mardi 4 mars 2008 par Nord-Sud

Le Premier ministre Guillaume Soro a marqué d'une empreinte forte la Côte d'Ivoire depuis la signature de l'accord politique de Ouagadougou. Nord Sud quotidien revisite les acquis de la transition ouverte avec sa nomination le 7 avril 2007.

Certains lui prédisaient un destin à la Savimbi. D'autres le voyaient finir comme une feuille morte, écrasée dans les mains de Laurent Gbagbo. Guillaume Soro après un an de magister à la Primature a fait mentir toutes les analyses les plus pessimistes sur le processus de paix ivoirien et sur sa capacité à conduire une transition minée par des problèmes insolubles depuis plus de quinze ans.

Le dialogue direct initié par Laurent Gbagbo dans la capitale burkinabè le 3 février 2007 lui a donné l'occasion de se repositionner sur la scène politique. Son bilan politique bien que positif a été émaillé d'incidents liés aux enjeux politiques et aux yoyos des eaux ivoiriennes dans lesquelles le blanc n'est forcément blanc pour tout le monde. Pour l'encourager à se jeter à l'eau, il a fallu la dextérité d'un homme d'Etat, le président Blaise Compaoré. Après des années de tension entre Abidjan et Ouaga, c'était assez téméraire de croire que Laurent et son ami Blaise puissent se retrouver, dans une nouvelle forme de partenariat politique qui garantirait à la Côte d'Ivoire et à la sous-région, au Burkina une paix définitive. Gbagbo n'a pas eu tort de faire confiance à son instinct.

Le chef de l'Etat n'a jamais réellement admis que les problèmes de la Côte d'Ivoire puissent être réglés par la communauté internationale. Lorsque la résolution 1721 lui imposa un nouveau cadre de fonctionnement, il manifesta l`intention de proposer lui-même un plan de sortie de crise : ce fut le "dialogue direct", la main tendue à l'ex-rébellion pour essayer de résoudre les deux gros problèmes en suspens, à savoir le désarmement et l'établissement des listes électorales. Pendant plusieurs mois, il entreprit, le PF, de convaincre le secrétaire général des Forces nouvelles. Le patron des Fn accepte l'offre.

Dans le cadre du règlement pacifique de la crise en Côte d'Ivoire, nous sommes venu dire au président du Faso, président de la CEDEAO, notre disponibilité à participer au dialogue direct qui a été proposé par le chef de l'Etat ivoirien , avait confié Guillaume Soro reçu en audience par Blaise Compaoré, le 23 janvier 2007 à Ouagadougou.

Après près d'un mois de travail et de conciliabules, le camp présidentiel et les forces nouvelles ont levé les points de blocage. Ils ont abouti le 5 mars 2007 à la signature d'un accord de paix dit Accord politique de Ouagadougou. C'est un accord qui consacre une implication plus grande des deux parties dans la résolution de la crise. Si de prime abord, l'opposition (RHDP) s'est sentie marginalisée par cette initiative du chef de l'Etat, elle s'est finalement rangée à l'idée qu'elle devrait soutenir ce processus si elle voulait des élections libres, ouvertes et transparentes. En un an, le chef du gouvernement a réussi à calmer le climat politique et à stabiliser le front sécuritaire.

Voici les acquis du Premier ministre Guillaume Soro

Sur les questions clés de sa feuille de route, on note également une satisfaction. Le dernier rapport des Nations unies a souligné les progrès réalisés.

Le Centre de commandement intégré en marche

Dans un esprit de cogestion des questions liées à la Défense et à la Sécurité, les deux Parties ex-belligérantes ont créé le Centre de commandement intégré chargé d'unifier les forces combattantes en présence et de mettre en ?uvre les mesures de restructuration des Forces de Défense et de Sécurité de Côte d'Ivoire. Il a été installé le 27 avril 20 jours après la prise de fonction de Guillaume Soro. Conscientes que la réunification du territoire ivoirien passe impérativement par la réunification des deux armées belligérantes, les forces de défense et de sécurité et les forces nouvelles ont accepté de rendre opérationnel cet outil. Après la suppression de la zone de confiance et le retrait des troupes onusiennes de cette ligne verte, le CCI malgré ses maigres moyens a réussi à apporter une sécurité relative dans cette zone. : installation des 6 brigades mixtes (Zealé, N'Gattadolikro, Famienkro, Kokpingue, Bonoufla, Bangolo) à travers la sécurisation des examens scolaires ; la reconnaissance des sites de regroupement ; Rencontre avec les chefs d'autodéfense à l'Ouest ; Déploiement d'une section dans le fuseau Ouest à Zou pour la sécurisation du retour des déplacés de guerre ; Elaboration d'un projet feuille de route pour le Désarmement et le démantèlement des milices (Ddm) et le Désarmement, la démobilisation et la réinsertion (Ddr); l'Escorte des préfets dans le cadre du redéploiement de l'administration ; Sécurisation des audiences foraines dans cette zone.

