mardi 4 mars 2008 par Notre Voie

Le président de la jeunesse du Rassemblement des Républicains, Karamoko Yayoro, a accepté de s'ouvrir à Notre Voie. Dans notre publication d'hier, il a dit ses espoirs pour une nation ivoirienne sans violence. Dans cette seconde partie de l'interview qu'il nous a accordée, le président du Rassemblement des jeunes Républicains (RJR) explique pourquoi ce sont essentiellement les originaires du Nord de la Côte d'Ivoire que l'on retrouve au parti du Premier ministre Alassane Dramane Ouattara. Suite et fin d'un entretien à bâton rompu.


Notre Voie : Quand vous parlez d'élections, s'agit-il de l'élection présidentielle ?
Karamoko Yayoro : Oui. Mais ce n'est pas seulement à l'élection présidentielle que je fais allusion, mais aussi à toutes les compétitions dans la vie. Même quand il y a deux premiers, on choisit toujours par ordre alphabétique un premier et un premier ex æquo. Donc, il n'y a pas de problèmes. Nous voulons que les élections soient justes, transparentes, démocratiques. Que le vainqueur reconnaisse lui-même qu'il a gagné d'abord, que le vaincu reconnaisse que le vainqueur a gagné. Et qu'ils se félicitent, se disent on va ensemble pour la nation .

N.V. : Pendant que vous déclarez cela, vous dites aussi que votre leader ne peut pas perdre. Est-ce que vous n'êtes pas en train de conditionner plutôt vos militants à préparer la violence en cas de résultat contraire ?
K.Y. : Non, ne croyez pas que le RDR est un parti de violence. Nous ne fonctionnons que sur du concret, nous travaillons que sur la réalité. Mais ce qui est intéressant, c'est que les élections seront certifiées à chaque étape. D'abord, on finit l'identification, la communauté internationale certifie. On fait la liste électorale, la communauté internationale certifie. Après donc les résultats, on ne va pas se mettre dans les rues comme en 2000. S'il y a des revendications, la communauté internationale va d'abord certifier, certainement avant que les résultats ne soient proclamés. Nous sommes donc très sereins. Et nous travaillons dans le sens de gagner ces élections au premier tour. C'est l'objectif que nous nous attribuons. Et c'est le travail que nous faisons. Il reste entendu que si, sur un gâteau, vous avez déjà la moitié et que les autres sont en train de se partager l'autre moitié, si vous aussi, vous allez prendre dans la moitié qu'ils sont en train de se partager, vous ne pouvez qu'avoir la plus grosse part.

N.V. : Puisque vous parlez de gâteau, ne pensez-vous pas que le RHDP émiettera son gâteau puisqu'il aura plusieurs candidats ?
K.Y. : On ne va pas en rang dispersé. Je pense qu'il faut connaître la nature des organisations. On a dit au RHDP que chaque organisation politique peut présenter un candidat à l'élection présidentielle. On ne va pas en rang dispersé. Déjà, on s'est entendu et dans une alliance, il faut savoir la nature de l'alliance. Et il faut savoir la démarche de l'alliance, on a dit que chacun peut se présenter à l'élection présidentielle

N.V. : Ce n'est pas l'avis d'Anaky Kobénan, membre du RHDP qui propose un candidat unique dès le départ
K.Y. : Je pense qu'il a dit ce qu'il pense. Mais, c'est à l'instance des présidents de trancher. Donc, ils vont en débattre certainement. Pour l'instant, ce que nous retenons, c'est ce qui a été dit lors de la signature de la plateforme du RHDP.

N.V. : Alors, sur quoi le RDR fonde-t-il sa conviction de pouvoir gagner la présidentielle dès le premier tour ?
K.Y. : C'est l'organisation de notre parti, les résultats des élections municipales, des départementales où si l'on fait le point, nous ne sommes pas les derniers sur le nombre de suffrages exprimés. Donc ça me réconforte déjà. Vous savez, nous avons fait des tests. Des gens qui étaient dans l'obscurité sont en train d'être éclairés par les discours, la méthode, par la perspicacité de notre président et de ces cadres. Et nous travaillons pour que l'ensemble des Ivoiriens se retrouve autour du RDR et de notre président, le Docteur Alassane Dramane Ouattara. Et nous travaillons de façon ouverte, respectable, pour que les choses se passent bien. Et nous faisons en sorte qu'au-delà de tout cela, les Ivoiriens comprennent que nous sommes des frères.

N.V. : Pour gagner la présidentielle il faut réunir un suffrage très large. Or, aux dernières municipales, on a constaté que dans les villes comme Daloa, Gagnoa, les populations autochtones étaient minoritaires sinon absents des listes RDR

K.Y. : Ce n'est pas une affaire d'autochtones

N.V. : C'est ce qu'on a constaté. N'est-ce pas une preuve que le RDR est trop lié au groupe ethnique de son leader ?
K.Y. : Ah non ! Ah non ! C'est quand même malheureux qu'on le dise parce qu'on travaille avec les militants. Et puis cette affaire d'autochtone, d'allochtone, l'Ivoirien doit être partout chez lui. Parce que tu es dans ta région, on va aller t'attacher et t'obliger à venir te mettre sur notre liste ? Non ! Si les autochtones sont militants, nous les prenons avec nous. Dans le cas contraire, nous n'allons pas les obliger à venir avec nous.

