lundi 3 mars 2008 par Le Nouveau Réveil

La délégation départementale PDCI RDA de Bondoukou est secouée par des crises de leadership. Les cadres ne s'entendent pas. Le délégué départemental est soupçonné de rouler pour le FPI. Dans cette interview qu'il nous a accordée en marge de la tournée du sécretaire général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady dans le département de Bondoukou du 18 au 23 février 2008, Yaya Ouattara, le délégué départemental donne des éclaircissements et précise les rapports qui le lient à certains pontes du FPI. Monsieur le vice-président, vous venez de recevoir une mission du PDCI conduite par le secrétaire général Alphonse Djédjé Mady dans votre région. Comment avez-vous accueilli l'idée de cette mission dans votre délégation départementale ?
C'est avec beaucoup de joie parce que nous attendions cette visite depuis un moment. Avec joie parce que chaque fois que l'occasion nous est donnée de parler un peu de notre département à Abidjan, nous nous plaisons à dire que c'est l'un des départements les plus vastes de Côte d'Ivoire. Sinon le département le plus vaste. Et il me plait d'ajouter qu'une section se trouve en bordure de la Comoé, a Dimandougou, une autre se trouve en bordure de la Volta noire à Tagadi. C'est dire combien le département est étendu. Et vous l'aviez vécu avec nous pendant cette tournée, il y a des routes difficiles à pratiquer. Cette visite a donc permis à la délégation du bureau politique de voir un peu quelles sont nos souffrances puisque ces visites là, nous les faisons au moins 4 fois l'an. Je fais le tour de mon département au moins 4 fois l'an. Avec les nouvelles dispositions qui viennent d'être prises de restructuration, je pense que les 4 nouveaux qu'on nommera supporteront ce même fardeau mais divisé par quatre. En tout cas, cette visite est enrichissante pour nous. Mais il a été aussi remarqué durant tout notre parcours, des divergences de vue souvent signalées par les secrétaires de sections. Comment comptez, vous absorber ce manque de communication et de cohésion ?
Ecoutez, le déficit de communication, je ne pense pas qu'il vienne de nous. Il vient plutôt de la base. Pour eux, certaines vérités ne sont pas acceptées. Si chacun d'entre nous gère sa portion dans les mêmes conditions possibles, aucun problème ne se poserait. Nous avons en ce moment 68 sections et un peu plus de 700 comités de base. Il suffirait seulement que chaque sécretaire fasse périodiquement son rapport. C'est à travers le rapport que qu'on voit le travail que fait chaque secrétaire. C'est des reproches que je fais souvent aux secrétaires. Je leur dis que plutôt que de s'occuper de l'organisation du parti au sommet, commencez au moins à faire votre travail. Celui qui vous incombe, celui qui nous revient en commençant déjà à tenir vos réunions périodiques sanctionnées par des rapports. Les échanges entre la délégation et la base à travers ces rapports permettent l'évidence de la communication tant horizontalement que verticalement. En tenant vos réunions, ce serait la preuve que votre section est bien animée. C'est au travers des rapports qu'on voit cela. Mais il faut vous dire que dès qu'on parle de restructuration, au lieu de penser à l'apport de chacun d'entre nous pour que le parti rayonne, les gens font des calculs. Des calculs qui conduisent à ces situations-là. Les gens font des calculs pour se situer par rapport à cette restructuration. Alors que si chacun faisait son travail sans tenir compte de ce que la restructuration peut lui apporter, le résultat de son travail désintéressé le positionnerait immanquablement. Je leur dis de faire comme moi. Je suis celui qui ne demande rien. Le bon Dieu m'a tout donné. J'ai été député, j'ai été maire, j'ai été ministre. J'ai été membre du comité exécutif du PDCI RDA. Ce n'est pas rien. Maintenant, je suis délégué départemental et vice-président du PDCI. Au niveau de nos jeunes frères, le problème c'est que certains sont vraiment pressés. Qu'ils prennent le temps d'apprendre auprès des aînés. Quand on prend le temps d'apprendre auprès des aînés, on a toujours le succès au bout. Je leur ai dit que je suis le tout premier président du Kanwori (mutuelle de développement économique social et culturel de Bondoukou). Ce n'est pas bon de parler de soi mais après moi, la mutuelle a basculé de main en main avant de voler en éclats. C'est grâce au Kanwori que les premiers pôles de développement ont été une réalité dans la région. Monsieur le délégué, cela dit, il y a un problème entre les cadres, un problème de positionnement, de leadership. Au-delà des conseils que vous donnez, quelle proposition avez-vous faite à la direction du parti pour que ce problème soit résolu ?
