Le Port autonome d'Abidjan (PAA) est décidé à capter le trafic de transit du niger. Aussi, depuis le 26 février dernier une délégation de la communauté portuaire, avec à sa tête M. Marcel Gossio, Directeur général du PAA séjourne-t-elle jusqu'à la première semaine du mois de mars, au Niger. Cette mission commerciale s'inscrit dans la reconquête des parts de marchés perdus par le PAA à la faveur de la crise de 2002. Alors que les trafics maritimes du Burkina et du Mali connaissent une croissance régulière depuis 2004, celui du Niger est plutôt très faible. Car depuis 2002, le Niger a commencé à utiliser les Ports ghanéens. La faiblesse de la part de trafic du Port d'Abidjan vient de la distance entre le Port d'Abidjan et Niamey qui est de 1 708 km contre 1 060 km entre Cotonou et Niamey, Cotonou qui du reste en est le port principal. Le Conseil Nigérien des Utilisateurs de Transport ayant montré son intérêt pour le port d'Abidjan en y installant leur Représentant à Abidjan, M. Gossio a décidé de mener une réflexion à l'effet de capter une partie du trafic maritime du Niger. En effet, les opérateurs économiques nigériens acheminent des chargements d'oignons à Abidjan et y chargent des marchandises achetées auprès d'opérateurs économiques ivoiriens. Ces achats sont évalués à hauteur de 50 000 tonnes en moyenne par an. La communauté portuaire ivoirienne est convaincue qu'il est possible que les opérateurs économiques nigériens utilisent le Port d'Abidjan si les problèmes de distance et de coûts sont réglés. C'est dans cette optique que la Direction Générale du PAA a proposé une étude sur la possibilité de créer une plate forme logistique à Ouagadougou, qui est à 525 km de Niamey par voie routière. Le projet a été accueilli favorablement par la Chambre de Commerce et d'Industrie du Burkina qui est prête à mettre à la disposition du Port Autonome d'Abidjan, un espace déjà construit pour les marchandises en conventionnel et un autre espace à aménager pour les conteneurs. Outre cette possibilité, un accord de partenariat pourrait être signé entre le Port Autonome d'Abidjan, la SITARAIL et la Chambre de Commerce et d'Industrie du Burkina, qui dispose déjà d'infrastructures à Ouaga, pour y faire une rupture de charge. Ainsi, ramené à 525 km de Niamey par voie routière, le Port d'Abidjan sera ainsi plus compétitif en 2008, grâce à l'économie d'échelle réalisée sur le transport par rail, et pourra ainsi capter environ 30% du trafic maritime nigérien effectué avec les ports ghanéens. Cette prévision peut même être dépassée avec la mise en exploitation du plus important gisement minier d'uranium, au monde, par le groupe AREVA au Niger. Ce gisement représente un potentiel de trafic de l'ordre de 400.000 tonnes pour l'année 2008 (constitué d'engins pour la mine) et des importations annuelles sur 40 ans de l'ordre de 120.000 tonnes (constituées de soufre et autres produits chimiques). Ce sont autant de raisons qui ont poussé le PAA à se rendre à Niamey au Niger.
Sogona Sidibé