vendredi 22 février 2008 par 24 Heures

Les voleurs de véhicules de luxe ont de la suite dans les idées. Plein d'audace, le fils Tiacoh a établi son réseau. Une véritable machine à arnaque. Ses hommes sont établis dans les grandes capitales d'Europe. L'astuce pour appâter les victimes est impeccable. Et les gros clients peuvent être servis à Abidjan.

Treichville, quartier Habitat face au cinéma Entente. C'est là que Kouadio Tiacoh Kouassi Thomas a grandi. Sa mère Kéita Sarr qui vit à Paris, dans le 92ème dans le haut de Seine, y a encore une cour. Une habitation familiale où, semble-t-il, Thomas Tiacoh a sa garçonnière. Tout le monde dans le quartier connaît le jeune Thomas Tiacoh (il est né le 15 Fevrier 1974 à Treichville).
Certains de ses amis ne sont pas étonnés par la tournure qu'a prise la vie du fils Tiacoh. Tout petit déjà, il faisait les poches à son père Thomas Tiacoh.
Il aimait l'argent facile , nous raconte une amie d'enfance. D'autres ne s'y ont encore pas fait à l'idée que le jeune Thomas puisse rouler tout ce monde.
Dans le quartier, tout le monde est au fait du business de Thomas Tiacoh.
Nombre de personnes savent qu'il est trempé dans la vente de véhicules de luxe volés en Europe. Précisément en France. C'est lui qui inonde nos routes de ces rutilants bolides dont sont friands les nouveaux riches d'Abidjan. Toutes les commandes passent par son réseau. Nous avons essayé de remonter la filière pour comprendre la supercherie.
Astucieux et pleins d'audace Kouadio Tiacoh Kouassi Thomas et son groupe, il faut le dire, ont su profiter des failles du système bancaire français.
La bande s'est organisée, de sorte à passer entre les mailles sans se faire repérer.
Astucieux et tout simplement audacieux.
C'est à tomber d'admiration.
Toute l'opération est goupillée depuis Abidjan par le fils Tiacoh Thomas.
Sur Internet, il repère le véhicule et l'adresse du concessionnaire qu'il veut arnaquer.
Le reste se passe au téléphone.
Il passe un coup de fil au vendeur.
Pour tromper la vigilance de celui-ci, il le fait à partir d'une puce achetée à Paris.
De cette façon, le vendeur ne se doute pas qu'il est en train de conclure une affaire avec quelqu'un qui vit à Abidjan.
Puis il raconte qu'il est un homme d'affaires résidant à Paris et qu'il souhaiterait acquérir la marchandise.
Une fois tombé d'accord sur le prix de vente de la voiture et le mode de paiement (par chèque de préférence pour lui), il fait savoir qu'il enverrait un de ses employés pour déposer le chèque.
C'est à partir de cette étape qu'un autre réseau se met en marche.
Celui des chèques subtilisés aux propriétaires dans leurs boîtes à lettres.
De nos recherches, il ressort que le fils Tiacoh sous-traite avec cet autre réseau.
Les prix varient entre 700 et 1000 euros.
Les jeunes pour la plupart de nationalité ivoirienne, guinéenne, togolaise et nigérienne, se sont spécialisés dans le vol de chéquiers.
Ils interceptent les chéquiers avant leur arrivée chez les propriétaires, sans que ceux-ci ne se doutent d'un éventuel vol.
C'est donc à ce réseau que s'adresse Tiacoh fils.
A son contact, il demande de faire le chèque et de le déposer chez le concessionnaire.
Ce qui se fait.
Le chèque non déclaré volé ou perdu passe facilement dans le circuit.
Dans les 72 heures, le compte du concessionnaire qui a reçu le chèque est crédité.
Il appelle le fils Tiacoh au même numéro pour l'informer de ce qu'il peut venir chercher son véhicule.
Dans l'incapacité d'aller lui-même prendre le véhicule, parce que résidant à Abidjan, Tiacoh fait savoir qu'il est en déplacement et que quelqu'un viendrait le récupérer.
C'est alors que rentrent en scène les passeurs.
Ceux-là touchent pour leur travail 1500 euros, soit 975 000 F CFA.
Ils ont la tâche de conduire la marchandise jusqu'au port de Londres.
