jeudi 14 février 2008 par Le Sport

Dans une interview exclusive, le nouveau manager général de l`Africa Sports d`Abidjan nous parle de ses ambitions pour le club vert et rouge. Il dit vouloir tout mettre en ?uvre pour permettre à l`Africa Sports de retrouver son lustre d`antan.

Directeur Général de la Jeunesse et des Sports de 1986 à 1988, sous le pouvoir François Mitterrand, puis détaché auprès de la Fédération Française de Football
(FIF) jusqu`en 2005, Gérard Enault a passé le clair de sa vie dans le sport français notamment le football.
"Quand l`heure de la retraite aura sonné, mon idée est de partir pendant deux ans. Pour faire le tour du monde, avec des haltes chez des amis. Après, je ferai le point ", avait déclaré Gérard Enault à France Football le 26 février 1999. Aujourd`hui, le sexagénaire français ( il est né le 18 juin 1943 à
Cherbourg) a choisi la Côte d`Ivoire où il a décidé d`apporter son expertise à son ami Kuyo Téa Narcisse, président de l`Africa Sports d`Abidjan.
Nommé manager général des Aiglons, l`ancien membre influent du comité d`organisation de la Coupe du monde
1998 entend apporter sa pierre pour la reconstruction du club vert et rouge.
Pour nous déballer ses ambitions pour l`Africa Sports, Gérard Enault nous a reçus, mercredi soir, dans ses nouveaux bureaux situés à Cocody Cité des Arts. " Je voudrais vous recevoir en vous offrant quelque chose à boire. Mais comme vous le constatez, je suis en plein aménagement. Ce sera certainement pour la prochaine fois", nous dit-il avec un large sourire. Sympa et visiblement décontracté, Gérard Enault nous installe pour un entretien de plus d`une heure au cours duquel il parle de tout, notamment de sa mission en Côte d`Ivoire.

Ancien directeur d`hôpital, sous-préfet, fonctionnaire dans l`administration française Mais au bout du compte le sport en général et le football en particulier a fini par vous prendre la tête. Comment expliquez-vous cette idylle ?
Le football pour moi est une passion. Et ce depuis ma tendre enfance. Je jouais au football depuis l`âge de dix ans et au fil des années, j`ai été joueur, entraîneur et président de club avant de terminer directeur général à la Fédération Française de Football (FFF). Bref, ma vie a été marquée par le football. Après mes études à l`ENA (NDLR : Ecole Nationale d`Administration) sanctionnées par une carrière de haut fonctionnaire, j`ai eu le plaisir d`avoir été sollicité par la Fédération Française de Football pour la gestion de la Coupe du monde 1998. Je suis resté une dizaine d`années avant de partir à la retraite.

Après votre retraite, vous n`avez jamais voulu rester en dehors du football. Mieux, vous avez envisagé de faire le tour du monde en faisant des haltes chez des amis. Est-ce cela qui vous emmène vers l`Africa Sports dont le président Kuyo Téa est votre ami ?
Le football, je le disais tantôt, est une passion pour moi et me manquait après ma retraite. J`avais d`autres opportunités mais j`ai choisi d`aider Narcisse (NDLR :
Kuyo Téa Narcisse, président de l`Africa Sports) que je connais depuis 25 ans. Mais aussi j`ai préféré l`Afrique parce qu`il y a des talents qui ne sont pas forcément exploités comme cela devrait être fait. Pour moi, c`est un challenge à ne pas manquer.

L`organisation du football africain est très délicate contrairement à celui de l`Occident. Est-ce que votre challenge n`est pas beaucoup osé?
Ecoutez, dans la vie il faut bien se lancer des défis.
C`est un challenge qui me tient beaucoup à c?ur et je crois bien pouvoir réussir.

C`est dire que vous avez une idée du football africain notamment celui de la Côte d`Ivoire ?
On a toujours une idée du football africain en raison du nombre considérable de joueurs africains qui évoluent aujourd`hui dans des clubs européens. Mais en venant ici, j`en ai beaucoup discuté avec Narcisse mais j`ai aussi collaboré avec des joueurs ivoiriens dans le club que je dirigeais.

