Légitimité et légalité. Voilà ce qui manque à toutes les Institutions de Côte d'Ivoire. A commencer par la Présidence de la République. C'est donc à raison que l'accord politique d'Ouagadougou s'est donné dix mois pour organiser ce scrutin. Bien sûr, ce délai n'a pas été tenu. Cela peut se justifier. La date de juin 2008 indiquée par les signataires de Ouaga pour organiser la Présidentielle est donc l'une des principales attentes sinon la principale. C'est vrai, sous la pression de la communauté internationale et de l'opposition, le Chef du Gouvernement, l'un des signataires de l'accord, ne parle plus de fétichisme des dates . Pour autant, il ne semble pas vraiment convaincu qu'il faut aller aux élections avec célérité. L'autre signataire, le Chef de l'Etat, lui, clame qu'il faut aller vite vite vite aux élections. Ça saute aux yeux cependant que cela ne l'intéresse pas. En tout cas pas tant qu'il n'est pas certain de l'emporter. C'est sûr, au moins un des signataires n'est pas pressé d'aller aux élections. Et fera tout ce qui est en son pouvoir pour suivre un agenda personnel. Une analyse pourtant erronée. Parce que, plus le processus s'étirera dans le temps, plus les ennemis de la paix - comme les signataires de Ouaga désignent certains Ivoiriens- auront une grande marge de man?uvre. Plus on prendra son temps pour aller aux élections plus le processus sera en danger et avec lui tous ses acteurs majeurs. La Présidentielle est la principale attente de Ouaga, elle est la clef de voûte de la sortie de crise. Elle ne saurait être tributaire de calculs politiciens. En outre, le démantèlement effectif et efficace des milices, le désarmement des soldats des Forces Nouvelles et l'octroi à chaque habitant de ce pays d'un papier d'identité notamment la carte nationalité d'identité aux nationaux sont aussi des attentes de Ouaga. Certes, des pas sont posés. Mais des pas tellement lourds que le scepticisme d'arriver à temps aux élections va bientôt gagner de nombreux Ivoiriens. Oui, le challenge est difficile et risqué. Mais il revient à chaque ivoirien d'assumer à quel que niveau qu'il soit.
K.I.