Sans entente, sans discipline, sans solidarité et sans acceptation de l'un par l'autre, rien ne peut être réussi. Seuls, nous ne sommes rien. Ensemble, nous serons toujours forts. Avant de parler de conseils à la direction du parti, mes premiers conseils ont été donnés à mes jeunes frères qui devront comprendre que sans solidarité, rien ne peut être réussi. Nous avons eu à attirer l'attention de la haute direction du parti sur l'objectivité dans les analyses de situations. Eviter de tirer des conclusions trop hâtives chaque fois qu'une certaine situation est rapportée ou présentée à elle. La proposition que j'ai faite, c'est de restructurer puisque les gens se bouffent le nez parce qu'ils veulent tous des places. Quand j'ai été nommé vice-président, il y a beaucoup qui étaient content parce qu'ils estimaient que je le méritais mais il y a aussi ceux qui étaient contents parce qu'ils se disaient : il va dégager le plancher et puis la compétition commence. Or on n'oublie souvent que certaines compétitions quant-elles ne sont pas saines se neutralisent. Sinon les conseils je les ai toujours donnés. Il y a énormément de problèmes entre les jeunes, entre les aînés parfois et c'est moi le recours. C'est moi qui essaye de réconcilier les uns et les autres. Mais il y en a qui sont persuadés que tant que je suis là, eux ne pourront pas bénéficier de promotions. Ce qui est faux. Je veux qu'on fasse ces preuves sur le terrain. Quand on fait ses preuves sur le terrain, moi j'ai confiance. Monsieur le vice-président, vous avez dit à l'époque que vous avez été frustré. Aujourd'hui qu'elle sentiment vous anime après être devenu vice-président du PDCI ?
Ecoutez, quant on a été frustré, on a été frustré. Ce n'est pas parce que j'ai été frustré que je vais tourner le dos à mon parti. Je n'ai pas tourné le dos parce que souvent on est incompris. Vous allez m'obliger à citer des noms. Il m'est arrivé de dire qu'il y a des responsables de parti autre que le PDCI qui ont plus de respect pour moi que ceux même qui sont de mon propre parti parce qu'ils me connaissent. Je suis un ivoirien et comme tous mes autres frères et s?urs de ce pays et ayant grandi à Treichville, j'ai pu me faire beaucoup d'amis de génération en génération. Il suffit qu'au PDCI on me voit avec un militant d'un autre parti souvent pas des moindres, pour conclure que je suis devenu un militant douteux. Je ne veux pas citer des noms s'il vous plait, mais j'ai des amis dans tous les partis. Vous savez que quand le président Gbagbo est venu à Bondoukou, il a dit que si tout le monde était comme Yaya Ouattara, il n'y aurait jamais eu la guerre. Il a dit nous essayons de lui ressembler. Vous vous souvenez ? Il l'a dit pourquoi? Parce que je suis l'un des rares cadres responsables dans un parti comme le nôtre à avoir des amis dans tous les partis soit parce qu'on est promotionnaires donc condisciples, soit au niveau professionnel, nous nous sommes retrouvés à un moment donné. C'est pas parce qu'on est opposé qu'on est ennemi. Il y a eu la guerre certes mais ce n'est pas pour autant que nous devrions nous jeter la pierre. Il en a qui parle de hasard mais je suis d'accord avec Djédjé Mady, le hasard n'existe pas. Dieu a voulu que nous appartenions à cette partie de l'Afrique, la Côte d'Ivoire. Est-ce que nous ne sommes pas des frères et des s?urs ? Nous sommes condamnés à vivre ensemble. On peut ne pas avoir la même façon de gérer un pays mais on reste des frères.
M. le vice président, il faut que vous leviez l'équivoque parce que les gens dans les coulisses disent que vous êtes proche du FPI ; il y en a qui vous accuse. Quelle est la réalité ?