Aujourd`hui qu`est-ce que vous comptez apporter réellement à l`Africa Sports ?
Ecoutez, je ne viens pas avec une potion magique. Il n`y a que le travail qui paye en football. Il nous faut des structures au niveau de la jeunesse, de la mobilisation C`est ce que je vais apporter à l`Africa Sports. En gros, un modèle d`organisation.

Il y a aussi l`efficacité de l`équipe première qui est surtout engagée en Ligue des champions cette année.
Comment préparez-vous tout cela ?
Vous parlez d`efficacité mais il faut savoir que l`essentiel n`est pas d`être champion une fois mais de demeurer au sommet pendant longtemps. C`est ce qui nous préoccupe dans un premier temps. Il nous faut améliorer l`architecture avant de penser aux meubles.

Votre tâche s`annonce difficile parce qu`à l`Africa Sports, c`est l`obsession de la victoire Je ne serai pas venu si je n`avais pas conscience de ce fait. Je suis là depuis un mois et je me suis rendu compte qu`il y a du travail à faire.

Vous avez une idée des joueurs du club et quel jugement portez-vous sur eux ?
Je suis forcément convaincu que c`est une belle équipe, avec un encadrement technique de qualité. Mais pour moi ce n`est pas l`essentiel. Il faut un groupe homogène et éviter que chaque année on recommence à bâtir une nouvelle équipe. Il faut un effectif durable. Mais cela passe par la formation des jeunes et la sensibilisation des joueurs. Aujourd`hui, de jeunes talents partent très tôt de l`Afrique dans des conditions non maîtrisées et il faut y mettre de l`ordre.

Justement l`Africa Sports s`est vidé seulement deux semaines après avoir été sacré champion de Côte d`Ivoire C`est bien déplorable et c`est cela notre bataille.
Mais pour éviter cet exode massif, il faut installer la confiance entre encadrement technique, dirigeants et joueurs. C`est à cela nous allons nous atteler durant le temps à passer à l`Africa. Bientôt je discuterai avec l`ensemble des joueurs pour les rassurer d`un avenir meilleur à l`Africa pendant deux ou trois saisons. Si toutes les conditions sont réunies, je pense qu`on devrait pouvoir s`entendre. Et ce sera comme cela après chaque saison. C`est le cas de Lyon en France qui, après une dizaine d`années, jouit d`une belle stabilité dans le championnat de Ligue 1. La formation a aussi payé avec la montée en équipe première de Ben Arfa et Karim Benzema. On devrait pouvoir en faire autant à l`Africa Sports.

En plus de votre expertise organisationnelle, allez-vous apporter un soutien financier et matériel à l`Africa Sports comme les Italiens l`ont fait ?
Je voudrais préciser que l`Africa n`a pas totalement divorcé avec la filière italienne puisque l`entraîneur principal reste Toto Nobile. Et je salue le travail qui a été abattu en très peu de temps. Moi, j`arrive pour apporter mon soutien à un ami. Il n`y a absolument pas de contrat mais il n`est pas exclu d`apporter un soutien financier au club selon les objectifs fixés.

Avez-vous des projets pour la formation ?
Je dirai même que c`est l`une de mes missions à l`Africa Sports car on ne peut parler de grand club sans la formation. C`est dans ce domaine là que nous allons surtout travailler.

Vous avez des moyens pour y parvenir ?
Bien sûr ! Vous voulez un scoop ?

Oui, nous sommes impatients d`avoir la primeur de l`information Avec le président Kuyo, nous sommes en train de lancer une école de formation nommée "Foot Campus Africa ".
Nous lançons d`abord une campagne qui ira vers les gamins à travers les dix communes d`Abidjan. Avec des techniciens avertis, ces gamins s`initieront et se perfectionneront dans la pratique du football.
Ensuite, nous aménagerons un espace approprié pour les accueillir.

Peut-on connaître la durée du contrat avec l`Africa ?
Je vous ai dit tout à l`heure que ce n`est pas un contrat. Je viens simplement apporter ma contribution à la gestion d`un club dirigé par un ami. Je serai là tant que j`ai encore de la force et cela peut aller jusqu`à cinq ans.

Interview réalisée par
Gui Alain <<<

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