vendredi 15 février 2008 par Le Sport

L'information n'est pas encore officielle. Mais, elle bruit dans le milieu du football ivoirien : le technicien français, Gérard Gili, serait pressenti pour succéder à l'Allemand Ulrich Stielike à la tête de l'équipe nationale de Côte d'Ivoire. Il aurait ainsi pour mission de conduire les Eléphants jusqu'à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Mais, Gili est-il l'homme de la situation ?

Gérard Gili titularisé à la tête de l'équipe nationale de Côte d'Ivoire. Le technicien français succéderait ainsi à son homologue allemand Ulrich Stielike et aurait pour mission de conduire les Eléphants jusqu'au Mondial 2010 en Afrique du Sud. C'est la rumeur qui circule actuellement dans le milieu du football ivoirien. " Il n'y a pas de fumée sans feu ", dit l'adage. C'est donc une information à ne pas négliger.
La Fédération ivoirienne de football (FIF) ne l'a pas confirmée. Face aux supputations sur le futur entraîneur des Eléphants - le contrat de Stielike prenant fin le mois prochain - la Maison de Verre a plutôt décidé de s'emmurer dans le silence. Du moins, préfère-t-on s'en tenir aux déclarations du président de l'institution, Jacques Anouma, dans la presse après la Coupe d'Afrique des nations (CAN) 2008. Dans une interview accordée à nos envoyés spéciaux au Ghana, sur la question du maintien ou de la succession de Stielike, il soulignait : "On va en rediscuter puisque son contrat comme cela était prévu vient à échéance en fin mars. Gili était en mission. Il va reprendre son travail normalement et quand j'aurai fait le bilan, je déciderai de la suite des événements".
Le problème, c'est que sans attendre le "bilan" et la décision du président de la FIF, des voix annoncent déjà le technicien français comme titulaire du poste avant même la fin du contrat de son homologue allemand. Lobbying ou simple stratégie pour voir la réaction de l'opinion publique avant de décider ?

Stielike, un os dans la gorge de la FIF ?

Avec la tournure que prennent les événements, Ulrich Stielike donne l'air d'être un os dans la gorge de la FIF. L'Allemand, selon des voix introduites dans la Maison de Verre, dérangerait bien des membres du Comité exécutif de la FIF. Son franc-parler, sa rigueur, son souci permanent de travailler en toute indépendance et son esprit d'ouverture auprès des médias ne font pas plaisir à bien des décideurs, à la Commission chargée de l'équipe nationale, voire à certains cadres de la sélection.
Il est maintenant su que les relations entre le technicien allemand et la Fédération ont pris un coup de froid au mois de décembre dernier dans l'affaire de la " liste des 26 retenus pour la CAN " (publiée par tous les médias du monde entier) et surtout le transfert du lieu de préparation de Malaga (Espagne) à Koweït City (Koweït). Des divergences sont apparues au grand jour et quelques "amabilités" ont été échangées.
Au point où quand l'absence de Stielike à la CAN a été annoncée, d'aucuns y avaient vu la conséquence de ces incompréhensions.
Mais, la FIF avait vite tiré les choses au clair.
Après le décès du fils de l'ancien libéro de la Mannschaft, la FIF et toute la famille du football ivoirien avaient sincèrement compati à sa douleur. Le capitaine de l'équipe nationale, Didier Drogba, avait même refusé de se rendre à la cérémonie des Awards de la CAF au Togo pour respecter ce deuil. On avait alors pensé l'union sacrée refaite et le retour de Stielike imminent. Que non ! Les événements de décembre n'ont pas cicatrisé, et la prolongation du contrat du technicien allemand semble la chose la moins partagée actuellement au sein de la Maison de Verre. Continuité ou succession : le président Jacques Anouma n'a pas encore officialisé sa décision. Au cas où la deuxième option triompherait, Gérard Gili serait le nouveau titulaire du poste. Quand on sait que la future échéance est le Mondials 2010, le technicien français, actuellement responsable de l'équipe olympique, fait-il l'affaire ?

