mardi 4 mars 2008 par Le Nouveau Réveil

Au terme de la tournée du secrétaire général du PDCI dans le département d'Agnibilékrou, nous avons tendu notre micro à Abinan Pascal, le délégué départemental PDCI. Dans cette interview, il dit comment fonctionne sa délégation et comment il a réconcilié les cadres PDCI. Abinan Pascal explique aussi le leadership du PDCI dans le département. Monsieur le délégué, pouvez-vous nous présenter brièvement votre délégation départementale?
La délégation départementale PDCI-RDA d'Agnibilékrou se compose de 24 sections, de 136 comités de base, et vous savez que les structures spécialisées que sont la JDPCI et l'UFPDCI sont calquées sur l'organigramme du PDCI. Donc, il y a également 24 sections UFPDCI, 24 sections JPDCI et autant de comités de base pour chacune de ces structures spécialisées.
Arrivez-vous à gérer, comme il se doit, cette délégation départementale quand on sait que dans d'autres délégations, les responsables trouvent parfois que le département est trop vaste pour eux ? Une restructuration serait-elle la bienvenue ?
Nous, nous sommes l'un des plus petits départements de Côte d'Ivoire. Je crois qu'après nous, c'est le département de Toulepleu en terme de superficie. Donc, ce n'est pas nécessaire de procéder à une restructuration. Et puis, la configuration telle qu'elle est faite, il sera difficile d'envisager un découpage parce qu'au niveau de la commune, il y a quatre sections en ville, et puis deux sections qui sont les satellites de la commune : Agni Nord et Agni Sud. Donc, si on envisageait même de découper, il y aura un déséquilibre tel que ce n'est pas opportun. Et puis, comme je l'ai dit, c'est un petit département. Comment gérez-vous donc ce département et quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontées ?
Disons qu'à mon niveau, Dieu merci, je peux dire que je n'ai pas de difficultés particulières. Parce que nous sommes organisés de manière que chacun joue son rôle. Le délégué n'est que le coordonnateur, parce que selon les statuts du PDCI, le secrétaire de section est autonome dans sa section. Ça, beaucoup de militants ne le savent pas. Donc, moi-même, si je dois faire une visite dans une section, ou une réunion dans une section, tant que je n'ai pas l'accord du secrétaire de section, je ne peux pas la faire. Moi, je le sais, parce que j'ai été secrétaire de section pendant 45 ans. Donc, je sais comment fonctionne le PDCI. Je n'ai pas de difficultés particulières, si tant est que chacun fait son travail. Au niveau de la coordination, je tiens mes réunions périodiques et je leur apporte les informations. Depuis la crise, les activités sont restées en berne dans pas mal de délégations départementales. A votre niveau, comment avez-vous animé votre délégation ?
C'est ce que je disais tout à l'heure. Dieu merci, pendant la crise, nous n'avons pas été touchés physiquement au point d'empêcher toute activité politique ici. Notre zone n'a pas été sous le contrôle des Forces nouvelles. Donc nous, nous avons continué nos activités. Correctement les réunions se tenaient, les tournées se faisaient, la présidente de l'UFPDCI a fait sa tournée, le président de la JPDCI a fait sa tournée. Moi, j'ai tenu plusieurs réunions ici (ndlr : à Agnibilékrou) pour leur apporter les informations. A l'issue des rapports des PV (procès verbal), je rends compte à la direction du parti. On a même dit que je suis l'un des délégués qui fait parvenir au secrétariat général adjoint chargé des délégations les PV de toutes les réunions que je tiens. Je fais en sorte de tenir au moins une réunion chaque deux à trois mois. Et je rends compte. Donc, nous nous n'avons pas eu de difficultés. Disons que la crise ne nous a pas empêché de mener nos activités politiques sur le terrain. Monsieur le délégué, dans toutes les délégations départementales du PDCI, le FPI cherche à faire son petit trou. Quelle est la situation à Agnibilékrou ? Seriez-vous menacé aussi par le FPI ?