La nouvelle armée en constitution

Elle est en préparation. Le Chef de l`Etat a pris, le 20 février un décret en vue de la réforme des forces armées. Conformément au décret N° 2007-645 du 20 décembre 2007 portant création, attribution, composition et fonctionnement du groupe de travail Restructuration et refondation de l`armée. Ce Groupe comprend trois organes : le Comité de pilotage présidé par le chef du gouvernement et qui se réunit tous les 15 jours ; le Comité scientifique qui se réunit au moins une fois par semaine et le Secrétariat technique. A l'initiative des Etats-majors des deux forces ex- belligérantes, une réunion quadripartite (Fds-Fafn-Licorne-Onuci) le lundi 25 à laquelle ont pris part les généraux Philippe Mangou et Soumaila Bakayoko, commandants des deux forces. Une semaine plus tôt, une séance de travail préliminaire a eu lieu pour bâtir un ordre du jour précis et une méthodologie de travail consensuelle.

La question des grades réglée

Après plusieurs mois de discussions avec le facilitateur, il est acquis aujourd'hui que la question des grades concerne un total de 695 soldats membres des Fds-FN, qui ont quitté les rangs des Fds-CI pour s'engager dans l'ex-rébellion. Leurs cas seront traités différemment. Il y aura le groupe de ceux qui recevront des grades dits politiques. Ce groupe rassemble les chefs de guerre, les commandants de zone, les chefs des unités paramilitaires (police, gendarmerie) et certains chefs de sécurité. Ils sont environ une vingtaine de personnes. Ces militaires garderont les grades qu'ils ont acquis dans leur armée. Le général Bakayoko, le général Gueu, le colonel Bamba Sinima, les Lt-colonels Ouattara Karim, Yéo, les commandants Ouattara Issiaka Wattao, Chérif Ousmane, Hervé Vetcho Touré, Morou Ouattara, Fofié Kouakou, garderont leurs grades dans la nouvelle armée réunifiée. Pour le reste des ex-Fanci, l'on appliquera la règle d'uniformisation des grades. Chaque soldat des Fds-FN qui veut intégrer la nouvelle armée sera aligné sur le grade le plus élevé acquis par ses camarades de promotion. Concrètement cela signifie que si vous êtes lieutenant chez les Forces nouvelles, on regarde les grades de vos camarades de promotion au sein des Fds-CI. Si le plus gradé est sergent-chef, automatiquement, vous héritez de ce même grade. A contrario, si vous êtes demeuré sergent-chef tout le temps qu'a duré la crise et que certains de vos camarades de promotion sont devenus lieutenants, vous bénéficiez automatiquement de ce grade. Chez les Forces nouvelles, environ une trentaine voire une quarantaine de soldats recevront dans la nouvelle armée réunifiée, des grades inférieurs à ceux qu'ils portent dans l'armée des Forces nouvelles. Ceci pour une raison bien simple. Plusieurs d'entre eux ont rejoint les Forces nouvelles en arborant des grades supérieurs à ceux qu'ils avaient en réalité. Et leur promotion a été faite sur la base de ces grades déclarés. Il y aura également un ajustement vers le haut pour une dizaine de soldats de l'ex-rébellion. Leur carrière militaire a été retardée d'un avancement par rapport à leurs camarades de promotion. Ils seront rétablis dans leur droit.

Le cas des autres membres des forces de défense et de sécurité des Forces nouvelles est quasi-réglé, également. Un quota de cinq mille places leur a été réservé dans la nouvelle armée. Ceux qui répondront aux critères de sélection et seront admis, entreront avec le grade de caporal, c'est-à-dire le grade des 90% des membres des Fds-FN. Ils ne seront donc pas rétrogradés.

