Consternés le jeudi 28 février 2008 par le décès d'un des leurs, Lassina Bamba, les chauffeurs de Gbaka et de taxis de la commune de Yopougon ont débrayé hier. Au grand dam des usagers qui en ont énormément souffert.
Course poursuite achevée dans le sang et par la mort, ainsi pourrait-on résumer le drame survenu dans la nuit du mercredi au jeudi 28 février 2008 à Yopougon. Lassina Bamba, chauffeur de la ligne Adjamé ? Gesco ne verra pas de ce fait dans 4 mois l'enfant que sa fiancée (enceinte de 5 mois) attend de lui. Il a perdu cette nuit là la vie et ce, à l'issue d'une course poursuite engagée entre lui au volant de la Mitsubishi de 18 places qu'il conduisait et l'unité n°11 du CECOS. Si l'on en croit Yacou Diakité, président de la Fédération Nationale des Chauffeurs Unis de Côte d'Ivoire (Fenacuci), tout est parti d'un refus d'obtempérer à des éléments du Cecos en faction au carrefour quartier Annaneraie. ?'Vers 23 heures, le chauffeur Bamba qui revenait de Gesco a été sifflé par le CECOS n°11. Comme il avait déjà dépassé le barrage, il ne s'est pas arrêté. Alors, il a été pris en chasse. Dans la course poursuite qui s'est engagée, c'est au carrefour Sable que le chauffeur s'est arrêté et est descendu de la voiture et tentait de fuir pour rejoindre son domicile. Mais, il était pisté. Les éléments de Cecos, sans le sommer de s'arrêter, ont ouvert le feu sur lui. Atteint de plusieurs balles dans le dos, il rendra l'âme peu après'', a-t-il relaté. Les autres témoignages recueillis dans la cour familiale des Bamba à Wassakara et au niveau du carrefour Sable ont tous corroboré ces propos. Cependant certaines personnes ont fourni d'autres explications. Selon cette version, à l'issue d'un braquage sanglant qui a eu lieu ce même soir dans à Port-Bouet II, braquage qui a d'ailleurs emporté toute une famille, les éléments de la police criminelle avec le renfort de ceux du CECOS établissent un important barrage allant de ce quartier, à la gare Sable en passant par Siporex. Des bandits auraient été appréhendés aux dires de témoins tard dans la nuit. C'est donc pendant ces moments d'investigation intenses que le mini car conduit par Lassina Bamba aurait refusé d'obtempérer à un contrôle au barrage du CECOS. La suite, on le connait. Pour exprimer leur désarroi face à cette énième ?'bavure'' des forces de l'ordre sur des chauffeurs dans l'exercice de leur fonction, des chauffeurs et assimilés ont érigé plusieurs barricades. Pneus enflammés, tables sur les grandes artères de la commune, taxis communaux et gbaka extraits de la circulation, véhicules de particuliers, taxis compteurs et bus de la Sotra forcés à stationner, tout a été mis à contribution pour exprimer la consternation perceptible sur les milliers de visage rougis et gonflés par la colère. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et des matraques pour disperser les manifestants. Cette action énergique de la police a fait une dizaine de blessés et une cinquantaine d'arrestations dans les rangs des chauffeurs révoltés qui ont été libérés par la suite. Le ministre des Transport, pour ramener le calme a dépêché son conseiller M. Méïté qui après avoir présenté les condoléances du Gouvernement à la famille éplorée, l'a rassurée du soutien du ministre Mabri et a promis que celui-ci s'engagera pour que toute la lumière soit faite sur l'affaire. Mais, il a souhaité que les manifestations cessent afin, dira-t-il ?'que les enquêtes puissent se faire dans un climat apaisé et serein''. Au moment où nous mettions sous presse, une rencontre des responsables syndicaux se tenait pour décider d'entamer une grève de protestation ce matin ou non. Si la grève doit être retenue, l'appel du conseiller du ministre Mabri, on peut le dire, n'aura donc pas été entendu.
M.T.T