vendredi 29 février 2008 par Le Patriote

La Côte d'Ivoire est loin de connaitre le bout du tunnel. Malgré ses efforts pour éradiquer le phénomène de l'exploitation des enfants dans les plantations. Elle est toujours citée par des organisations internationales. Selon le département d'Etat américain, la Côte d'Ivoire et le GHANA emploient, à eux deux 200.000 enfants. Et pas moins de 12.000 de ces enfants selon l'ONG Stop the Traffik (victimes du trafic transfrontalier) ont été introduits clandestinement en Côte d'Ivoire pour travailler dans les plantations de cacao. Nombre d'enfants selon cette organisation non gouvernementale sont contraints à travailler dans des conditions dangereuses, pour un salaire de misère. Ou parfois gratuitement, pour que les consommateurs puissent manger du chocolat, a en croire le directeur Europe de Stop the Traffik, Phil Lane. Les professionnels de ce secteur aujourd'hui doivent concilier leurs actes à leurs discours en investissant dans des projets. Ce, afin de soustraire les enfants ouest-africains des plantations pour les ramener à l'école où ils devront être normalement , a suggéré le directeur d'Anti-Slavery international (une ONG) ; Aidan Mcquade. Si l'utilisation des enfants dans le cadre du travail familial ne heurte pas les m?urs, l'existence de réseaux de traite d'enfants aux fins d'exploitations de leur travail en Côte d'Ivoire et dans les plantations ivoiriennes de cacao en particulier est difficilement acceptée par la communauté nationale. Provoquant, une grave polémique, selon les autorités ivoiriennes, sur l'origine jugée impure du cacao ivoirien. La Côte d'Ivoire dans cette polémique a été ouvertement accusée d'être un Etat néo esclavagiste encourageant la traite des enfants sur son territoire. La traite des enfants est marginale selon le gouvernement ivoirien. Elle ne saurait donc constituer le socle sur lequel repose l'essentiel de la production ivoirienne de cacao. A l'évidence, les soupçons qui ont pesé sur le cacao ivoirien, à en croire les autorités ivoiriennes semblent provenir de la découverte de réseaux de trafic d'enfants du Mali et du Burkina Faso vers la Côte d'Ivoire. L'ampleur de la polémique et le poids du cacao dans l'économie nationale, ont certes éclipsé le débat sur la traite et l'exploitation des enfants dans les autres secteurs de l'activité économique. Mais n'autorisent pas à faire l'impasse sur l'ampleur de la traite et de l'exploitation des enfants dans lesdits secteurs.
Outre le secteur Agricole, la majorité des enfants travailleurs en Côte d'Ivoire évoluent dans deux autres grands secteurs : l'informel urbain et les travaux domestiques. Dans le secteur informel urbain par exemple, les enfants travaillent soit comme apprentis ou travailleurs rémunérés dans les commerces et petites unités de production. Soit comme indépendants dans les commerces et services informels (cireurs, porteurs, gardiens de voiture)

La confirmation du phénomène travail des enfants

Même si aucune étude d'envergure nationale sur l'ampleur et les caractéristiques de la traite et du travail des enfants en Côte d'Ivoire n'a encore été menée, les résultats de certaines investigations sectorielles confirment leur existence. Les résultats de toutes les investigations jusqu'ici menée sur la traite et le travail des enfants révèlent trois contacts majeurs : la traite et l'exploitation abusive de la force de travail des enfants existent bien en Côte d'Ivoire. Ce, dans plusieurs secteurs d'activités (agriculture, mines, informel urbain), la mutation intervenue dans les caractéristiques du travail des enfants en Côte d'Ivoire et l'insuffisance et le manque de synergie dans les actions actuellement entreprises en matière de lutte contre la traite et le travail des enfants. Au plan quantitatif, l'existence de la traite et du travail des enfants en Côte d'Ivoire est confirmée par plusieurs sources. Ce sont entre autres, le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), Bureau international du travail (BIT). Programme international pour l'abolition du travail des enfants (IPEC) et le projet sous-régional de lutte contre la traite des enfants, à des fins d'exploitation de leur travail en Afrique de l'Ouest et du Centre (LUTRENA).

