jeudi 13 mars 2008 par Le Temps

L`engouement des populations autour de la visite d`Etat du Président Laurent dans le Denguélé et le Bafing est total. Mais la date de cette tournée reste encore inconnue. La bataille épique que se livrent les forces politiques pour avoir la primeur de la lecture du discours en serait la cause. Incursion au coeur des préparatifs. Le président de la République SEM. Laurent Gbagbo effectuera une visite d`Etat dans les régions du Denguélé et du Bafing. L`engouement est totale dans ces deux parties du pays, seule la date reste à être connue. Les filles, fils, élus, cadres et autorités administratives des deux régions travaillent, ensemble, pour la réussite de ces retrouvailles entre le premier citoyen du pays et les populations. Parce que, la visite d`un chef d`Etat est toujours bénéfique pour une région sous nos tropiques. En ce sens qu`elle est une bonne occasion pour les populations de présenter toutes les formes de doléances et surtout de leur trouver satisfaction. Mais pourquoi y a-t-il l'engouement de populations autour de ces deux visites alors que leurs dates ne sont-elles toujours pas connues ? Dans notre tentative de trouver des éléments de réponse à cette question, il nous a semblé que tout tourne autour des doléances. Notamment, la personne la mieux indiquée aux yeux des populations qui sera chargée de présenter lesdites doléances. Et c`est à ce niveau qu`intervient l`enjeu politique. L`unanimité faite autour de lui à Odienné fait peur au ministre Sy Savané. L`organisation de la visite d`Etat du Président Gbagbo à Odienné, probablement en avril, ne sera pas loin de celle effectuuée dans la vaste région des Savanes fin novembre 2007. Président du comité d`organisation, le Premier ministre Guillaume Soro avait responsabilisé chaque membre de son gouvernement dans le domaine dont il a la charge. Ainsi la commission transport avait été l`affaire du ministre des Transports, la logistique à celui des Infrastructures économiques, la santé, la communication etc. à leurs titulaires respectifs. Cependant, le chef du gouvernement n`avait pas occulté l`importance des élus et cadres et l`implication massive des populations des départements visités par le chef de l`Etat. Cette organisation mise sur pied avait bien fonctionné que l`on n`avait pas trouvé à redire. S`en inspirant, Guillaume Soro veut rééditer sa méthode à lui. Mais en dehors des préfets, les sous-préfet et les Secrétaires généraux de préfecture dont la disponibilité est sans calcul ( ?), le chef du gouvernement pourrait buter sur certaines positions très politiciennes.
En effet, si Odienné est unanime pour reconnaître que cette visite présidentielle peut lui apporter beaucoup au plan du développement, les partis politiques en revanche, bien que partageant cette joie, comptent mettre l`arrivée de Gbagbo à leur profit. Le RDR, le FPI, le PDCI et peut-être aussi les Forces nouvelles, tous veulent rentabiliser l`arrivée de Gbagbo. Le fils de la région, le cadre qui sera désigné pour présenter les doléances des populations sera perçu comme celui grâce à qui ces doléances se sont accomplies. Une tribune dont il pourrait profiter pour glisser quelques éloges à l`endroit du président de la République. Une situation qui, à coup sûr, pourrait d`abord tourner en sa faveur dans son ambition politique ou au plan social en tant que cadre, ensuite en la faveur de sa formation politique. Or, Odienné n`est pas une ville vierge. Elle est la " chose " du RDR. Mairie, conseil général, députation bref, tout ce qui est poste électif est aux mains de ce parti qui n`entend rien concéder. Et ce n`est pas l`annonce de l`arrivée de l`adversaire politique Laurent Gbagbo, fut-il chef de l`Etat, qui pourrait changer la donne. Bien au contraire, tout dans cette ville respire RDR. Alassane Dramane Ouattara, son président y a son village : Gbélégban. Lequel fait partie du bastion "imprenable", Kong, petite agglomération mais symbole du pouvoir des Ouattara. Rien qu`à ce titre, le RDR ne peut laisser prospérer un éventuel raz-de-marée du FPI. Or, les militants du FPI, parti qui a envoyé le Président Gbagbo au pouvoir ne peuvent laisser l`exclusivité de l`organisation de cette visite, bien que d`Etat, de leur champion ni aux mains du RDR ni de Guillaume Soro, fut-il Premier ministre, encore