Un costume trop grand pour Gili

Le doute est permis. Gérard Gili a des qualités indéniables. Discret, courtois, organisé et travailleur, il a fait ses preuves avec la sélection olympique qu'il a qualifiée pour les Jeux de Pékin en août prochain. Souvent disponible, il a servi de pompier à plusieurs occasions pour combler le vide à la tête de la sélection A. Mais, de là à le titulariser, de surcroît pour une compétition comme la Coupe du monde, c'est un choix voué à l'échec.
Gérard Gili dont la récente CAN ghanéenne était la première grande épreuve avec la sélection A, n'a pas réussi le grand test. Hésitation dans ses options techniques et tactiques, incapacité à justifier ses choix, manque de courage managérial et de charisme vis-à-vis de l'environnement de l'équipe nationale, déficit de communication avec les médias Gili n'a pas non plus excellé dans le coaching. Contre l'Egypte et le Ghana, l'équipe ivoirienne ressemblait à un véritable " bateau ivre ", prenant l'eau de toute part. Ces deux matches ont étalé les limites du technicien français. Il est encore trop tendre pour le haut niveau.
La CAN 2008 a donné un aperçu de ce que seront les éliminatoires du Mondial 2010. Le football n'est certes pas une science exacte, mais il contient tout de même une dose de bon sens qui veut que le premier tour (avec une poule comprenant le Mozambique, Madagascar et le Botswana) soit une ballade de santé pour les Eléphants. Le deuxième tour, lui, sera une toute autre affaire. La Côte d'Ivoire pourrait retrouver sur son passage des sélections comme le Nigeria, le Cameroun, l'Egypte, le Maroc, l'Algérie, le Sénégal, la Guinée ou encore la RD Congo. La Côte d'Ivoire devrait-elle aller à ce combat des titans avec Gérard Gili ?
Assurément, non. Les Eléphants ont besoin d'un entraîneur de caractère de la trempe d'Ulrich Stielike, capable de motiver ses troupes et de prendre des décisions courageuses. A défaut du technicien allemand - on ne peut imposer à la FIF de travailler avec quelqu'un qu'elle ne veut pas ou qui ne veut pas collaborer avec elle - il importe de recruter un entraîneur du même profil ou ayant plus d'expérience.
Gérard Gili a déjà un grand challenge à relever avec la sélection olympique. A ce niveau, il n'y a pas de problème. Il peut même remporter la médaille d'or en Chine et on serait vraiment fier de lui. Mais, pour la sélection A et le Mondial, c'est une autre histoire.

Magloire Diop

L'entraîneur qu'il faut

Ils sont nombreux les entraîneurs étrangers qui rêvent de coacher les Eléphants de Côte d'Ivoire. Selon certains observateurs, la qualité des footballeurs dont dispose la Côte d'Ivoire est un atout indéniable pour faire de cette équipe un foudre de guerre dans le gotha du football africain voire mondial. Soit, mais dans la pratique, les résultats ont parfois démontré le contraire. Au pied du mur, des entraîneurs expérimentés comme Nouzaret ou Henri Michel n'ont pu pourtant supporter la pression. C'est dire que la qualité de l'effectif seule ne suffit pas, il faut aussi un entraîneur de qualité sinon un entraîneur qui a un véritable doigté sur son équipe. Evoluant pour la plupart dans des clubs les plus prestigieux d'Europe, Drogba et ses coéquipiers ressemblaient à une citadelle imprenable lors de la CAN 2008 jusqu'à leur débâcle face aux Egyptiens. Ce jour-là, nous avons vu une équipe de Côte d'Ivoire sans âme, incapable de retrouver ses esprits face au rouleau compresseur des Pharaons. Premier fait important, personne sur le banc de touche n'a levé le petit doigt pour replacer les pions disséminés sur le rectangle vert du Baba Yara Stadium de Kumasi. Ce qu'on souhaite désormais, c'est cet entraîneur capable de calmer les esprits et remettre de l'ordre dans le groupe quand il y a péril en la demeure. Ce qu'il faut aussi aux Eléphants, c'est cet entraîneur qui sait faire jouer la concurrence entre ses joueurs. Et titulariser le plus en forme du moment. Un entraîneur qui sait coacher en faisant des remplacements opportuns et en mettant en situation de jeu un remplaçant dans un match où le résultat est déjà acquis.
En somme, un entraîneur capable de prendre ses responsabilités en sortant la vedette de son équipe s'il n'est pas dans un bon jour.
En Afrique, l'un des problèmes épineux pour les sélectionneurs, c'est la maîtrise de l'environnement.
Il faut donc que l'entraîneur des Eléphants ait les mains libres et qu'il ne soit pas à la solde de quelques membres du staff de la sélection. Qu'il soit libre de livrer ses points de vue sur les sujets qui concernent son équipe.
Cet entraîneur idéal, il existe et c'est à la fédération et au ministère des Sports d'aller le chercher s'ils veulent faire des Eléphants un véritable épouvantail dans le gotha du football africain et mondial.

Céleste Kolia

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