vendredi 15 février 2008 par Fraternité Matin

Certaines plantations des campements d'Akakro 1, dans la sous-préfecture de Bongo (département de Grand-Bassam), de Bleouekro, de Linguè, d'Aduabo (Aboisso) et d'Akakro 2 vers Ayamé font penser à des espaces exploités par une entreprise. Tant ces plantations de palmiers à huile, d'hévéas, de café et de cacao sont vastes et bien entretenues. Et pourtant, ce développement agricole porte le sceau du doyen Blehoué Aka Georges, exploitant agricole du village d'Adaou. Ce planteur est un véritable opérateur économique dont les exploitations ressemblent à celles de certaines industries. Des techniciens agricoles, sans donner le tonnage, certifient que la production annuelle la plus importante en qualité et en quantité est celle de M. Blehoué dans le département d'Aboisso. En 2007, il a vendu 180 tonnes de café. Et le reste de cette production est stocké dans son magasin d'Akakro. Récemment, il a récolté 32 tonnes de cette spéculation en deux jours. Seulement, le producteur, pour des raisons qui lui sont propres, n'a pas voulu révéler la superficie exacte de ses parcelles et la production totale. Toutefois, une des particularités de ses exploitations est qu'elles sont d'accès facile. Toutes les voies accédant aux 5 sites où se trouvent ses plantations sont reprofilées. Et à l'intérieur des champs, l'on peut aisément circuler en voiture. Au campement d'Akakro 1, les travailleurs sont logés dans des maisons en dur, comme dans la plupart des campements. Ces travailleurs disposent d'un terrain de football pour le sport. Le site est éclairé à l'aide d'un groupe électrogène. L'on y trouve des magasins de stockage de café, des hangars de conservation du latex contre les intempéries. Dans cette zone, il existe également une trentaine de petits campements ici et là non loin des plantations. Cela, pour faciliter les travaux champêtres aux agents. Et leur permettre d'avoir une vue sur les parcelles cultivées. L'an dernier, j'ai dépensé 15 millions de francs pour entretenir les pistes du campement d'Akakro 1 , révèle Blehoué. Les superficies des champs de cacao, d'hévéas et de café sont tellement vastes que l'on peut parcourir 115 km de pistes à travers ces différentes cultures sans avoir fait le tour complet. Des plantations qu'il a réalisées avec le fruit de la vente de la banane plantain. Car n'ayant pas de moyens, il a dû faire un champ de bananes afin de se lancer véritablement dans les cultures industrielles. Tout a commencé pour lui avant les années 1960. Son père lui avait donné deux hectares de forêts. Qu'il mettra en valeur, parallèlement aux activités de man?uvre qu'il a exercées pendant 7 ans. L'émérite exploitant agricole reconnaît avoir souffert. Il parcourait à pied une trentaine de kilomètres pour se rendre du campement de Bleouékro ou d'Adaou à Akakro1. Il travaillait avec un matériel rudimentaire, (daba, machettes) C'est quelques années plus tard que les données vont changer. Lorsque ces premières plantations de café, cacao et d'hévéas vont arriver à maturité, il va se doter de moyens plus efficaces : camions de ramassage, pulvérisateurs, décortiqueuses de café, tracteurs, etc. Les sites d'Aduabo, de Linguè et d'Akakro2 seront créés par la suite. A Akakro 2, en plus des cultures de rente, il a cultivé 50 ha de manioc destinés à la consommation des travailleurs. A Aduabo, Blehoué Aka dispose de 1000 ha de palmiers à huile. Auxquels il a ajouté cette année 200 ha. Mais il affirme que ce n'est pas facile. Car il lui faut trouver 26 millions de francs pour l'achat d'engrais. Car la zone où se trouvent les plans de palmier est marécageuse. Les feuilles de certains palmiers ont commencé à jaunir. Malgré tout, il reste serein.
