mardi 4 mars 2008 par Le Matin d'Abidjan

Notre pays est malade. La Côte d'Ivoire a mal à sa salubrité !, a déclaré ce week-end, un brin amer, le représentant de Diagou Gomont Jean Baptiste, maire de Cocody et président de la campagne de sensibilisation contre l'insalubrité lancée par la Jeune Chambre internationale d'Abidjan (JCI) le samedi dernier à l'Institut national de la santé publique à Adjamé. Il ne croyait pas si bien dire. En effet, passant au peigne fin la gestion des ordures dans le District d'Abidjan depuis les indépendances jusqu'à nos jours, Dr Patrice Tagro, directeur du département Environnement du Bureau d'études techniques et de développement (BNETD), a relevé les nombreux dysfonctionnements dans la gestion des ordures qui ont conduit aujourd'hui le District d'Abidjan à être envahi par celles-ci. De fait, le conférencier, se prononçant sur le thème : Impacts de l'évolution du cadre institutionnel de gestion des ordures sur la salubrité à Abidjan et perspectives, s'est voulu très clair : du temps où la collecte, le transport et la décharge étaient rigoureusement contrôlés, ni Abidjan ni une autre ville du pays n'étaient aussi sales qu'aujourd'hui. Depuis plus d'une décennie, insiste Dr Tagro, c'est le désordre total dans la gestion des ordures. Il en veut pour preuve la non différenciation entre déchets ménagers et assimilés, volumineux quotidiens (gravats, casses, appareils électroménagers, etc.), déchets industriels solides, etc. Il a également dénoncé l'informel qui s'est installé autour de la gestion des ordures. On ne gère pas une ville comme Abidjan par une approche informelle des choses , a déploré l'expert. Tout ceci a eu pour conséquence, selon lui, l'engagement d'opérateurs amateurs, un matériel inadapté et mal utilisé. Au regard de ce tableau sombre qui fait d'Abidjan ?'la merde des Lagunes'', le directeur de l'environnement du Bnetd a recommandé que les prochaines réformes du secteur prennent nécessairement en compte des études techniques préalables, la sélection d'opérateurs professionnels, l'élaboration de cahiers de charges concis, précis et adaptés. Dr Tagro a aussi proposé comme stratégie, la création de deux zones de collectes, deux centres de transfert et d'un centre technopole de traitement des déchets que le Bnetd situe dans la région d'Azaguié. Il importe qu'au-delà de tout cela, l'on connaisse la nature de nos déchets , a-t-il insisté. Avant de conclure qu'une étude préalable ne nécessitera pas plus de 20 millions de francs cfa. Avant d'entamer sa conférence, l'expert du Bnetd a projeté un film qui a permis à l'auditoire de mesurer l'ampleur de la saleté dans les différentes villes du pays. La société Afnet qui était associée à la cérémonie a promis une connexion Internet à tous les élus municipaux de Côte d'Ivoire. Signalons que le lancement de la campagne était placé sous le parrainage du ministère de la Ville et de la salubrité urbaine.

Bonfils N'DRI
(Stagiaire)

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