mardi 4 mars 2008 par Le Patriote

Le Président de la Cour suprême, Tia Koné, par ailleurs, Président de la commission de sensibilisation et animation et coordonnateur régional de la visite du chef de l'Etat dans les 18 montagnes y a séjourné, du 18 Février au 01 Mars. Dans cette interview, il parle de l'avancement des préparatifs et des tiraillements entre les cadres de la région de l'Ouest, sans oublier le Général Guéi

Le Patriote: M. le Président pouvez-vous nous faire le point de l'avancement des préparatifs ?
Tia Koné : Cela fait une dizaine de jours que je suis à Man pour sillonner la région et affiner les préparatifs de la réception du Chef de l'Etat. J'ai d'abord fait Man où j'ai assisté à la réunion qui a permis au Préfet de Région, mais cette fois en tant que Préfet de département, d'installer ses comités locaux qui sont les pendants des commissions nationales. A cette occasion, j'ai eu à prendre la parole pour féliciter ceux qui ont été choisis. Non pas parce qu'ils sont les seuls à détenir la science infinie. Mais tout simplement parce qu'il faut un responsable. Je les ai aussi invités à s'entourer de tous leurs frères disponibles. J'ai dû faire taire quelques velléités d'opposition parce que les hommes politiques sont toujours comme ça. Là où il n'y a véritablement pas matière à discussion, ils y trouvent, chacun croyant son fauteuil est en danger. Après quoi, je suis allé à Biankouma où le Préfet de département tenait la même réunion. J'ai prodigué les mêmes conseils à mes frères, en accentuant mes propos de la nécessité de faire en sorte que ce département qui a vu naître le Général Guéï Robert, puisse réserver un accueil des plus chaleureux au Président Laurent Gbagbo. Je leur ai dit là bas que le Chef de l'Etat visiterait Kabakouma qui est le village natal de Gueï Robert. J'ai entendu souven, à travers le pays, un certain nombre d'accusations dénudées de tout fondement au sujet de la mort de Gueï Robert. Je suis allé expliquer à mes parents de Kabakouma que nous ne sommes pas des dieux pour savoir exactement qui a tué Guéï. Il est écrit dans la bible et même dans toutes les écritures saintes que c'est Dieu qui venge. Ceux qui ont tué Gueï, Dieu les connaît donc on laisse leur destin entre les mains de Dieu. Nous autres qui sommes restés devons continuer à nous associer pour continuer l'?uvre de Gueï. Gueï était un faiseur de paix. Il nous a toujours conseillés de ne pas nous en vouloir les uns et les autres. Les parents à Biankouma attendent le Président dans la fraternité. Certes qu'une fois là bas, ils auront des discussions, mais j'ai souhaité que ces discussions soient fraternelles et amicales pour que le Président ait le temps de se mettre en devoir d'apporter le développement à la région.

L.P : Vous avez parlé de tiraillements entre les cadres de la région. Ce qui pourrait entacher cette visite. Mais également le souvenir de Gueï reste encore très vivace dans les esprits. N'avez-vous pas d'appréhensions par rapport à cela?
T.K. : Non ! Vous savez, le Yacouba est très sensible à certaines choses. Quand quelqu'un tombe chez nous on s'arrête et on réfléchit. On se demande : que faut-il faire ? Découragés au début mais après, on se reprend. Il y a d'ailleurs cet adage qui dit : quand un homme tombe, il y a un autre homme qui reste. Voyez vous, c'est très sage. Ils sont parvenus aujourd'hui à se dire que Guéï est tombé, il faut que la vie continue. Il suffit que les cadres eux-mêmes comprennent cet état d'esprit. La mort d'un frère fait mal. Mais on ne peut pas toujours rester dans les larmes. Ce que je demande à mes frères, montrons-nous dignes de l'héritage de Gueï. Il ne faudrait pas que des actes inutiles, des a priori sans fondement, puissent nous gêner à aller à la fraternité avec les autres peuples.

L.P : Président vous disiez tout à l'heure que les populations de Danané et de Biankouma sont prêtes. Est-ce qu'il en est de même pour les autres populations ?
T.K : Oui, les gens sont prêts ! Il suffit de leur expliquer. Evidement à Abidjan il y a certains jeunes cadres qui affirment : Oui le Président Gbagbo doit demander pardon avant de se rendre dans la région. Mais pardon pourquoi ? Parce que c'est lui qui est à l'origine du décès de Gueï ? Lui-même se demande comment cela s'est passé. En aparté, par moments, il me dit : ce que je ne comprends pas c'est qu'au moment où Gueï mourait il devait y avoir 20 militaires que j'ai mis à sa disposition. Comment se fait il qu'aucun de ceux là n'ait été vu à ses cotés. Ça c'est un mystère qui demeure. Quelqu'un qui vous dit ça, cela veut dire que lui aussi cherche comment ça s'est passé. Moi-même j'ai été accusé. Pourtant quand Gueï tombait il m'avait envoyé ici à Man parce que nous avions perdu notre cadet. Je devais venir préparer sa tombe pour ensuite retourner. Lui de venir attendre le corps. Alors on peut faire tant d'élucubrations ! Ces ?'a priori'' ne nous apportent rien. Nous devons aller à l'essentiel. Et l'essentiel ?est la reconstruction de notre département qui a d'énormes potentialités.

L.P : President, à entendre tout ce que vous venez de dire, l'Ouest semble être un panier à crabes. Est-ce que vous pouvez confirmer que le chef de l'Etat sera bel et bien présent le 14 Mars ici à l'Ouest ?
T.K : Vous parlez de l'Ouest comme un panier à crabes ! Mais allez y ailleurs, il y a des paniers à crabes partout. Les cadres dans aucune des régions ne s'entendent. Ici chez moi, je suis au-dessus des partis politiques. Je suis donc disposé à être le point de ralliement de tous ces cadres. J'ai invité les chefs à m'aider pour qu'on parvienne à juguler l'ensemble de ces problèmes qui sont stériles. Eux-mêmes ils en sont conscients. C'est une épreuve de longue haleine mais nous y parviendrons. Il y'a de la place pour le monde. Le Président Gbagbo poursuit la décentralisation par la mise en place d'autres institutions décentralisées comme les régions. C'est encore d'autres postes qui arrivent avec les conseillers régionaux. Pourquoi faire donc des palabres. L'essentiel est qu'on s'entende et qu'on répartisse les rôles selon les critères de compétence.

L.P : Président, vos attentes par rapport à cette visite.
T.K : Nous attendons beaucoup de cette visite. Nous avions amorcé dans le temps, l'électrification, l'hydraulique villageoise, la téléphonie mobile, le tracé de routes. Et nous espérions beaucoup de choses telles que la construction de dispensaires, d'hôpitaux, de maternités, d'écoles et même d'une université régionale. Nous attendons donc de la visite du chef de l'Etat, la reprise de tout cela. Pour que nous aussi soyons au diapason de la nation ivoirienne.
Réalisée par Rahoul Sainfort

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023