Et il ne veut pas rester à ce stade. Tant qu'il y aura de l'espace, il va l'exploiter. C'est ainsi qu'il a mis l'année dernière en terre 50 ha d'hévéas sur le site du campement de Linguè où il y a aussi du café. Ici, il bâtira une école primaire, une église et une mosquée pour les travailleurs et des campements environnants. Okaingni Louis, président de la coopérative café-cacao Aléhahun d'Alepé, est tombé sous le charme des travaux d'Hercule abattus par son devancier dans l'agriculture. J'admire son courage. Ses plantations sont comme des plantations industrielles. Il est difficile de croire que cela est l'?uvre d'une seule personne. Il fait des ouvertures de voies en pleine forêt. Franchement, il est à féliciter , dira-t-il.
Option :
Modèle de réussite
Ce ne sont pas des affirmations gratuites. Le bon sens voudrait que l'on reconnaissance que M. Blehoué Aka Georges, ressortissant d'Adaou, est un grand planteur. Un véritable opérateur économique. Qui allie culture de rente tels l'hévéa, le café, le cacao et le palmier à huile et cultures vivrières, comme le maïs, le manioc, le riz. Ces milliers d'hectares de terres cultivées font de lui un modèle de réussite. Une réputation à nul pareil dans le département d'Aboisso. Et pourtant, il a entamé sa carrière agricole sans grands moyens et sans aide extérieure. Sa persévérance a fini aujourd'hui par payer car il a pu se faire une place au soleil. Son credo, le courage, le travail bien fait et surtout l'amour pour le travail de la terre. Sa passion. A 76 ans, il continue de tenir sa machette au champ. On peut le dire, c'est un bosseur qui n'aime pas trop médiatiser ses actions. Le plus important pour lui, c'est de contribuer au développement de son pays. Lui qui fait profiter les retombées de ses labeurs au département d'Aboisso. Cet acte est à saluer. L'homme est constamment assailli par des sollicitations et autres requêtes qui fusent de partout. Il ne se lasse jamais de faire face aux besoins des demandeurs en fonction de ses possibilités. Il n'hésite pas aussi à prodiguer ici et là des conseils en vue de la promotion du travail de la terre. Un secteur qu'il considère comme valorisant. Cependant, étant donné qu'il a atteint un stade très élevé dans la production des différentes spéculations, il doit envisager de passer à l'étape de la transformation. Par la mise sur pied de petites unités de transformation. Comme par exemple une huilerie. Ce qui permettra de contribuer à la lutte contre la pauvreté et, une fois de plus, au combat de l'insertion sociale. Aujourd'hui, dans le monde agricole, le doyen Blehoué Aka est une figure emblématique avec les Sansan Kouao, Yao Fils Pascal, Brou Adou de grosses têtes de la filière café-cacao. Ces derniers reconnaissent son mérite. C'est pourquoi, à Yamoussoukro, ils ont placé récemment leur confiance en M. Blehoué pour diriger le Conseil national des producteurs de café-cacao de Côte d'Ivoire. En vue de mettre un terme au désordre qui règne dans leur filière. Un engagement qu'il veut réussir. Car, pour lui, la filière ne doit pas mourir. Puisque l'économie repose essentiellement sur l'agriculture. Et que l'avenir de la Côte d'Ivoire en dépend.