Le FPI est mort chez nous. Ça, je peux le dire. Le FPI est mort, j'allais dire, d'une mort naturelle. Ils se sont tués eux-mêmes. Parce que vous savez, ce n'est pas parce qu'on est en politique, qu'il faut mentir. On a fait la tournée ensemble, vous avez vu la mobilisation à tous les niveaux où on s'est arrêté. Et même là où le meeting n'était pas prévu, les gens sont sortis pour qu'on s'arrête pour saluer parce qu'ils veulent voir le secrétaire général. Le FPI s'est tué à cause du mensonge, à cause de la désinformation et du dénigrement. Ce sont nos frères. Si nous ne sommes pas en réunion politique, vous allez voir : on est toujours avec eux, on mange ensemble, on fait tout dans nos villages et nos chefs-lieux de sous-préfectures. A force de mentir aux parents, ceux-ci ont vu que c'est des gens qui ne sont pas sérieux. C'est pourquoi, je dis que le FPI est mort ici parce qu'ils se sont suicidés eux-mêmes. Vous voulez parler du prix des produits agricoles que sont le café et le cacao qu'ils disaient pouvoir acheter à 3000F le kg ?
C'est tout le programme. Tout le programme du FPI tel que annoncé, c'est sur du mensonge. Comment voulez-vous dire que dans un pays comme le nôtre, on va faire assurance maladie universelle, soigner les gens gratuitement ? On sait ce qui s'est passé en Europe avec l'assurance en France. Cette caisse est toujours déficitaire bien que ce soit dans un pays développé. Or nous, nous n'avons pas les moyens et vous annoncez ça. Vous êtes censés savoir que vous ne pouvez pas, mais pour tromper les gens, vous le dites. Aujourd'hui, qui a un seul comprimé gratuit dans un centre de santé ? L'école gratuite !! Sur le terrain, les gens se rendent compte que l'école n'est pas gratuite. Même les écoles publiques sont payantes, aujourd'hui. Donc, quand les gens se sont rendus compte, ils ont tourné le dos au FPI. C'est comme si vous vous êtes suicidé vous-même. C'est ça la mort du FPI. Ils cherchaient à percer. Mais très vite, nos parents se sont rendus compte. Donc, qu'ils s'en prennent à eux-mêmes.
On a vu les populations applaudir chaleureusement le secrétaire général quand il abordait la question du prix d'achat des produits agricoles. Notamment le café et le cacao dont votre département est grand producteur. Justement, ils ont dit qu'ils vont acheter le cacao à 3000F. Mais, écoutez, si le cacao s'achetait à 3000F, ça nous profiterait à tous. Mais si mes parents sont riches, alors je suis dégagé de certaines obligations familiales. Donc tout le monde attendait cela. Non seulement ça n'a pas pu être acheté à 3000F, mais même pas à 500F. Il est arrivé des années où le cacao s'achetait à 125F le kg. Donc les parents se sont rendus encore une fois compte que ce monsieur-là a trahi tout le monde. Il a trompé tout le monde. Mais on peut tromper quelqu'un une fois peut être, même deux fois, mais la troisième fois, la personne ne se laisse plus tromper. C'est ça le problème du FPI. Comme nous sommes dans une zone forestière, donc les parents applaudissent le secrétaire général Djédjé Mady parce qu'ils savent que ce qu'il dénonce est la vérité. Monsieur le délégué, c'est donc dire que vous confirmez qu'Agnibilékrou demeure un bastion imprenable du PDCI-RDA ?
Ça, même nos frères du FPI le savent et ils le disent. Ils savent qu'ils ne peuvent pas gagner une seule élection ici, à tous les niveaux. Ce n'est pas dans les 15 ans à venir que le FPI va gagner des postes ici. Ce n'est pas possible. Ça, je le dis sans fanfaronnade. Leur électorat ici n'atteint pas 15%. Entre 10% et 12%, ça serait déjà un exploit pour eux. Ils le savent. Ce sont nos frères, on est toujours ensemble et ils nous le disent en aparté. Ils nous disent que tant que nous sommes là ils ne peuvent rien. C'est la vérité, au moins là, ils sont sincères. Ailleurs peut être mais ici non, le FPI ne peut pas.Monsieur le délégué, à Yobouakro, vous avez annoncé qu'il n'y a plus de clans au PDCI à Agnibilékrou. Est-ce à dire qu'avant, les responsables locaux du PDCI étaient divisés ?
