mardi 4 mars 2008 par Le Jour

Un coup d'Etat en préparation à partir du Ghana voisin, avec la participation du Général de Division Mathias Doué et du Major Ibrahim Coulibaly dit IB? Le message de l'ancien chef d'Etat major des armées est assez retentissant : Je ne suis pas un putschiste et je n'ai pas l'âme d'un putschiste . Cette affaire est finalement en passe de rattraper ses concepteurs et faire éclater au grand jour les dossiers explosifs du palais présidentiel.

Le coup d'Etat en préparation au Ghana, dont la presse s'est fait écho de la tenue d'une réunion secrète à Cap Coast, ville voisine de Takoradi, livre progressivement ses secrets. Un scénario, les mêmes acteurs et les mêmes metteurs en scène. Des sources concordantes dévoilent une vaste opération de manipulation partie d'un noyau de sécurocrates agissant pour des intérêts croisés. Il est avéré que depuis le coup d'Etat avorté de Major Ibrahim Coulibaly dit IB, dénommé Noël à Abidjan , la sécurité du chef de l'Etat Laurent Gbagbo a redoublé de vigilance. Elle prend au sérieux tous les rapports et même des rumeurs les plus fantaisistes. Puisque Noël à Abidjan a failli réussir l'exploit de se jouer des officiers supérieurs, et même des généraux pourtant saisis du dossier dès les premiers coups de fil. Il aura fallu que la Première Dame, informée à temps, tape du poing sur la table et tire les oreilles à ces militaires un peu trop sûrs de leurs diplômes de guerre pour croire à un déluge de feu provenant d'un petit sergent sans troupe, fût-il le plus doué de sa génération. Les enquêtes vont établir que la République est passée à côté d'une tragédie sans nulle pareille en Côte d'Ivoire. L'une des leçons tirée de ce coup d'Etat avorté est de ne plus rien négliger dans la sécurité du chef de l'Etat. Avec un accent particulier sur les militaires encore en exil. Je ne suis pas un putschiste. Je n'ai pas l'âme d'un putschiste Le Général de Division Mathias Doué se trouve être dans le lot de militaires dont la situation d'exilé gênerait tous les régimes. De là à lui coller la préparation d'un coup d'Etat à partir du Ghana, en collaboration avec le cerveau de Noël à Abidjan , il y a un pas que ses détracteurs ont vite franchi. Dix jours après l'annonce de sa présence à Cap Coast près de Takoradi, les langues se délient. Au Palais présidentiel, le cas Doué fait sourire plus d'un. Entre la tentative de le présenter comme un putschiste et un militaire attaché à l'éthique de la tenue, les faits plaident en faveur de l'ancien chef d'Etat major des armées. Un groupuscule s'emploie à défendre la première thèse à partir des événements de novembre 2004. Des sources introduites confient que les détracteurs du Général sont en minorité, un noyau à la carapace dure qui voudrait se saisir du malaise au Palais pour éloigner définitivement Doué de la terre natale, si tant est que la sécurisation du pouvoir du Président Laurent Gbagbo tient à cette conditionnalité. Du 24 février 2008 à ce jour, les enquêtes disculpent Doué. Le concerné ne compte pas rompre le silence si tôt. Préférant laisser le temps de faire ses effets et aux enquêteurs de révéler au grand jour la vérité. Un seul message que le Général Mathias Doué invite à garder comme une prescription authentique sur son passage aux hautes affaires de l'Etat : Je ne suis pas un putschiste. Je n'ai pas l'âme d'un putschiste . Ainsi, la vérité sur les événements des 4 et 5 novembre 2004 est tout autre. Mathias Doué n'a jamais été dans un char en train d'aller à la RTI pour prendre le pouvoir , confirment des sources concordantes. L'homme aurait refusé de prendre ce pouvoir qui avait déjà échappé au président Laurent Gbagbo depuis le bombardement de la base française de Bouaké sur ordre de son cabinet civil. Doué a fait prévaloir le côté républicain au détriment de toutes autres considérations. Le chef de l'Etat Laurent Gbagbo, qui le sait plus que quiconque aurait opté pour son retrait afin d'éviter, entre autres raisons, des conflits de compétence dont il ne pouvait imaginer les effets dans son environnement. Quand on remonte la carrière du Général Mathias Doué, l'on est tenté de lui donner quitus. En effet, c'est vers lui que les jeunes soldats se sont dirigés en décembre 99. Mais il a décliné l'offre, les envoyant vers le Général Robert Guéi. C'est encore lui qui prend faits et cause pour le Front populaire ivoirien à la formation du gouvernement de Transition, en dénonçant la trop forte coloration RDR. Quand le 24 octobre 2000, un contentieux électoral éclate, c'est Mathias Doué qui donne le pouvoir d'Etat à Laurent Gbagbo. Même scénario en septembre 2002. Ici, il a risqué au prix de sa vie. Puisque l'armée officielle qu'il dirigeait n'avait pas d'armes quand le cabinet civilo militaire du chef de l'Etat gérait tout. Une affaire de centaines de milliards de commissions sur l'achat des armes. Malgré tout, il a assuré ses responsabilités. Jusqu'à novembre 2004. La suite est connue. L'heure du retour au bercail L'annonce du retour au bercail fait trembler quelques noyaux durs dont la présence du Général gênerait les intérêts. Rien que par sa présence et par un simple regard, Mathias Doué fait trembler. Mais, comme le souhaite le chef de l'Etat Laurent Gbagbo, il faut bien mettre fin à cette vie d'exilé. Qui contribue davantage à fragiliser la sécurité du Président de la République et à nuire surtout le Général lui-même. Personne n'y gagne véritablement. Sauf les charognards et les pêcheurs en eaux troubles.

Edouard GONTO

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