180 travailleurs hyper motivés
Pour l'aider à entretenir ses plantations, M. Blehoué Aka a fait progressivement appel à 180 travailleurs. A qui il tient à garantir de bonnes conditions de travail. En les motivant et les payant régulièrement. Dans ses différents campements visités, l'on a constaté qu'il a offert des motos aux chefs d'équipes et des téléphones mobiles pour faciliter la communication ou résoudre un problème éventuel et la mobilité des man?uvres agricoles sur le terrain. Ceux qui tombent malades sont soignés, affirment Aka Georges et Zoungrana Jean, deux responsables des employés. Et cela, aux frais de l'employeur. Un médecin particulier est au service des travailleurs. Des bottes, limes, machettes, dabas et tenues de travail leur sont offertes. Et des maisons en dur (plus de 40) ont été construites dans des campements pour eux. Nous sommes motivés pour donner de bons rendements. Que Dieu accorde longue vie à notre employeur , confie Zoungrana Jean, chef du campement d'Aduabo. M. Blehoué, en plus du salaire qu'il garantit à ses agents, n'hésite pas à leur faire des dons en nature ou en espèces. Des champs de maïs, de riz et de manioc ont été réalisés pour leur permettre de se nourrir. Ainsi, dans le campement d'Aduabo, les agents disposent de 40 tonnes de riz pour leur consommation. Par ailleurs, le doyen Blehoué forme ses employés aux techniques culturales. Contribution à l'approvisionnement du marché de bétail . Le doyen Bléhoué Aka Georges a fait de la résistance économique au plus fort de la crise déclenché le 19 septembre 2002. Quoique retranché dans son village d'Adaou, dans le département d'Aboisso, il a décidé d'écouler son cheptel de b?ufs et de moutons pour approvisionner le marché du bétail national. Puisque la guerre avait mis un frein à l'acheminement de ces espèces d'animaux et autres bêtes en provenance des pays du sahel et limitrophes. Avant la crise, il disposait de 600 moutons et de 1000 b?ufs. Mais voulant vaille que vaille sauver ce pays de toute catastrophe alimentaire, afin qu'il soit debout, il a confié la vente de son cheptel à un professionnel. Ce qui lui a permis d'écouler la grande partie du bétail qu'il élève dans son campement d'Akakro 1, dans la sous-préfecture de Bongo (dans le département de Grand-Bassam). Aujourd'hui, il ne lui reste plus que 98 bovins et 142 ovins. Car confiera-t-il, il n'y a pas que le marché abidjanais qui était concerné par cette action. Parce que les intéressés venaient un peu partout pour s'approvisionner. Avec le processus de sortie de crise en cours, il s'accommode désormais à son objectif initial. Celui d'élever des animaux pour la consommation domestique. Tant pour ses man?uvres agricoles que pour sa famille. A la faveur des fêtes ou cérémonies funèbres, ces animaux sont d'une grande utilité, s'empresse de préciser le planteur-éleveur Bléhoué Aka. Et cela lui évite d'autres dépenses. Minimisant ainsi ses charges. Pour faire de l'élevage, il a réalisé un vaste enclos dans son campement d'Akakro1. Et recruté trois bergers. Afin d'éviter que ces bêtes détruisent des plantations voisines ou son champ. Au plan médical, ces bêtes sont régulièrement suivies. La diversification de ces activités a un prix, estime le producteur. Il ne veut pas se contenter des travaux champêtres. C'est pourquoi, parallèlement à la terre, dont il est un passionné, il veut s'investir à fond dans l'élevage. Pour ce faire, sur le site (Akakro2) où se trouve l'une de ses plantations d'hévéa, de café et de cacao situé vers Ayamé, il entend faire un autre enclos.
Un projet qui lui tient à c?ur.
