pas échappé au panéliste, qui rappelle que l'Onu (tout comme son ancêtre la SDN) ne déclare pas la guerre, fût-elle punitive, à un pays ; que ses forces d'interposition dites impartiales, ne jugent nullement la justesse ou non du combat des belligérants, ou de chacun d'eux etc pour relever que certains faits participent depuis toujours de la démarche du pardon. Il a conclu son analyse en invitant avec les trois auteurs, l'assistance à méditer sur la base d'expériences et de témoignages tirés de notre vécu collectif, le pardon dans ses dimensions existentielles qui sont : spirituelles, d'où l'on tire l'amour essentiellement, politique, qui fait appel à la vérité et à la justice, morale, qui se tourne vers l'éthique, la tradition, la culture, c'est-à-dire vers la société tout entière. Le professeur Dégny-Ségui a essayé de répondre, à la lumière d'un cas pratique, le génocide rwandais, à l'épineuse question : Comment concilier le pardon et la justice internationale ? Sur la base du droit positif, il a dénoncé le pardon à travers l'amnistie et les conférences nationales au détriment d'une culture africaine coutumière des faits. Dans les deux cas, le pardon n'est pas non seulement celui de la victime mais on consacre de façon institutionnelle l'impunité. Or le pardon par la justice qu'a adopté la Communauté internationale en créant le Tribunal pénal international pour le Rwanda comme en ex-Yougoslavie, montre que la justice garantit les droits et la sécurité de la victime et que par l'impunité les droits humains ne sont pas davantage violés.
Franck A. Zagbayou

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