Il faut savoir que le véhicule, une fois sorti du magasin, ne doit pas passer plus de deux jours sur le territoire français.
Mais avant, les hommes de Kouadio Tiacoh Kouassi Thomas doivent s'entourer de certaines précautions pour éviter les embrouilles sur la route menant à Londres.
Avant de prendre le véhicule, ils se mettent en règle.
Le vendeur leur délivre le non-gage et un certificat de cession.
Ces deux papiers, établis au nom du propriétaire français du chéquier dérobé, leur permettront de passer les services des douanes et de police françaises.
Toute l'opération est suivie de bout en bout depuis Abidjan par Kouadio Tiacoh Kouassi Thomas.
Une fois à Londres, c'est l'entreprise MOL qui se charge de transporter les véhicules volés jusqu'au port d'Abidjan dans des conteneurs.
Cette entreprise de transport maritime appartient à un groupe de Japonais.
Fondée en 1964, elle est le résultat de la fusion entre le groupe Mitsui Steamship CO et OSK Line.
Une fois à Abidjan, Tiacoh fils peut récupérer sa marchandise.
Abidjan, les clients, les victimes et les soutiens A Abidjan, Kouadio Tiacoh Kouassi Thomas informe ses clients de l'arrivée des véhicules.
Mais avant, il se charge du connaissement .
Dans les locaux de MOL sis dans le port au Quai 17 face à Blohorn à Abidjan, il engage lui-même les droits de connaissement .
Le nom du fils Tiacoh Thomas figure en bonne place dans les documents de l'agence MOL à Abidjan.
En possession du connaissement , les véhicules sont livrés aux différents clients pour le dédouanement.
Les acheteurs sont pour la majorité issus de la forêt des nouveaux riches d'Abidjan.
Selon des sources proches de la police économique, 90% des grosses cylindrées qui roulent à Abidjan sont du parc du fils Tiacoh.
On cite pèle-mêle le pasteur Koré Moïse, guide spirituel du chef de l'Etat, qui serait en possession d'un porche 4X4 Cayenne.
C'est Zere, bien connu des noceurs de la nuit, qui a présenté le fils Tiacoh au pasteur qui a passé sa commande.
Fabrice Tiacoh, son frère, patron de Axxel Production, fait partie des clients.
Victor Ekra, un proche du chef de l'Etat, collectionneur de voitures de luxe connu à Abidjan, est, selon nos sources, propriétaire d'un bolide livré par le réseau du fils Tiacoh.
Une May Back.
Neuve, elle coûte plus de 200 millions de nos francs.
Al Moustapha, le parrain des boucantiers, est aussi cité comme un des clients du fils Tiacoh.
Vetcho Dillinger, connu dans le monde du show-biz, a acquis la première Hammer.
Le réseau regorge de clients suffisamment influents pour assurer une protection au jeune Tiacoh.
Mais à Abidjan, Kouadio Tiacoh Kouassi Thomas ne satisfait pas toute sa clientèle.
A la préfecture de police où nous nous sommes rendu, nous avons appris que des plaintes ont été déposées contre lui pour abus de confiance et escroquerie .
Un officier nous a même indiqué qu'en 2006, le fils Tiacoh a passé quelques heures au violon de la préfecture.
Mais il a été sorti par un officier de Police qui s'était porté garant de sa solvabilité, nous a-t-on confié, toujours de source policière.
Un contact au Palais de justice nous a confié qu'une des nombreuses victimes a déposé une plainte contre le fils Tiacoh.
Nous avons appris de sources judiciaires françaises que le jeune Tiacoh a déjà séjourné en prison à Paris et à Londres pour les mêmes faits.
Nous savons surtout que le père Thomas Kouadio Tiacoh, lui aussi client, apporte son aide à son fils dans ses affaires.
Il en est de même de la mère basée à Paris.
Selon des informations recueillies auprès d'un des passeurs depuis Paris, Dame Kéita Sarr réglerait les dettes de son fils auprès des différents réseaux.
Mais tous ne baignent pas Tiacoh fils.
L'action de la police a changé la donne.
A suivre.


Hervé Akaché

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