La mauvaise humeur observée depuis quelques jours par les grévistes de Yopougon est retombée dimanche dernier, suite à l`intervention du chef de l`Etat, qui déjoue ainsi un gros piège à lui tendu.
Il s`en est fallu de peu que le transport soit totalement paralysé hier, dans tout le district d`Abidjan. C`est que, devant le peu d`entrain observé jusque là par les autorités gouvernementales, les conducteurs grévistes de Yopougon, envisageaient sérieusement d`étendre leur mouvement à toute la capitale économique, en contraignant tous les autres moyens de transport en commun, à tirer le frein à main. Et comme pour montrer qu`ils étaient loin de plaisanter, les collègues du défunt Bamba Lanciné, ont entrepris, dimanche dernier, en début d`après-midi, à saccager les autres véhicules qui assuraient le transport des populations, à Yopougon. Il a fallu l`intervention prompte des forces de l`ordre pour que les actes de vandalisme ne prospèrent pas. Mais aussi et surtout, l`implication personnelle du président Laurent Gbagbo, qui, devant le pourrissement annoncé de la situation, a dépêché auprès des grévistes, son collaborateur, Gervais Coulibaly, porte-parole de la Présidence de la République. Ce dernier, en fin diplomate, a su, dit-on, trouver les mots justes pour apaiser et vaincre la résistance des grévistes. Une résistance alimentée, selon de bonnes sources, par des réseaux politiques de l`opposition qui entendaient faire de la récupération. Nos sources indexent principalement le ministre des Transports, Albert Mabri Toikeusse, et le Rassemblement des républicains (Rdr). A les en croire, le peu d`entrain à vouloir juguler la crise, observé chez le président de l`Udpci, depuis le premier jour du débrayage, n`est par fortuit. Il répond à une stratégie bien huilée de pourrissement de la situation, qui aurait eu pour conséquences de dresser, sans autre forme de procès, les populations abidjanaises contre le régime Gbagbo, pour, dit-on, indifférence devant les souffrances des abidjanais. Et naturellement, en première ligne des contestataires, devraient prendre place, les militants du Rhdp, qui eux avaient pour rôle, de transformer la mauvaise humeur des transporteurs en une insurrection. La coordination Rdr de Yopougon, sous la houlette de Gilbert Kafana, le secrétaire à l`organisation du parti ouattariste,-dont on sait qu`il compte beaucoup de militants dans le milieu-, a, confient des sources, multiplié les réunions nocturnes dans ce sens, tout le week-end dernier. Selon notre informateur, c`est cette tentative de récupération politicienne de la révolte des conducteurs, qui a provoqué la division dans les rangs des grévistes. Avec d`un côté, l`aile dure des militants , conduite par Touré Adama, président de la coordination nationale des gares routières, et de l`autre, Diakité Yacouba, président de la fédération nationale des chauffeurs de Côte d`Ivoire, jugé plus modéré, et faisant fi de sa sensibilité politique dans le combat corporatiste. Ce sont, toutes ces informations, faisant état des basses man?uvres du Rdr, dans le milieu des transporteurs, qui ont été portées à la connaissance du chef de l`Etat. Qui a aussitôt pris le taureau par les cornes pour désamorcer la bombe programmée pour exploser hier matin, par ses adversaires politiques. Gervais Coulibaly et Charles Blé Goudé sont donc descendus sur le terrain pour briser les plans de Mabri Toikeusse et du Rdr. La suite, on la connaît. C`est sûr, le serpent n`est pas encore mort.
Géraldine Diomandé