dimanche 10 février 2008 par Le Repère

M. le fédéral, comment se porte votre parti, le FPI, à Bondoukou ?
Le FPI se porte très bien dans le département de Bondoukou. Il n'y a pas de problème pour le parti.

N'empêche que le bruit court qu'il y a deux camps qui s'affrontent. Est-ce que vous confirmez l'information ?
Bon, pour moi, je ne vois pas deux camps qui s'affrontent.

Mais il y a problème quand même ?
Il y a problème. Le problème qui est là actuellement, c'est le président du conseil, Kouamé Sekré Richard. C'est est un frère qui pense que tout doit lui revenir. Le début et la fin. C'est cela et c'est lui contre tous. Quand les gens parlent de deux camps, moi je ne vois pas de camps. C'est Kouamé Sekré Richard qui est contre tout le monde.

Ce qui surprend, vous dites que Kouamé Sekré Richard est le problème ici pourtant c'est lui l'élu du FPI dans la région de Bondoukou autrefois aux mains du PDCI?
Il est l'élu parce que nous avons voulu qu'il en soit ainsi. Mais ce que nous attendions de lui ce n'est pas ce qui se passe sur le terrain aujourd'hui.

Qu'est-ce que vous attendiez de Sekré et qu'il ne fait pas ?
Nous pensions que Kouamé Sekré Richard une fois élu député puis président du conseil général de Bondoukou, devrait être l'homme qui allait aider le parti à s'implanter.

En quoi faisant ?
En apportant de l'aide. C'est-à-dire les simples cotisations mensuelles. Il est dit dans nos textes qu'un élu verse 5% de ce qu'il gagne au parti. Ce qu'il ne fait pas. Tous ceux qui veulent aider le parti, Sekré se retourne contre eux. C'est paradoxal, mais c'est comme cela. Par exemple pour la fédération FPI, il ne cotise pas. Quand des militants font des efforts pour implanter le parti, il s'interpose Récemment, est née une coordination des cadres, ici, comme le recommandent nos textes. Cette coordination est pilotée par N'Gattia Kouassi ex 1er vice-président du conseil. En mars 2007, la coordination a organisé la journée du FPI à Bondoukou. Ça a été une grande réussite. A cette manifestation non seulement Sekré a dit qu'il n'y participerait pas mais pire, il a incité certains secrétaires de section à ne pas y prendre part. Pour lui, c'était une journée pour le discréditer. Je ne sais pas ce qu'il a fait pour être discrédité. Et en même temps, il refuse aujourd'hui de reconnaître l'autorité de Christine Konan, secrétaire adjoint chargée de la région de l'est. Il a même qualifié cette nouvelle structure du parti comme une bêtise de la direction. Il l'a dit de sa propre bouche. Moi je suis le fédéral mais ce que décide la direction je pense qu'elle voit loin avant de le faire. Je suis respectueux des décisions de la direction du parti. Et puis ces temps-ci les dissensions se sont aggravées. Avec Christine Konan, c'est toujours la même chose. Sekré n'est pas content quand cette femme arrive ici.

Qu'est-ce qui s'est réellement passé à l'investiture de N'Gattia ?
Le 12 janvier 2008, la coordination a pris corps. N'Gattia Kouassi désigné par ses camarades comme coordinateur départemental tout comme dix autres personnes ont été nommées dans chacune des 10 sous préfectures en tant que présidents de coordinationC'est cette coordination qui a trouvé un siège au FPI. A l'investiture du coordinateur départemental, Sekré a commis des bandits pour venir saboter la cérémonie. Ça a failli dégénérer ce jour là. Tout cela en présence de Christine Konan et du ministre Augustin Kouadio Comoé. Notre chance, c'est que les jeunes que Sekré a envoyés sympathisent beaucoup avec moi. Donc, dès qu'ils m'ont vu, ils ont dit qu'ils ne savaient pas que c'était "ma cérémonie ". Chacun des jeunes a reçu 10.000 Frs de Sekré pour venir saboter la cérémonie. Ils étaient cinq au total.

L'élection de la présidente des femmes de votre parti ne s'est pas aussi passée sans heurt. Que savez-vous de cette affaire ?
C'est toujours la même chose. Pour arriver à ses fins, Sekré a mis en place le collectif des secrétaires de section. Sur les 45 secrétaires de section, il a pu amener un certain nombre à épouser son idée. Pour la plupart, ce sont des secrétaires de section qui ont maille à partir avec les villageois ou qui ont détourné de l'argent. Tout ce travail visait à déstabiliser le fédéral que je suis. Dieu merci, il ne l'a pas réussi. Il a alors jeté son dévolu sur la présidente de l'OFFPI. Il part chercher une femme à Abidjan du nom de Mouti Diomandé. Son père fut un des premiers militants du FPI ici. Il est décédé. Mais je ne sais pas comment il a pu convaincre la direction du parti pour que cette femme puisse être candidate ici, alors qu'il n'y avait pas un vide. C'est à 3 jours des élections que l'une des candidates me tend un courrier m'annonçant le renouvellement du poste de présidente de l'OFFPI. Le jour des élections, une délégation du bureau national est arrivée. L'élection était prévue au siège du FPI mais à la dernière minute, c'est au siège du conseil général que le vote a eu lieu sous prétexte qu'il y avait trop de bruits au siège du parti. Jusqu'à 19 heures, j'étais au siège. Et quelques jours après, on m'annonce l'élection de Mouti Diomandé au poste de l'OFFPI. Mais jusque-là, je ne la connais pas. Ce n'est qu'aux funérailles de la mère du député Kouakou Kra, à Nassian, qu'on m'a présenté cette femme comme étant la présidente de l'OFFPI de ma fédération. Au jour d'aujourd'hui, je n'ai reçu aucun rapport de ces élections, en tant que fédéral. Pour moi, jusque-là, il n'y a pas eu d'élection à la présidence de l'OFFPI. Recemment trois cadres du FPI, anciennement vice-présidents du conseil général, ont été vidés par Sekré.

