mardi 4 mars 2008 par Fraternité Matin

Au terme de sa visite en Côte d'Ivoire, le ministre malien de l'éducation tire les enseignements de son séjour. Partout où vous êtes passée, vous avez avant tout salué le retour de la paix en Côte d'Ivoire. On sait pourtant que le motif de votre visite est de découvrir les cantines scolaires.
Je salue tous mes frères ivoiriens, pour leur grande solidarité et surtout pour la paix qui est revenue dans ce pays. Je leur souhaite beaucoup de bonheur. Je suis venue en Côte d'Ivoire pour voir la réalité des cantines scolaires, sachant que cette expérience doit être unique en Afrique occidentale. La Côte d'Ivoire est en train de nous prouver que le maintien dans le système scolaire, le relèvement des taux de scolarité sont fortement dépendants de l'existence des cantines dans une école. Et en montrant toutes les fonctions qui sont rattachées aujourd'hui, à l'existence d'une cantine, on a été véritablement comblé. Qu'est-ce qui vous a particulièrement attiré dans le modèle ivoirien, lors de votre forum?
Lors de ce Forum, nous avions voulu comprendre quels sont les tenants et les aboutissements de la question de l'alimentation scolaire. Nous avons voulu faire de cette question une loi. Donc aller vers une vraie politique en matière d'alimentation scolaire. Et là, Mme Loan Odette est venue chez nous pour nous expliquer tout ce qu'il faut faire, les préalables pour réussir dans ce domaine. Les Maliens étaient tellement conquis par les différentes explications qu'elle a données... Elle nous a invité à venir en Côte d'Ivoire pour voir comment les cantines fonctionnent. Et nous sommes venus. Mais qu'est-ce qui a réellement motivé votre voyage en Côte d'Ivoire?
Nous avons quelques cantines qui fonctionnent au Mali, mais il n'y a pas de véritable politique pour leur gestion. Ce qui m'a beaucoup intéressé ici, c'est que l'on a été capable non seulement de couvrir l'ensemble du pays, mais on a pérennisé les structures. Et cette pérennisation est passée non seulement par un engagement fort de l'Etat ivoirien, qui y croit, mais surtout un apport substantiel des parents. Je crois que le succès des cantines scolaires en Côte d'Ivoire est lié à ces deux facteurs. Finalement, on a l'impression que les cantines scolaires, c'est une affaire de femmes. En Côte d'Ivoire, Mme Loan Daléba en a fait son affaire et aujourd'hui vous avez décidé de mener le même combat au Mali. Oui, c'est une aventure pour nous, pour le moment. Nous étions très hésitante, quand nous faisions le forum. Mais les différentes expériences qui nous ont été contées, nous prouvent que nous avons raison de le faire. C'est une affaire de femmes parce qu'il faut faire le lien entre la femme mère et agent économique, celle qui comprend au mieux les problèmes des enfants. Celle qui voit leur intérêt. C'est la mère nourricière. C'est elle qui sait qu'il faut revenir à la maison à midi pour faire manger son enfant et repartir. Mme Daleba, directrice des cantines scolaires parle beaucoup de l'aide extérieure qu'en pensez-vous?
Mme Loan Daléba a raison lorsqu'elle dit qu'il faut être aidé dans un premier temps. Mais, il ne faut pas que l'aide se perpétue. Il faut pouvoir aller vers l'autonomisation. Si l'on donne au départ un fonds pour faire avancer une cantine, il faut au fur et à mesure rendre les femmes et les hommes qui les gèrent autonomes. Parce qu'ils ont désormais une affaire qui marche. Une affaire qui peut être un poulailler, un élevage. Mais qui donne à la cantine les moyens pour survivre. Voilà pourquoi quand c'est une affaire de femmes, cela ne doit pas choquer. Quand vous êtes arrivée vous avez dit, la Côte d'Ivoire est un pays modèle, il faut l'aider à sortir de cette crise.
Je l'ai dit parce que finalement chacun a compris ce que l'on retire quand les Ivoiriens sont unis. C'est un peuple qui a toujours été un modèle depuis les premières années de l'indépendance, qui a cru que le développement est indispensable ; qui a choisi une voie qui lui a permis de rapidement s'en sortir. C'est pour cela que je dis que 40 années après les indépendances, ce pays est un modèle de réussite, parce qu'il attire beaucoup d'investisseurs. Et c'était un choix.
Lequel?
Un choix économique à l'époque. Chaque Etat indépendant a fait un choix, qui n'a pas été toujours heureux. Mais tous les pays qui ont connu une longue période de développement ont aussi vécu des ruptures. Le développement n'est pas continu. Et ce sont ces ruptures que la Côte d'Ivoire a connues, mais comme on le dit, il faut reculer pour mieux sauter. Et donc maintenant je crois que vous aller faire un bond. Vous vous interdirez la guerre. Ainsi vous vous inscrirez définitivement dans le progrès. Vous étiez candidate à l'élection présidentielle en 2007 au Mali, pensez- vous que les hommes Chefs d'Etat en Afrique ont échoué?
Cela répondait pour moi à une nécessité ; celle de faire entendre une voix féminine dans un combat qui jusque- là était masculin. Une femme dans l'arène politique briguant la magistrature suprême, c'était montrer aux yeux du monde que nous avons une démocratie qui marche. Et les hommes ont été très favorables à cette volonté que j'avais l'année dernière de me battre. J'avais aussi envie de montrer aux Maliens qu'il faut revendique, mais également se battre. Que l'on peut demander à être représenté, mais que les batailles politiques sont irremplaçables. Ce sont elles qui vont nous rendre autonomes. Notre émancipation passe aussi par là ; émancipation parce que l'on est instruit. Mais l'émancipation réelle, elle peut être également politique.



Propos recueillis à Yamoussoukro par



Marie-Adele Djidjé

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