vendredi 29 février 2008 par Notre Voie

Mme Gisèle Sampah est membre de la direction de l'OFFPI et de la direction de campagne du Président Laurent Gbagbo à Aboisso. A la tête d'un groupe de cadres, elle vient de créer une cellule de réflexion pour la redynamisation du FPI dans le Sanwi. Elle s'explique

N.V. : Vous êtes à la tête d'une cellule de réflexion créée par un certain nombre de cadres militants du FPI d'Aboisso. Quels sont les objectifs de cette structure ?
Gisèle Sampah : Notre cellule a été créée à la suite de la mission de conciliation du président du parti, le Premier ministre Pascal Affi N'guessan entre la Fédération du FPI d'Aboisso et la direction départementale de campagne du candidat Laurent Gbagbo. Au cours de cette mission qui a eu lieu le 18 novembre 2007, à la salle des fêtes d'Aboisso, nous avons entendu des interventions de camarades qui n'honorent pas le parti et la région. Le problème de fond, c'est de savoir si nous sommes des responsables crédibles aux yeux des populations. Aussi, un certain nombre de camarades se sont-ils sentis interpellés et ont décidé de prendre leurs responsabilités. Il s'agit donc pour nous, non seulement de repositionner le parti dans les consciences populaires et dire aux populations que le parti regorge de nombreux cadres respectables et à respecter, donc capables et dignes de confiance. Et par de-là, redynamiser le FPI par un encadrement stratégique et politique de nos militants. Ce sont là, nos objectifs.

N.V. : Pourquoi n'allez-vous pas renforcer les structures formelles du parti ? Surtout, lorsqu'on connaît la situation et les problèmes à Aboisso ?
G.S. : vous évoquez bien des problèmes. Quand nous parlons de redynamiser, c'est au sein du parti. Nous ne sommes pas une dissidence. Nous sommes justement regroupés en cellule pour attirer l'attention des responsables de la fédération et de la coordination sur la léthargie dans laquelle nous baignons quant à l'animation du parti sur le terrain. C'est tout.

N.V. : A Aboisso, il y a eu le collectif d'un certain nombre de secrétaires de section dissout après par la fédération ; il y a eu l'Assemblée fédérale du 18 novembre 2007 ; ne craignez-vous pas de réveiller les vieux démons ?
G.S. : Nous avons été abasourdis d'apprendre qu'un collectif de secrétaires généraux de section a été créé pour on ne sait quel objectif. Mais, plus tard, les faits nous ont montré qu'il a été monté de toutes pièces pour créer un écran entre la fédération et la direction de campagne. Sinon, la fédération, dans les textes du parti, n'est ni plus ni moins que la coordination des secrétaires de section. Il a été créé donc pour une mission précise. Aujourd'hui, si le fédéral l'a dissout, c'est qu'il estime avoir atteint le but qui lui a été assigné. Mais, pour ce qui est de notre structure, c'est seulement une cellule de réflexion. Et cela n'est pas interdit dans le parti. Nous verserons les résultats de nos réflexions autant que faire se peut aux structures formelles du parti. D'autre part, ce n'est pas parce qu'on critique que cela doit créer des tensions. Lorsque quelqu'un se permet de critiquer, il est bon d'appeler cette personne pour discuter avec elle. C'est parce que nous faisons, malheureusement, très rarement des réunions, et qu'en plus, quand elles ont lieu, certains n'ont pas droit à la parole que nous avons choisi cette voie pour dire que nous, nous voulons travailler pour notre parti.

N.V. : Qu'allez-vous faire concrètement qui n'est pas fait aujourd'hui par les structures du parti à Aboisso ?
G.S. : Concrètement, une fédération doit animer ses bases. Elle doit apporter l'information la formation à ses militants et à ses sympathisants. Elle doit les assister. Elle doit recruter de nouveaux militants. Les populations, en nous voyant très souvent à leurs côtés, doivent se sentir rassurées. Nous devons leur montrer qu'elles peuvent compter sur nous et s'engager avec nous sur la voie du progrès. Or, depuis 2003 au moins, tout cela nous manque à Aboisso. Et pourtant, ce n'est pas le potentiel qui fait défaut.

N.V. : L'un des problèmes évoqués par la fédération à l'AG du 18 novembre 2007, c'est qu'elle n'est pas associée à certaines initiatives qui sont prises par certains cadres. La fédération est- elle associée à vos actions ?
G.S. : Nous sommes une cellule de réflexion. Nous allons, si nous sommes invités, parce que, malheureusement, nous ne sommes jamais invités aux activités fédérales, apporter le fruit de nos réflexions pour enrichir l'action du parti. Or, ce que nous constatons, c'est que quand il y a des assemblées fédérales, c'est de bouche à oreilles que nous l'apprenons. Pas de convocation, pas de communiqué de presse comme c'est l'habitude au sein du parti, rien du tout.

