mardi 4 mars 2008 par Fraternité Matin

Rassembleur selon les uns, confligène selon les autres, ce concept a fait couler beaucoup d'encre et... de sang. Dans le cadre de ses grandes conférences mensuelles, l'Université Charles Louis de Montesquieu a reçu comme orateur principal, samedi dernier, Pr Boa Ramsès Thiémélé (maître de conférences en philosophie) pour débattre du concept de l'ivoirité.
En effet, défrichant le thème Ivoirité, identité et intégration africaine : logique de dédramatisation d'un concept, le conférencier soutient que dédramatiser l'ivoirité, c'est aller à la recherche de la vérité et déceler ses interprétations tendancieuses pour la consolider afin d'entrer dans l'intégration africaine et la mondialisation. Car, procédant à l'étude diachronique du concept qui se définit comme le moule fédérateur des peuples de Côte d'Ivoire, Pr Boa Ramsès Thiémélé fait le constat qu'il a été galvaudé dans son évolution. Il affirme que de son contenu culturel des années 1970, l'ivoirité a été utilisée à partir de 1995 sur le terrain politique et a revêtu des connotations la dénaturant. Cette dénaturation, in fine, devenant un argument électoraliste aussi bien pour les adversaires que les défenseurs du concept. Mais le conférencier pousse la réflexion plus loin pour s'interroger et interroger l'opinion sur la probabilité du rôle du versant politique du concept dans la survenue de la crise ivoirienne. Les professeurs Dédi Séry, Amoa Urbain, Dr Ayoun N'Dah, M. Paul Arnaud, personnes ressources de la conférence, rejoindront le conférencier pour arguer que l'ivoirité a contribué à l'émergence d'une conscience nationale. Et ils s'accordent pour dire que le fait de revendiquer l'appartenance à une aire riche de sa diversité culturelle et en affirmer ses valeurs sui generis face aux autres identités nationales, ne peut en aucun cas faire le lit à une rébellion sous le prétexte fallacieux de catégorisation de certaines ethnies ou individus. Ils en veulent pour preuve la sénégalité prônée par Senghor ou l'american way of life qui est le moteur de la grandeur des Etats-Unis d'Amérique et le levier de son développement. En tout état de cause, s'il est admis que l'ivoirité n'a rien à voir avec la guerre, Boa Ramsès déplore le déficit de discernement éthique et intellectuel dont l'intelligentsia ivoirienne s'est rendue coupable en ne recentrant pas aux fins d'une appropriation par le peuple, le débat sur l'ivoirité. Dans la perspective de la sortie de crise, il reconnaît que la conscience nationale se renforcera, étant entendu que le concept sera dépouillé de ses oripeaux politiciens.



Rémi Coulibaly

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