Les audiences foraines exécutées

Le chef du projet audiences foraines, Mme Périne Liadé Nahounou, dans notre édition du 20 février, a fait le point partiel des opérations réalisées par 111 équipes sur tout le territoire national. Nous avons réussi aujourd`hui à déployer les 111 équipes qui étaient prévues pour l`opération sur le terrain. Ce déploiement s`est fait par vagues successives. La première vague composée de 25 équipes a été déployée depuis le 3 octobre 2007. La deuxième vague qui comprend 30 équipes a été déployée depuis le 30 décembre 2007. Puis la troisième vague composée de 56 équipes depuis le 20 décembre 2007 () A ce jour, nous pouvons estimer à 300.000 le nombre de requêtes accordées à ceux qui en ont fait la demande. Elles se poursuivent encore dans certaines localités.

L'identification en route

Sujet majeur de discorde dans la précédente transition, l'Identification a secoué moins le landernau politique depuis la signature de l'Accord politique de Ouagadougou. L'opération est en phase de rodage. La preuve, le Premier ministre, Guillaume Soro a remis le 22 février dernier, à l`opérateur technique Sagem, désigné pour conduire le processus d`identification de la population ivoirienne, le cahier des charges et la feuille de route. Cette cérémonie a marqué la fin de plusieurs mois de négociations en vue d`aboutir à un consensus entre les différentes parties. Pour rendre opérationnel cette tâche, un Groupe de travail sur l`identification, présidé par le Premier ministre, a été mis en place. Il comprend aussi bien des membres du gouvernement que les responsables des structures techniques impliquées dans le projet.

Cette nouvelle est d`ailleurs bien accueillie par l`ONUCI. L`ONUCI se félicite de l`adoption du cahier des charges pour la mise en ?uvre des opérations d`identification de la population et de recensement électoral que lui a transmis ce mercredi le gouvernement ivoirien. Il s`agit d`une avancée importante dans le processus électoral et d`une nouvelle expression de l`appropriation nationale du processus de paix dans son ensemble, avait déclaré la mission onusienne, dans un communiqué publié dans la presse.

Le redéploiement de l'administration, enjeu capital pour la bonne tenue des élections générales en Côte d'Ivoire, a atteint un bon niveau d'exécution.

Le redéploiement de l'administration presque bouclé

La crise déclenchée en septembre 2002, a occasionné le déplacement de 24.000 fonctionnaires et agents de l`Etat du Nord au Sud de la Côte d`Ivoire.

Sceptiques au départ, plus de 70% de ces déplacés, (préfets, secrétaires généraux de préfecture, sous-préfets, instituteurs, professeurs, infirmiers et infirmières, sages-femmes pour la plupart) sont aujourd`hui repartis dans les zones Centre, Nord et Ouest pour contribuer à la restauration de l`autorité de l`Etat. Conformément à l`Accord complémentaire de Ouagadougou qui précise qu`au plus tard le 30 janvier 2008, tous les fonctionnaires à redéployer doivent être à leurs postes dans les zones centre, nord et ouest (CNO), le Comité national de pilotage du redéploiement de l`administration (CNPRA) organise régulièrement des missions d`information et de sensibilisation. Avec l`appui du cabinet Phoenix Consultants par exemple, du 13 au 18 janvier, les membres des deux équipes se sont rendu dans les de Divo, Agboville, Bongouanou et Bondoukou pour amener les fonctionnaires et agents de l`Etat à respecter le délai de retour au poste.

D'autres missions ont été initiées en zone CNO, précisément à Man, Séguéla et Odienné, à l`endroit des personnels d`encadrement, leaders d`opinion et populations d`accueil. But visé: préparer ceux-ci à adhérer au processus du retour des fonctionnaires et les sensibiliser à la nécessité de maintenir, en éveil, la cohésion sociale.

En zone CNO également, les sous-préfets qui ont été redéployés dans la région de Korhogo ont effectivement repris du service à la grande satisfaction des populations. Pour se rendre compte que ces derniers ont effectivement rejoint leur poste d'affectation, une mission du Cnpra a pris ses quartiers dans la cité du Poro, Korhogo, les 20, 21 et 22 octobre pour faire le constat de leur prise de fonction. Les services du secrétaire général du Cnpra, Guébo Dja Eben Ezer, se sont ainsi rendus compte de la présence effective des onze (11) sous-préfets de la région des savanes sous le commandement du préfet de région, Tahan Auguste. Et, celui-ci, s'affairait à présenter chaque sous-préfet à la population de la localité où il a été affecté. Les localités de Korhogo, Napié et Karakoro , de Guiembé, Sirasso, Komborodougou, Sinématiali, M'Bengué, Tioronaradougou, Dikodougou et Niofoin ont été également pourvus. Comme quoi, la normalité est à portée de main.

Assoumane Bamba

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