N.V. : Vous êtes secrétaire nationale OFFPI, membre de la direction départementale de campagne du candidat Gbagbo, votre énergie n'est-elle pas plus utile dans ces cadres ?
G.S. : C'est justement à ces titres que je dis que la fédération d'Aboisso a de gros problèmes de fonctionnement. J'estime qu'entre responsables, quand on veut faire quelque chose, on informe tout le monde et ensemble, on se met au travail. Mais, si nous ne sommes pas informés, nous sommes obligés de nous regrouper à un moment donné et voir comment nous allons travailler, nous à notre niveau, pour notre parti. Je vous rappelle qu'avant d'occuper tel ou tel poste, nous sommes des militants de base. Et, notre base, c'est dans la fédération. Mais, si au sein de la fédération, on n'arrive pas à communiquer, on n'a pas d'information, il a un problème.

N.V. : Vous voulez redynamiser une structure dont vous semblez ne pas être associés au fonctionnement. Comment allez-vous vous y prendre ?
G.S. : Nous avons notre idée sur la question. Et, croyez-moi, nous y parviendrons.

N.V. : Pour qui connaît Aboisso, vous passez pour être une proche du ministre Koffi Koffi Lazare. Est-ce que cela ne fait pas peser une suspicion légitime sur votre action, vu du côté du bureau fédéral où on ne s'entend pas trop avec M. Koffi ?
G.S. : Chacun fera son interprétation. Mais, dans notre esprit, les choses sont différentes. L'idée est de redynamiser le parti. Nous entendons le faire avec tout le monde. En tout cas, tous ceux qui voient les choses comme nous. Nous sommes des militants, donc nous travaillerons avec les structures du parti et nous souhaitons vivement que la fédération prennent les choses ainsi.

N.V. : Avez-vous prévu le cas où le bureau fédéral refuserait de faire avec vous ?
G.S. : Le bureau fédéral n'est pas le peuple Sanwi. Mais, franchement, nous avons foi à la capacité des responsables de la Fédération à dépasser les considérations intestines pour ne privilégier que l'intérêt supérieur du parti.

N.V. : A combien peut-on estimer le nombre de membres de votre cellule ?
G.S. : nous sommes une cellule. Pas plus. Et, au niveau de la direction de la cellule, nous sommes une quinzaine de personnes.

N.V. :vous pensez qu'avec quinze personnes, vous pouvez changer les choses à Aboisso ?
G.S. : Il faut toujours commencer. Quinze personnes pour réfléchir, c'est déjà pas mal. Notre bureau fédéral compte seulement dix-sept membres.

N.V. : Mais le bureau fédéral s'appuie sur les sections...
G.S. : Nous aussi, nous avons des appuis. Mais, n'ayez crainte, ce ne sera pas une fédération bis. Ce que nous constatons, c'est que notre fédération dort. Nos militants se plaignent. Il faut entrer en contact avec eux. Il faut les remobiliser ; et on les remobilisera avec ou sans le bureau fédéral. Le but, c'est que nous voulons faire d'Aboisso une place forte du FPI.

N.V. : Sur tous les problèmes que vous évoquez, avez-vous discuté avec les responsables de la fédération, et que vous ont-ils répondu ?
G.S. : C'est justement parce que les responsables de la fédération restent en clan que nous avons été contraints de nous organiser. C'est par réaction. Si nous avions la possibilité de discuter correctement, je pense qu'on n'aurait trouver personne pour dire : nous allons créer une cellule de réflexion. Mais, finalement, je pense que le bureau fédéral même a besoin d'une cellule de réflexion.
Nous reprochons au bureau fédéral de masquer la réalité et parfois de la falsifier. Lorsqu'on ne veut pas que les autres parlent, alors qu'il est dit dans nos statuts que tout le monde a le droit de s'exprimer, tout le monde a droit à l'information, qu'il ne faut pas faire de ségrégation, on crée des frustrations autour de soi. Il y a à Aboisso beaucoup de cadres qui ne demandent qu'à donner leurs connaissances et leurs temps au parti. On ne peut pas refuser des gens tout simplement parce qu'on n'a pas d'affinité. Ce n'est pas ça la politique.





Propos recueillis par Guillaume Gbato et Sérikpa Benson

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