vendredi 29 février 2008 par Le Patriote

Bamba Lassiné ne verra pas naître son enfant, dont la mère porte une grossesse de trois (3) mois. Le jeune chauffeur de camion de transport, communément appelé ?'Gbaka'', a été lâchement et froidement abattu par des éléments du Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCOS). C'était le mercredi dernier à Yopougon. Il n'était que dans sa 24ème année. Au moment où nous arrivions à son domicile familial à Yopougon-Sables à 13 heures, le corps sans vie du jeune Bamba gisait encore dans une marre de sang. Les parents du défunt inconsolables, nous laissent voir le corps, dans une chambre. Les impacts de balles sont encore visibles. Deux trous béants dans le dos et un dans le cou. Dehors, pendant que la famille biologique de Bamba Lassiné écrasent des larmes chaudes, ses collègues transporteurs, entrent dans une colère noire, et prêts à en découdre avec tout ce qui est corps habillé.
Les faits, selon des témoignages recueillis sur place, remontent dans la nuit du mercredi 27 février, aux environs de 21 heures. Bamba Lassiné, au volant de son Gbaka et poursuivant son trafic sur la ligne de Yopougon-Gesco, est sifflé par une patrouille du CeCOS. C'est le véhicule numéro 11 , selon des témoins. Le jeune chauffeur, pris de panique refuse de s'arrêter, car ayant déjà eu maille à partir avec d'autres éléments du CeCOS, la patrouille 12, dans la journée. Les hommes en armes, certainement choqués par son refus d'obtempérer, veulent coûte que coûte laver l'affront . Ils se lancent à sa poursuite. Après plusieurs tours passant par le carrefour du CHU, l'autoroute et remontant par le premier pont, le véhicule du jeune Bamba est accosté au niveau de la mosquée de Yopougon-Sables, non loin de son lieu d'habitation. C'est là qu'il met pied à terre abandonnant son véhicule, et prend la tangente. Une course poursuite s'engage a nouveau. Et c'est quelques minutes après que nous avons entendu trois coups de feu , explique Hamed Fofana, également chauffeur, ayant assisté, selon lui, à la scène. Sous le feu des hommes du Général Guiai Bi Poin, le jeune Bamba s'écroule, saigne fortement, avant de rendre l'âme quelques instants après. Son corps est ensuite abandonné devant la mosquée. Les deux hommes en armes qui le suivaient sont revenus tranquillement reprendre place à bord de leur véhicule. On les entendait dire à leurs collègues qu'ils pouvaient partir et que le travail était fait , confie notre source. Informés de cette énième bavure, les transporteurs décident spontanément d'exprimer leur mécontentement.

Yopougon paralysé, hier

Barricades dressées, pneus enflammés, aucun Gbaka en circulation, les transporteurs ont créé le désordre dans la commune. Une manifestation en signe de solidarité. La manifestation de protestation a pris une tournure plutôt violente lorsque d'autres forces de l'ordre (la CRS) décident de contrer les manifestants par des jets de gaz. Durant toute la journée d'hier, la commune de Yopougon reste paralysée par ces émeutes. Et malgré l'appel au calme lancé par certains responsables syndicaux et deux émissaires du ministère des Transports, dépêchés d'urgence par le ministre Mabri Toikeusse, les transporteurs appliquent leur mot d'ordre de protestation. Nous ne comprenons pas du tout ces agissements du CeCOS. Comment tuer aussi froidement un jeune de 24 ans, qui n'a commis aucun crime ? Pour seulement une histoire de racket, on décide de loger trois balles dans le corps d'un innocent. Non, cette fois trop c'est trop , s'indignent les nombreux transporteurs que nous avons rencontré au domicile du défunt. Ces derniers, avec à leur tête M. Coulibaly Ladji (Porte-parole des chauffeurs de Côte d'Ivoire), projettent de manifester jusqu'à ce que justice soit rendue. Au moment où nous quittions Yopougon aux environs de 16 heures, la tension était encore vive et le trafic routier était toujours perturbé.
Dans le souci d'équilibrer les informations, nous avons joint au téléphone, hier dans l'après-midi, les responsables du CeCOS. Ces derniers ont préféré garder le silence pour l'instant. Nous ne sommes pas en mesure de vous dire quoique ce soit. Les enquêtes sont en cours. Et le CeCOS fera une déclaration officielle, pour éclairer l'opinion sur cette affaire , nous indique le lieutenant Ange Niko, Responsable de la Communication du CeCOS.
Diawara Samou

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