Je ne suis pas proche du FPI. J'ai des amis au FPI et périodiquement, ils viennent me voir. Quant ils viennent me voir, je les accueille, je les reçois mais ceux qui le disent sont petits d'esprit, je vous le dis, j'insiste, je precise. Vous savez, il y a toute sorte de gens. Les gens sont petits d'esprit. Je ne vais pas donner de nom, mais il suffit qu'on me voit avec un militant d'un parti d'un autre bord pour tirer des conclusions hâtives. Il faut que mes frères du PDCI comprennent et certains ivoiriens avec, que la politique peut être faite autrement. Est-ce que c'est moi qui ai voulu appartenir à ce pays là, est-ce que nous qui sommes dans ce pays, nous ne sommes pas des frères ? Est-ce que la politique doit faire de nous des ennemis ? Mais pas du tout. C'est-à-dire que j'ai une autre lecture de la politique. C'est ça que les gens n'ont pas. Ils sont très limités. Vous savez, quant le Président est venu à Bondoukou récemment, il a demandé au préfet s'il pouvait aller saluer le grand frère. Ce n'est pas un honneur ça ? Quelque temps après, Mamadou Koulibaly est venu à Bondoukou, il a demandé à venir me saluer. Est-ce que je ressemble à quelqu'un qui ne sait pas ce qu'il veut. Apprenons à nous connaître. Je sais ce que je veux ? Le jour où je vais partir du PDCI, je vais créer mon parti. Je le dis parce que beaucoup de cadres de la région du Zanzan m'ont mainte fois demandé de créer un parti. Mais je n'ai jamais voulu créer un autre parti parce que je ne vois pas la nécessité d'en créer parce que le PDCI est là. Car le PDCI est à nous tous. Plus pour les ressortissants du Zanzan que pour les autres. Tous ceux qui sont frustrés me demandent de créer un parti. Je dis non. Ce n'est pas parce qu'on n'ai pas content qu'on crée un parti. Nos parents ont souffert pour ce parti là. Il n'y a pas de raison que nous ne fassions pas de ce parti, un grand parti. Je n'ai jamais été militant d'un autre parti que le PDCI. Monsieur le vice-président, est-ce que le FPI sur le terrain trouble votre sommeil ?
Je suis heureux d'entendre cela. Pas du tout. Il y a en a qui sont fébriles. Dès qu'un militant du FPI passe dans une zone donnée, on crie : Ah ! Le FPI. Même si vous sentez qu'un adversaire est en train de venir vers vous, qu'est-ce qu'on fait ? On s'organise et on fait en sorte, je ne dis pas de le bouter dehors mais d'annihiler toutes les actions qu'il mène. Pas du tout, aucun parti ne m'inquiète. Monsieur le vice-président, après la réunion tenue dans la nuit de samedi à dimanche qui fut une réunion de vérité en présence du secrétaire général, est-ce qu'au-delà des frustrations enregistrées, vous pouvez donner le gage qu'il n'y aura pas de chasse aux sorcières et de rancoeurs ?
Je vais vous donner un exemple. Je viens de vous parler de l'étendue de notre département. Il fait plus de 200km quant on part de la Comoé à la Volta noire dans des conditions difficiles. En temps que délégué départemental, je me suis dis que pour gérer cette zone là, il faut que je fasse confiance à plus de cadres. Dans toute la Côte d'Ivoire, j'ai été le seul à le faire. Les autres départements comme Aboisso ont tenté de faire comme nous. J'ai choisi les hauts cadres, de chacune des zones, que j'ai nommés chefs de zone. C'était des minis délégations si vous voulez. J'ai demandé à ce qu'autour de chaque chef de zone, se retrouvent, tous les cadres du parti natif de la zone. C'est ce que j'ai fait. Qu'est-ce qu'on peut faire de mieux ? Ça permet au plus grand nombre de participer à la vie du parti. C'est ce que j'ai fait et ça tellement bien marché. Au conclave de Daoukro, quant on a fini, les gens ont proposé que mes 8 zones soient transformées en 8 délégations. Le Président Bédié a dit non ça fait beaucoup. C'est pourquoi on n'a restreint à 4. Mais je dois choisir quatre parmi tant de cadres tous capables. Ils sont nombreux les cadres. Ce n'est pas facile. Ça fait deux ou trois mois que nous travaillons à cela. On n'essaye de voir quel choix il faut faire. Il y en a qui disent d'emblé que si c'est le ministre Yaya Ouattara qui choisit, il ne me retiendra pas. Et ceux qui le disent sans le savoir sont retenus parmi les cadres que nous avons. Vous allez voir quant on va publier les listes. Mais comment allez vous opérer ces choix ?
Il y a des critères (militantisme avéré, compétence, disponibilité et rassembleur). Je vous le dis, le PDCI est majoritaire dans le Zanzan et singulièrement dans la zone de Bondoukou. S'il y a quelqu'un à combattre, ce n'est pas ailleurs, le mal est en nous même. Une fois j'étais à Bondoukou quand une grande militante d'un autre parti est venue me voir. Elle a dit qu'elle venait de faire les hôtels et qu'elle n'a trouvé de chambre nulle part. Vous voulez parler de Lorhougnon Odette du FPI ?