*L'échec du CNLTEE

La Côte d'Ivoire pour endiguer la traite des enfants a signé un protocole d'accord avec le gouvernement du Mali, le 1er septembre 2000. Visant à engager une lutte conjointe pour empêcher la traite d'enfants du second pays vers le premier. Et en novembre 2000, le ministère de la Famille, de la Femme et de l'Enfant d'alors, dans sa politique gouvernementale de lutte contre la traite des enfants a créé un Comité national de lutte contre la traite et l'exploitation des enfants (CNLTEE). Malheureusement ce comité, selon les spécialistes, s'est heurté à des limites. Puisque les actions de ce comité ne s'inscrivent pas encore dans un cadre global d'éradication à long terme. En plus le CNLTEE ne dispose pas encore selon les mêmes spécialistes d'un budget de fonctionnement. C'est ainsi que le plan national de lutte contre la traite des enfants 2004 ? 2006 du CNLTEE n'a jamais connu d'application. Pour une éradication du phénomène sur le long terme et par le biais d'un plan global structuré autour d'objectifs et d'axes stratégiques d'intervention, le plan National d'action contre la traite et le travail d'enfants a été mis sur pied. Avec ce plan, le gouvernement ivoirien, espère accélérer la lutte contre ce phénomène.

*Plan d'action contre la traite et le travail des enfants.

Cela semble être sérieux. Il a été adopté par le gouvernement ivoirien en conseil des ministres le 20 septembre 2007. Il a été officiellement présenté à la communauté nationale et internationale mardi 26 février dernier par le ministre de la Fonction Publique et de l'Emploi, Pr Hubert Oulaye à Abidjan. Soit six mois après son adoption. L'objectif de ce plan selon le ministre est la réduction de l'incidence et à terme l'éradication de la traite et autres pires formes de travail des enfants en Côte d'ivoire. () C'est certes une réponse positive aux critiques énoncées, formulées sur la scène internationale à l'encontre de la Côte d'Ivoire, mais il se veut surtout la traduction d'une volonté politique du gouvernement de mener malgré la crise, le seul combat pour l'amélioration des conditions de vie et de travail de nos enfants qui sont l'avenir de ce pays , a expliqué Hubert Oulaye. Les objectifs spécifiques du Plan national d'action s'articulent autour de quelques points : le renforcement du cadre juridique et règlement n'entraîne pas sur la traite et le travail des enfants ; la définition d'un cadre d'actions de prévention du travail et de la traite des enfants ; définition d'une stratégie de retrait et réinsertion des enfants victimes de traite et autres pires formes du travail. Et la mise en place d'un mécanisme fonctionnel de suivi évaluation de l'évolution de la situation de la traite et du travail des enfants. Selon le Directeur général du travail, Bolou Bi Djéhiffé, le plan d'action (2007 ? 2009) s'étend sur trois ans.

*Coût d'exécution
du plan d'action
L'exécution du plan d'action contre la traite et le travail des enfants, va coûter 3,490 milliards FCFA. Et la contribution de la Côte d'Ivoire est estimée à 1,940 milliard FCFA. Les activités du plan seront supervisées par le comité Directeur national (CDN), IPEC/BIT Côte d'Ivoire. Cette structure s'assurera de la mise en ?uvre effective des actions selon le chronogramme établi. Elle fera également le suivi évaluation des activités des Actions validées.

*Plus de 2 milliards FCFA à rechercher
Le gouvernement ivoirien doit selon ses objectifs chercher plus de 2 milliards FCFA pour compléter le budget de son plan national d'action. En tout cas, elle a les yeux tournés vers ses différents partenaires : UNICEF, FNUAP, PNUD, GTZ, International Cacao initiative (ICI) ; BIT/IPEC et des organes de coopération bilatérale. Conscient de la société des finances, le ministre de la Fonction Publique a lancé le mardi dernier un appel aux donateurs. Il leur encore une fois signifié la détermination de la Côte d'Ivoire à combattre le phénomène du travail des enfants. Nous sommes conscients au niveau du gouvernement que la traite et le travail des enfants existent, si nous n'avons pas d'enfants esclaves dans notre pays. Notre rôle est d'assurer la protection à tous les enfants et à les mettre à l'école , a relevé Pr Hubert Oulaye.
Anzoumana Cissé

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