Que s'est-il réellement passé ? Est-ce légal ou anormal ?
L'information est confirmée. Mais pour les questions concernant le conseil général, je n'aime pas me prononcer là-dessus. Ce que je voudrais dire cependant, c'est que le règlement du conseil général autorise, chaque année, le président de renouveler son bureau. C'est donc le contexte dans lequel le renouvellement a été fait qui est décrié. J'ai pris le soin de demander aux trois camarades ce qui s'est passé exactement pour qu'ils soient vidés de la table de séance, à la dernière session. Ils m'ont dit qu'ils ont été surpris de la manière dont ils ont été remplacés au sein du bureau du conseil. Ils ont signifié au président qu'il aurait dû les informer avant la séance surtout que l'ordre du jour de la session a été arrêté ensemble.

Qui sont ces personnalités qui ont été vidés ?
Son 1er vice-président N'Gattia Kouassi, président de la coordination, son 2ème vice-président et son 3ème vice-président, Yao Taki, président coordinateur de Sorobango. Ces personnalités m'ont dit qu'elles s'attendaient à leur départ du bureau du conseil mais la manière utilisée par Sekré les a choquées. Elles ont expliqué aussi que depuis l'existence du conseil, chaque année, le président du conseil dit qu'il va à l'extérieur pour rechercher des financements pour les projets du département. Cette année, nous avons demandé de faire le bilan de ces différents voyages. Il se trouve que pour ces voyages, le conseil a dépensé 30 millions de francs sans avoir obtenu un financement. Malgré cela, il demande au titre du budget de cette année 9 millions pour aller chercher des bailleurs de fonds et ses 3 collaborateurs se sont opposés. Car ils voudraient avoir le point des voyages précédents qu'il a effectués tout seul. Quand ils ont demandé le rapport des voyages, Sekré leur a dit qu'il ne voit pas où il les a mis. Pour ne pas se rendre complices des agissements du président, ils n'ont pas soutenu qu'il soit débloqué une quelconque somme pour le voyage du président. Il y a eu des discussions, ce que Sekré n'a pas apprécié car il n'aime pas la contradiction. Donc voilà la raison pour laquelle Sekré les a chassés. Ils m'ont dit qu'ils préfèrent partir, avoir la conscience tranquille que de travailler dans ces conditions-là.

On accuserait le ministre Comoé Augustin, l'actuel ministre de la Culture, d'être à la base de tous ces problèmes ?
Je ne pense pas. J'ai connu Comoé après l'élection de Gbagbo lorsque nous étions allés saluer le président. Ce jour-là, c'est lui qui a parlé au nom des populations du Zanzan. Dans les manifestations officielles ici, je le vois, c'est tout. Mais je ne pense pas que ce soit Comoé qui manipule quelqu'un. Quand Comoé a été nommé, je suis allé au conseil saluer Sekré. Il m'a dit encore " Gbagbo vient de faire encore une connerie ". J'ai dit qu'est-ce que c'est ? Il dit " regardez moi ; je suis là et il s'en va nommer des farfelus comme ça, comme ministre. Quand il a dit cela, je ne lui ai plus rien dit et je suis parti.

Sekré veut-il dire qu'il est mieux à ce poste ?
Sekré pense que c'est lui seul qui doit être député, vice président de l'Assemblée, président du conseil, ministre. Pour Sekré, il voudra, pourquoi pas, prendre la place de Gbagbo.

Que dit la direction de votre parti face à ces problèmes qui minent la fédération et le FPI dans le Zanzan ?
Après l'élection de Sekré au poste de député, ensuite président du conseil général, j'ai vu qui était l'homme. Je me suis dit que c'est un danger.