Oui, il faut être honnête. Après les élections du conseil général, il y a eu des problèmes. Moi-même, j'avais été désigné comme le candidat du PDCI. Après, il y a eu tellement de problèmes que je n'avais plus été désigné. Alors, ça a créé énormément de problèmes entre nous cadres, mes frères et moi. Je suis quand même leur aîné. A ce niveau là, des responsables politiques, ceux qui étaient majoritairement avec moi, ne comprenaient pas comment un délégué départemental soit désigné publiquement, officiellement par le parti et que le parti revienne sur sa décision. Donc ces gens là ont dit, si c'est comme ça, on va se mettre en berne. Et il y avait des suspicions partout. Il a fallu que moi-même qui pouvais être considéré comme la victime, je prenne mon bâton de pèlerin pour aller voir mes frères pour leur dire que ce n'est pas à cause d'un poste électif que nous allons nous diviser, nous allons nous séparer. Donc je suis allé vers les uns et les autres. Eux aussi, ils m'ont accueilli en toute fraternité. Il y en a même qui ont dit, tu es le grand frère, tu as fait le premier pas, tu as fait preuve d'humilité, nous acceptons d'être ensemble comme on l'était auparavant. Pour tout dire, c'est le parti qui avait créé ce problème. Moi, je n'accuse pas mes frères. C'était le parti. Heureusement, nous avons réglé ce problème et vous avez vu le président du conseil, le maire et le délégué ensemble. Je le dis haut et fort, c'est le parti qui a créé ce problème parce qu'un parti ne peut pas désigner son candidat qui plus, est le délégué départemental et puis après revenir sur sa décision. Je trouve que ce n'est pas du tout responsable. Et ça, je l'ai signifié à qui de droit. Dieu merci, nous avons aplani tout ça et comme vous l'avez constaté, il y a vraiment l'entente, la fraternité entre mes frères et moi. Et je m'en réjouis parce que si je n'avais pas fait cette démarche et qu'on était resté chacun dans son coin, comment pouvait-on faire en sorte que le PDCI maintienne sa position de leadership ici si chacun tire la couverture vers soi ?
Quels sont les ingrédients, sinon les mots justes que vous avez utilisés pour que la symbiose renaisse ?
Les mots justes, ce sont aussi des mots simples. On n'a pas eu besoin d'un médiateur extérieur. Moi-même qui pouvais me considérer comme la victime, c'est moi qui ai fait le premier pas. Le jour où je suis allé voir mon jeune frère Krémien, quand j'ai parlé, il a dit "grand frère" cette humilité dont tu as fait preuve, vraiment, je t'en remercie. Et on s'est embrassé devant sa femme et un de ses amis. Il m'a même offert le champagne. C'était fini. Est-ce qu'on a besoin de l'intermédiaire de quelqu'un ? J'ai fait la même démarche auprès du maire Kouacou Djah. Les autres, et on a réglé notre problème. Comme on le dit, le linge sale a été lavé en famille. On n'a pas eu besoin de médiateur parce que pour moi, la réconciliation, c'est dans le c?ur. On peut amener mille médiateurs, si votre c?ur n'est pas disposé à accepter, c'est de la façade. Quand vous-même, vous prenez l'initiative, ceux qui vous accueillent sont sincères et puis ça va. Vous avez un autre frère, M. Yéboua Koffi, président fondateur du SYNEPLACI, qui, à Yobouakro, a déclaré qu'il est et demeure au PDCI, ce qui n'était pas perçu de la sorte il y a quelque temps. Un de vos frères qui vient donc en renfort. Quel sentiment vous anime ?
Ça ne fait que me réjouir parce que ce frère, ce n'est pas faute d'avoir tenté. D'ailleurs pour moi, il n'était pas parti. C'était un repos sabbatique si on peut le dire ainsi. Puisqu'à chaque réunion du Bureau politique, je l'appelais pour l'informer. Quand on a la réunion de la délégation départementale, je l'appelais. Donc, je n'étais pas convaincu qu'il était totalement parti. Comme il a expliqué lui-même, son ami est FPI, il a travaillé avec ce dernier qui est devenu ministre. Moi je n'avais pas considéré ça comme un départ. Il dit qu'il est disponible maintenant pour le PDCI, ça me réjouit. Seulement, c'est sa déclaration qui m'a paru incongrue, inopportune. Parce que, comme il ne venait pas, donc il ne savait pas ce qui s'est passé après lui. Au moment où tout est réglé, lui, il pensait à tort qu'on était dans l'ancienne période où il y avait des clans. Donc, il fallait que je rétablisse la vérité et, c'est ce que je fais.

Interview réalisée par
Diarrassouba Sory à Agnibilékrou

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