Focus :
Marchés et écoles construits dans des villages
Le planteur émérite d'Adaou, Bléhoué Aka Georges, fait du social et contribue au développement du département d'Aboisso. Ainsi, il s'est mis au service des populations. En réalisant un marché couvert, une école maternelle, l'extension du réseau électrique, des ouvertures de voies à Adaou, son village. Où l'on s'accorde à dire que son nom rime avec bonté et courage. Il a joué sa partition dans cette localité sur la voie de la modernisation. M. Bléhoué Aka a également construit à lui seul tout un quartier d'habitations modernes à Adaou. Où l'on dénombre au moins 50 chambres. Son bureau et une salle de réunions. Les logements sont destinés à sa famille, aux visiteurs, etc. Il y a également bâti une belle résidence. Qui fait sa fierté et rehausse son mérite. Les femmes ne sont pas oubliées. Il les a aidées à s'organiser en un groupement agricole de vivriers. Une visite du village a permis à l'équipe de reportage de se faire une idée des réalisations socio-économiques. Traoré Kalifa, chef de la communauté malinké, reconnaît que M. Bléhoué Aka a activement participé à la construction de la mosquée d'Adaou. Le doyen Bléhoué est attaché à la coexistence pacifique, à l'intégration. Il ne fait pas de distinction entre les peuples. Tout comme les autochtones, il s'intéresse aussi aux projets des allochtones et aux allogènes. Et à ceux qui éprouvent des difficultés d'ordre social, il leur vient en aide. S'il est informé , affirmera-t-il. Dans la même veine, le chef d'Adaou, Akoï Benié, ajoute que M. Bléhoué est le bienfaiteur de nombre de jeunes. A qui il a offert des pépinières de 2 à 3 ha d'hévéas. Voire même plus. Le palmier à huile n'est pas en reste. A ce sujet, il a fait don de plans de palmiers à huile aux jeunes de plusieurs villages. Une manière pour lui de vulgariser la culture du palmier à huile et de l'hévéaculture dans le département d'Aboisso. Des villages ont reçu du doyen (il a 76 ans) des chaises pour les réunions et autres activités. Quant au président des jeunes d'Adaou, Bilé Léopold, il soutient fermement que le doyen a le sens du partage. Car il fait partie des bénéficiaires des pépinières d'hévéas. Grâce à lui, il a pu faire un champ d'un hectare d'hévéas sur une parcelle totale de 2ha. D'autres intervenants relèvent que cet opérateur économique n'hésite pas à évacuer les personnes gravement malades à Aboisso pour y recevoir des soins. En somme, les actions de développement de ce producteur s'étendent au-delà de son village. C'est ainsi que, grâce à lui, Ayebo, localité voisine d'Adaou, bénéficie d'un marché. Il a aussi contribué à l'achèvement de la cantine scolaire du village d'Epienou. Des jeunes d'Eboué l'ont sollicité pour des plans d'hévéas. Ces derniers ont eu gain de cause, confie Soumaïla Lagoké, un exploitant agricole d'Aboisso. Qui ajoute que Bléhoué Aka Georges a contribué non seulement à l'assainissement des abords de la Bia d'Aboisso mais aussi d'Adaou. Pour lui, les actions de développement de ce grand planteur dans la ville d'Aboisso et ses environs sont nombreuses. Tout comme les personnes qui le sollicitent.
Repères
Félicitations. Le planteur émérite Bléhoué Aka Georges a reçu les félicitations du Président de la République, SEM. Laurent Gbagbo, pour sa contribution à l'édification du pays. Son mérite a été également reconnu par le ministre de l'Agriculture, Amadou Gon Coulibaly, qui a visité ses plantations l'année dernière. Il a aussi reçu plusieurs prix dont celui de la Coupe nationale du progrès et un autre d'une structure américaine. Les autorités locales parlent également de lui en bien en matière de développement.Formation. L'opérateur économique Blehoué n'a jamais mis les pieds dans une école de formation. Mais il n'est pas complexé. Car son intelligence lui permet de faire ses travaux agricoles sans avoir recours à l'expertise de techniciens.
Relève. Le doyen pense à la relève. Deux de ses enfants suivent ses traces. Aka N'Da, l'un d'entre eux, a appris comment faire le piquetage des plans d'hévéas auprès de son père. Ce jeune a délaissé l'école à la demande de son géniteur pour se consacrer aux travaux champêtres. Visite. Lorsque Blehoué Aka est dans son village d'Adaou (Aboisso), il ne se passe pas un jour sans qu'il reçoive une pléthore de visiteurs de divers horizons. Il est très sollicité en matière de prises en charge.



Christian Dallet
Envoyé spécial à Aboisso

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