Oui. Et puis moi j'ai dis je vais t'héberger. Mais l'héberger ne veut pas dire que je suis devenu FPI. J'ai une amie qui arrive, qui n'a pas de chambre, je lui trouve une chambre et on me critique. Alors j'en profite pour vous dire puisque vous avez dit le nom, Lorhougnon je la connais depuis très longtemps. Tout le monde le sait au PDCI. Ecoutez bien, Lorhougnon, je la connais depuis très longtemps. Bro Grébé, elle aussi est une amie de longue date. Ce n'est pas la politique qui tuera cette amitié. On se connaît depuis très longtemps. Je crois que je peux me limiter à ces deux là. Ma femme sait que Lorhougnon est une amie. Donc ce sont mes amies. Vous trouvez normal qu'une amie vienne à Bondoukou qu'il n'ait pas de chambre et moi qui ait un grand domaine, je ne lui trouve pas une chambre. Je l'ai fait et je le referai. Je suis un militant avéré du PDCI-RDA. Un jour, nous aurons peut-être l'occasion de dire ce que nos parents ont fait. Dites le haut et fort que Yaya Ouattara dit que le parti là n'appartient à personne plus qu'à nous. Ecoutez bien ce que je vais vous dire. On est jeune. Mais en 46, 48, 49, pour libérer les prisonniers politiques, ce sont nos parents qui ont cotisé à l'époque 9 millions FCFA pour aider le Président Houphouët à payer les avocats pour la libération des prisonniers. Il y a encore des personnalités en vie qui peuvent le témoigner. Franceski était un des avocats ayant assuré la défense de nos parents emprisonnés pour leurs opinions politiques à Bassam. C'était sous la colonisation. C'est nous qui avons cotisé. Je ne suis militant d'aucun autre parti en dehors du PDCI. Mais j'ai des amis un peu partout. J'ai des amis au RDR, j'ai des amis au FPI. Combien de fois on ne m'a pas traité de RDR ?

Monsieur le vice-président, le Président Henri Konan Bédié est annoncé dans les mois à venir à Bondoukou. Quel sentiment anime la délégation départementale ?
Les militants ont besoin de lui. Sa présence chez nous, revigorerait les militants. C'est normal. Je suis l'un de ceux qui demande depuis longtemps que le Président Bédié vienne à Bondoukou. Je le sais. Je lui ai dit que les militants le réclament. Il faut qu'il sorte, il faut qu'il vienne. On a besoin de le voir. Vous aimez votre président, la moindre des choses, c'est de vouloir qu'il soit avec vous. Il viendra nous rendre visite. Je vous le dis. Ça va mettre du baume au c?ur des militants. Ils seront heureux. Monsieur le vice-président, que voudriez vous qu'on retienne de cette mission du secrétaire général dans votre délégation départementale ?
Le Secrétaire Général a fait un travail dense et positif. Il a découvert lui-même combien nous sommes militants du PDCI car la mobilisation a été totale et impressionnante. Parce que parmi nous, certains ont vite fait d'aller à la direction du parti pour voir des proches du président ou du sécretaire général pour dire que les cadres du FPI sont en train de nous mettre en difficulté. Le FPI ne met personne en difficulté à Bondoukou, il faut l'écrire. Le FPI c'est un parti comme tous les autres partis qui essayent de se faire une place. Mais il nous appartient de faire en sorte que le FPI n'ait pas la place qu'il souhaite. Personne ne nous effraie, nous ne crayons personne. Si tous mes frères m'écoutent, personne ne peut nous prendre un seul poste. Je l'ai dit ; ce qui nous est arrivée aux dernières élections, c'est parce que nous sommes indisciplinés. Ce n'est pas moi qui ai fait les primaires. Elles ont été réalisées en dehors de nous, par contre les arbitrages ont été faits par un comité présidé par le doyen le ministre Kouma Yao Alphonse. J'ai convoqué mes frères. Il y avait plusieurs candidats indépendants mais issus de nos rangs. Et aucun d'eux ne voulait se retirer au profit de l'autre. C'est comme cela qu'ils sont allés tous en rangs dispersés. Ce qui a entraîné l'échec de tous. Car toutes les voix réunies des candidats PDCI étaient trois fois supérieures au résultat de celui qui a gagné. Je leur ai dit enfin vous n'avez pas honte ? Un grand parti comme le nôtre personne ne veut céder. Chacun veut être le candidat du parti. Je leur ai dit que vous ne pouvez pas être tous candidats du parti. Alors on va hiérarchiser. Faites de la place aux plus anciens. Ça a suffi pour soulever un tollé. Yaya ne m'aime pas disaient certains. Alors que moi j'aime tout le monde.
Interview réalisée à Amanvi par
Diarrassouba Sory
Envoyé spécial à Bondoukou

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