Lui qui a fait gagner le FPI ?
Oui. Le Front populaire ivoirien est un parti populaire où chacun est venu avec ses propres convictions. L'idée socialiste, je ne sais pas, combien, aujourd'hui, autour de Gbagbo, sont socialistes ? Nous suivons Gbagbo depuis 90, mais on ne comprend pas. Aujourd'hui ils sont combien qui sont socialistes, qui comprennent ce que Gbagbo veut de la Côte d'Ivoire ? Le Président de la République dont on dit qu'on aime, qu'on est élu de son parti et qu'on dise à son encontre qu'il fait une connerie parce qu'il a nommé un fils de la région autre que soi ? Qu'est-ce que Sekré ne peut pas faire en tant que député et président du conseil général ? Avec ses titres, ne peut-il pas aider le département ? Une fois qu'il voit un cadre émerger, il tape sur la tête. Moi, je ne sais pas si le Président Gbagbo a reçu une fois Sekré accompagné de quelqu'un ou un ou deux cadres pour les présenter au Président. Sekré n'est pas élu pour aller toujours seul voir le Président. Le Président attend que Sekré aille chez lui avec des gens. On vous donne un épi de maïs pour semer et en période de récolte, vous revenez avec le même épi au lieu d'un sac d'épis de maïs. Alors je ne comprends pas. Affi était ici. J'étais assis tout comme Sekré à côté de lui .Et j'ai dit à Affi que nous avons pensé qu'avec l'élection de Sekré, c'était pour aider le département de Bondoukou. Mais nous nous sommes trompés avec ce que nous voyons aujourd'hui. Sekré détruit le parti. Ce jour-là, peut être, Affi n'a pas voulu nous croire. Je ne sais pas si aujourd'hui encore Affi croit à ce que je lui ai dit. J'ai toujours dit à Sekré qu'il est en train de détruire le département de Bondoukou et la région du Zanzan. On s'est trompé.

Est-ce à dire qu'en tant que fédéral, vous n'êtes plus prêt à appuyer Sekré aux prochaines élections ?
Ce serait me faire hara-kiri. Parce que Sekré connaît mon histoire. J'étais chef de mon village Izemala et c'est pour cette histoire du parti qu'en 1997 on m'a jeté en prison. Aujourd'hui, c'est ma pauvre femme qui fait de l'attiéké pour nourrir ma famille. Et Sekré est là il n'est jamais venu me voir un jour pour dire voici fédéral quelque chose pour toi. Il ne l'a jamais fait. La seule fois où j'ai sollicité Sekré pour m'acheter un sac de riz, c'est la période où je n'avais rien. Et c'est une semaine après qu'il a honoré cet engagement. Cela a suffi pour que chaque fois, il me traite de mendiant de demandeur de 13.000 Frs, malheureux qui demande des sacs de riz aux gens mais qui parle comme ça. Mais les propos de Sekré ne m'ont jamais empêché de lui dire la vérité sur la conduite du FPI ici. Sekré et moi on s'est connu j'avais les cheveux blancs. Je n'ai pas compté sur Sekré pour être au FPI. Je l'ai connu en 98.

Fédéral, quels sont vos rapports avec le ministre Comoé Augustin ?
Je vous ai dit que je ne vois le ministre qu'aux manifestations officielles. Quand il vient ici, je fais ce que je peux faire au niveau du parti.

Qu'est-ce qu'il vous apporte au niveau de la fédération de Bondoukou ?
Jusque là, il n'a pas encore posé un acte concret. Mais, je vois qu'il ne tournera pas le dos au parti puisque c'est le ministre de la zone Est. D'Abengourou à Bouna, c'est le seul ministre de la région. Mais comme il vient d'être nommé, il va prendre des dispositions pour que ces fédérations puissent être moins malheureuses que nous l'étions.

Votre dernier mot ?
Je viens de terminer une tournée dans le département de Bondoukou qui a duré du 12 au 27 janvier. J'ai fait tout le département et presque tous les villages. Mais partout où je suis passé il y a des villages qui sont prêts à lapider le président Sekré si jamais ils le voient dans leur village pour battre campagne. Dans aucun village Sekré n'est le bienvenu. Certains avancent même que depuis son élection, Sekré n'a jamais mis les pieds dans leur village pour leur dire merci. A Péléodi, les maîtres avaient plié leurs bagages parce qu'il n'y a pas d'eau. Les populations utilisent l'eau boueuse d'une mare non loin du village. Les populations partagent la même mare avec des b?ufs. C'est cette eau qui m'a été servie à mon arrivée dans ce village. Et cela fait 3 ans que les populations courent après le président du conseil général Ce que je tiens à dire c'est que, c'est fini pour Sekré. Moi, je sais que je ne choisirai plus Sekré comme candidat du FPI. Ce que je voudrais que la direction sache, c'est que Sekré est fini ici. Il est totalement fini. Et penser encore qu'il faut envoyer Sekré représenter le parti à un quelconque poste ici, c'est qu'on va à la perte et à la catastrophe. Ce n'est pas moi qui le dis. Regardez avec les rois. Vous êtes journaliste, allez vers les rois, les chefs de canton, chefs de village, tous les cadres, et demandez leur ce qu'ils pensent de Sekré. Peut-être pour les cadres du FPI, on dira qu'il y a des problèmes dans le parti. Demandez aux partis de l'opposition que sont le RDR et le PDCI, vous entendez ce qu'ils vous diront. Je suis FPI, je veux que ce parti avance dans le département de Bondoukou. Je ferai tout ce que je peux pour que ce parti fasse gagner le président Gbagbo.

Entretien réalisé par Joël Abalo

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