vendredi 29 février 2008 par Le Temps

Vous êtes le Premier ministre du Président que vous avez voulu chasser...
C'est une forme de cohabitation. Le 19 septembre 2002, les Forces nouvelles n'ont pas réussi à renverser Gbagbo et son système ivoiritaire, marginalisateur. Nous avons, ensuite, réussi par la négociation à introduire des réformes importantes dans ce système. Je ne suis ni le chargé de mission du Président ni son Directeur de Cabinet. Je suis Premier ministre d'un gouvernement d'union issu d'un accord politique sous l'égide de la communauté internationale. J'ai accepté cette responsabilité dans l'intérêt des populations et du pays, et ce n'est pas une sinécure...

Après l'échec des accords de Marcoussis, le pays a connu cinq ans de crise.
Le processus de paix de Ouagadougou a démarré le 4 mars 2007. Il y a déjà des signes encourageants : début du processus de désarmement, retrait des troupes de la ligne de front... L'Administration a été redéployée sur l'ensemble du territoire ; l'environnement social et politique, l'ambiance générale en Côte d'Ivoire sont à l'apaisement. Le secteur économique témoigne d'un frémissement encourageant.
Le Président Gbagbo, qui était autrefois l'ennemi numéro un au Nord, a pu faire, fin novembre, une tournée dans ces régions. En ce qui concerne la cause de la guerre : la question de l'identification, nous avons commencé les audiences foraines pour délivrer des actes de naissance aux citoyens sans-papiers.

La question de l'ivoirité va être réglée lors des audiences foraines...
Les audiences foraines, ce n'est pas la nationalité. C'est un recensement itinérant qui permet d'établir des actes de naissance. Ces actes vont aider bien des gens à faire établir leur nationalité. Avant, pour être Ivoirien, il fallait prouver que, non seulement, vos deux parents étaient ivoiriens mais que vos grands-parents l'étaient aussi. Or, dans nos pays naissants, l'état civil n'est pas quelque chose de maîtrisé. Pour beaucoup de nos concitoyens, il est difficile de remonter à leurs grands-parents. Nous avons simplifié la donne. Maintenant, pour être Ivoirien, il faut être né d'un parent ivoirien. La prochaine étape verra l'établissement des Cartes nationales d'Identité par la SAGEM, puis l'établissement des listes électorales.

Laurent Gbagbo annonce des élections pour juin...
Il s'agit d'une date indicative. En matière d'élection, le seul organe compétent, c'est la Commission électorale indépendante (CNI). Il lui reviendra, au moment opportun, de fixer la date des élections. La SAGEM nous a informés qu'il lui faudrait six mois et demi, pour identifier autour de douze millions de personnes dont neuf millions d'électeurs.

Et si Laurent Gbagbo est réélu ?
La Côte d'Ivoire ne peut plus se permettre des élections tripatouillées. L'exemple du Kenya est là ; nous devons éviter ce scénario. Si, à l'issue d'un scrutin irréprochable, incontesté, certifié par les Nations unies, Laurent Gbagbo est élu, mon devoir sera de continuer à travailler pour mon pays. Comme Premier ministre ? Je n'en sais rien. Si le nouveau Président considère qu'il a besoin de moi, j'aviserai. Quoi qu'il en soit, je ne pourrai pas échapper à une carrière politique. Après la présidentielle, il y aura des élections législatives... Si les Forces nouvelles ne décident pas de se dissoudre et se transforment en parti politique, il sera difficile que je me dissocie d'elles ; sinon, je pourrai m'allier à un parti existant ou être candidat indépendant.

ouest-france.fr

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