N.V. : Est-ce que vous donnez l'opportunité aux autochtones de venir avec vous ?
K.Y. : Bien sûr ! C'est ce que nous faisons. Et c'est pourquoi nous disons que nous faisons d'eux des partenaires. Mais, il ne faudrait pas que les gens se disent comme je suis de telle région, alors je me couche et on viendra me faire la cour . Non ! Parce que dans la politique, il faut chercher à se positionner. Parce que, là encore, c'est une lutte. Et c'est une lutte au quotidien. Chaque place se mérite.

N.V. : L'autre image que la plupart des Ivoiriens ont du RDR, c'est qu'il est un parti du Nord. Qu'en dites-vous ?
K.Y. : Le RDR est présent dans tous les départements et sous-préfectures de Côte d'Ivoire. D'ailleurs pour ce qui concerne le RJR, nous allons chercher à l'implanter partout, même dans les nouvelles communes, les nouvelles sous-préfectures. Donc, c'est pour dire que nous sommes partout. Nous n'avons pas de problèmes avec ça.

N.V. : Mais il est également constant que partout où vous vous implantez, ce sont essentiellement les communautés originaires du Nord qui militent au RDR
K.Y. : Mais ce sont eux qui sont nos militants. Donc, vous voulez qu'on mette sur nos listes des gens qui ne sont pas militants ?

N.V. : Non, on dit que vous semblez ne pas faire assez d'effort pour approcher les autres
K.Y. : Ah non ! Heureusement que c'est on qui le dit. Nous ne gérons pas la rumeur. Mais on peut dire que tout le monde est approché et tout le monde est impliqué.

N.V. : Et ça donne quel résultat ?
K.Y. : Mais le résultat est en train de suivre. Mais le plus important est que les Ivoiriens sont en train de comprendre qu'un parti politique ne se gère pas sur une base ethnique, sur une base religieuse et que c'est sur un projet de société. Et je crois que c'est le plus important. Et je crois qu'au RDR, nous devons continuer de faire rêver les gens, nous devons continuer d'incarner l'espoir. Et je le dis, nous incarnons vraiment l'espoir aujourd'hui

N.V. : Qu'est-ce que le RDR propose qui constitue le rêve ?
K.Y. : Simplement même le nom de notre programme de gouvernement : Vivre ensemble. Vivre ensemble, c'est la fraternité. Surtout en cette période post-crise. C'est la reconstruction, le repositionnement de la Côte d'Ivoire. C'est aussi et surtout l'appel à la constitution d'une Nation. Parce que je ne veux plus qu'on nous traite d'étrangers en arrivant à Gagnoa. Je ne veux plus qu'on dise en arrivant dans mon village que Dan Opéli est étranger. Non, il n'est pas étranger, il est chez lui, il est ivoirien. Quand il y va, il s'installe sans être inquiété. On lui dit, tu dois payer un terrain, il le paye et puis c'est fini. Parce qu'il doit participer à la construction du lieu où il s'est installé. Mais, en Côte d'Ivoire on est égocentrique, ethno tribaliste Et cela fait qu'on n'avance pas. Quelqu'un qui a pu investir dans une région, qui est né là, qui a tout fait, parce qu'il n'est pas de la région, un beau jour, on lui balance à la figure : Toi tu n'es pas ivoirien, tu es un étranger . Or, c'est un grand opérateur économique de la zone. C'est lui qui a créé de l'emploi, de la richesse, qui a tout fait
Il faut aller dans la construction d'une nation. Cela ne veut pas dire que quand on est quelque part, on y a toute son âme. Il faut donc créer la sécurité psychologique et économique partout pour que l'Ivoirien, où qu'il soit, puisse investir.


N.V. : Est-ce que le diagnostic que vous faites des conflits dans nos régions n'est pas mal posé ? Est-ce que ce n'est pas un conflit sur la terre plutôt qu'un problème ethnique ?
K.Y. : Oui, mais pourquoi y a-t-il conflit sur la terre ? C'est parce que les gens estiment que la terre, c'est pour eux, même si tu as des papiers qui prouvent que la terre t'appartient. C'est là, où il y a problème. Mais, on ne pose pas le problème en terme de gestion de la richesse. Sinon, effectivement, des conflits peuvent naître sur la terre, sur l'eau. Parce que ce sont des richesses et c'est des choses qui se gèrent. Mais, ça ne se pose pas en ces termes. Ça se pose en terme de c'est à moi, c'est ma terre, donc tu dois quitter ici. Vous pouvez vérifiez. Les parents, sont mal à l'aise. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Il y a quelqu'un qui est candidat, il arrive dans sa région, il dit : Non, les étrangers ne doivent pas voter . Parce qu'il sait que si ces derniers votent, il va perdre. Les étrangers ne doivent pas voter. Or si tu es élu maire, président du conseil général, tu l'es pour l'ensemble des populations. Mais tu dis non, non ! Ceux-là ne doivent pas voter.













Interview réalisée par Dan Opéli et Coulibaly Zié Oumar. Collaboration : Elisée Gonçalvès

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