moins aux soins des cadres PDCI. Pour le parti d`Affi N`Guessan, plus qu`une question d`opportunité d`occupation rationnelle d`un terrain naguère hostile, c`est une question d`honneur. Le PDCI de Bédié joue le mort. Mais ses man?uvres ne sont pas aussi discrètes qu`il tente de le faire croire. Le vieux parti mise sur deux vieux chevaux que sont le doyen Touré Vakaba et le Général Youssouf Koné, Grand Chancelier. Vakaba pourrait revenir à la surface du marigot politique local ou même national si son choix est confirmé par le comité d`organisation. Alors que le Grand Chancelier, militant PDCI, mais également proche du Président Gbagbo entend un coup d`éclat politique. Le Premier ministre Guillaume Soro qui assiste à ces tentatives de récupération de "son" organisation bat les cartes dont il dispose. Se voulant à équidistance des querelles politiciennes, il aurait, selon des indiscrétions, un penchant pour l`actuel ministre de la Communication. En effet, sa couleur politique est très nuancée. En plus le ministre Ibrahim Sy Savané bénéficie d`un crédit auprès des populations. On le trouve discret, travailleurs et efficace. Il serait le choix du Premier ministre, par ailleurs, président du comité d`organisation. Mais très soucieux de ménager la susceptibilité des anciens et des sages à qui il voue un respect à la limite du culte, Ibrahim Sy Savané pourrait respectueusement décliner l`offre de son patron. A quelques semaines de la visite d`Etat à Odienné, les options sont clairement affichées de part et d`autre. Celui qui lira le discours de présentation des doléances aura fortement contribué à faire avancer son parti dans l`estime des populations. Touba, Lamine Fadika bien parti pour lire le discours. La guerre de positionnement à Odienné est sensiblement la même à Touba. Cadres, élus tous veulent être au premier plan. Nonobstant l`implication des Administrateurs telle que cela se fait en pareille circonstance, le maire se veut plus habilité. A sa qualité de premier magistrat de la ville, prendre la parole au nom des populations serait dans l`ordre normal des choses pour le maire. Toutes choses que, s`estimant plus représentatif du point de vue départemental, le président du conseil général conteste avec force d`arguments. Mais à côte de ces élus locaux, l`on a des ministres. Certains sont dans l`actuel gouvernement, d`autre non. Mais ces derniers ont une influence certaines sur les populations. Dans le Bafing, une personnalité sort du lot. C`est l`ancien ministre de la Marine sous Houphouët-Boigny, ancien ministre des Mines et des Ressources pétrolières sous Bédié, lui c`est Lamine Fadika. En effet, le Contre Amiral, député et vice-président de l`Assemblée nationale, Lamine Fadika a l`estime des populations. Son background lui confère indéniablement de la notoriété. Il aurait été désigné à l`issue d`un vote à main levée pendant une réunion des préparatifs au cours de laquelle l`on a aussi procédé au recensement des doléances. Son expérience dans la politique nationale et sa sagesse dans les affaires de la région du Bafing font de Lamine Fadika, le potentiel discoureur à l`occasion de la visite d`Etat du Président Gbagbo. Mais la tâche ne sera pas pour autant facile pour lui. Parce que son parti, le PDCI-RDA n`est pas forcément en roue libre à Touba. Sérieusement contesté qu`il est par ses rivaux, le RDR et le FPI. Pour qui l`arrivée du chef de l`Etat présente une opportunité de positionnement à ne rater sous aucun prétexte. En dépit de tout, les travaux et les préparatifs vont bon train, tout le monde a la main à la pâte. En attendant l`accomplissement des doléances par le chef de l`Etat, on s`affaire pour donner un lustre nouveau au visage de Touba. Toutes choses qui dénotent de l`engouement général des populations à réserver un accueil digne au Président Gbagbo. Il n`empêche, entre deux réunions des commissions locales, les intrigues ne manquent pas. A Touba comme à Odienné celui qui réussira à se faire coopter pour présenter le discours face au chef de l`Etat se donne une bonne longueur d`avance sur ses rivaux. Le Premier ministre Guillaume Soro ne saurait rendre publique la date de cette visite d`Etat sans auparavant aplanir toutes ces divergences.

Simplice Allard al08062317@yhoo.fr

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