vendredi 29 février 2008 par Le Matin d'Abidjan

La Côte d'Ivoire, le pays des paradoxes. Non, ne vous y trompez pas ! Ce n'est pas le titre d'un feuilleton. Encore moins celui d'un ouvrage à paraître. Mais plutôt l'expression d'une exaspération. D'une frustration. Et d'un dégoût. Tout simplement. Et ils n'ont pas du tout tort, les sages, qui nous enseignent dans la tradition africaine que lorsque le crapaud n'est pas encore tombé dans de l'eau chaude, il ne peut s'imaginer qu'il existe deux sortes d'eau. En des termes beaucoup plus clairs, il a fallu que les anciens dirigeants de notre pays se retrouvent dans l'opposition politique. Pour réaliser enfin que les surfacturations, le vol, le pillage des ressources de l'Etat, l'enrichissement illicite et rapide, la folie des grandeurs, le goût insolent du luxe etc. sont de réelles menaces pour l'avenir d'un Etat. Hier, quand nous écrivions dans ces mêmes colonnes que les chantiers pharaoniques de Bédié à Daoukro et Koukourandoumi étaient un gâchis, une folie des grandeurs inqualifiable, on nous a répondu avec mépris et insolence. En rappelant le passé de N'Zuéba qui fut ministre de l'Economie et des Finances à l'âge de 24 ans. On nous a aussi ressassé que la surface financière dont il jouissait pouvait lui permettre de s'offrir des jets privés, des navires, des résidences à coût de milliards. Sans que cela ne choque les Ivoiriens. Bien plus, quand la presse proche de l'opposition d'alors rapportait que 19 tonnes d'effets personnels exonérés de toutes taxes douanières pour un individu, fut-il le chef du gouvernement, était un luxe insolent qu'aucun Ivoirien ne devait s'offrir, les journalistes ont été plutôt invités à un procès de triste mémoire. Alors, aujourd'hui, on s'étonne que la folie des grandeurs, le goût prononcé du luxe qui sont des pratiques vieilles de quarante ans et coutumières au PDCI, fassent gloser les anciens riches du pays. Au point de reprocher à un fils de la maison, Victor Ekra, d'être allé à la bonne école. D'avoir appris depuis 1968 à aimer les belles voitures et d'en faire une collection. Pourquoi nos confrères ne ruent-ils pas dans les brancards quand des footballeurs ivoiriens de moins de 25 ans s'offrent des Hummers à plus de 50 millions de nos francs ? Sans doute, le malheur de Victor Ekra, c'est d'être un ami de Gbagbo. Un homme issu de la classe paysanne du pays. Victor aurait été proche de Bédié ou de Ouattara que les choses se seraient passées autrement. Dans la douceur.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023