mardi 18 mars 2008 par L'intelligent d'Abidjan

Nommé récemment, représentant du Port autonome d'Abidjan au Niger, à l'issue d'une mission commerciale et économique, M. Abdoul-Razack Hima estime que Marcel Gossio ne s'est pas trompé sur sa personne. La tâche est grande, mais, il pense qu'avec le soutien et l'appui de tous, il pourra relever tous les défis. Dans cet entretien il dit pratiquement tout sur le Port autonome d'Abidjan et sa mission au Niger.

Monsieur le représentant, quels sont vos premiers mots à l'endroit des autorités nigériennes et ivoiriennes après votre désignation en tant que représentant officiel du Port autonome d'Abidjan?
Je profite de votre question pour, au nom du personnel de CET, et son Président Directeur Général, ainsi qu'en mon propre, remercier et saluer, la forte délégation Ivoirienne de la Communauté Portuaire d'Abidjan, mais plus particulièrement son Président, Monsieur Marcel GOSSIO, pour son initiative de rapprochement des communautés d'affaires nigériennes et ivoiriennes dans un élan porteur de promesses et d'opportunités nouvelles à saisir. Mes vifs remerciements, vont à l'endroit des autorités et institutions nigériennes, notamment au Ministre des Transports et de l'Aviation Civile, au Ministre du Commerce de l'Industrie et de la Normalisation, au Directeur Général du CNUT et au Président de la Chambre de Commerce, pour respectivement leur soutien et distinguée présence à la cérémonie. Enfin à mes parents, amis et connaissances qui sont venus si massivement, je voudrais leur exprimer toute ma reconnaissance.

Etre représentant d'un port aussi important comme celui d'Abidjan, qu'est-ce que cela représente pour vous ?
C'est pour moi un évènement à jamais gravé dans ma mémoire, tellement l'honneur est grand. Tout naturellement je suis animé par un sentiment de joie pour la bonne raison qu'après une audition de plusieurs candidats, je suis choisi par une entité de référence internationale, qu'est le Port autonome d'Abidjan, pour représenter ses intérêts dans notre propre pays, je ne peux que me réjouir.

Votre désignation émane elle des autorités nigériennes ou un simple choix des opérateurs économiques du Niger ?
A ma connaissance, les autorités nigériennes n'ont pas été impliquées dans le choix en tant que telle, même si elles ont été ravies du fait que ce soit un local très représentatif qui ait été choisi. Quant aux opérateurs, je ne sais pas, il faudra peut-être, poser la question à la délégation du port d'Abidjan qui a procédé à l'audition des candidats potentiels, lors de la mission préliminaire au mois de février 2008. Cependant, l'on peut aisément imaginer sans risque de se tromper que l'équipe des auditeurs a fait sa propre investigation dans le milieu des opérateurs économiques ; voire même auprès des partenaires institutionnels tels que le CNUT et CCIAN.

Qu'est-ce que cela représente pour vous, d'être desservi à partir du Port autonome d'Abidjan ?
C'est avant tout, une assurance et un gage d'un service portuaire de qualité. Aujourd'hui la notoriété de ce port autonome d'Abidjan a dépassé toutes les frontières, on ne peut que se réjouir du retour en force du port d'Abidjan au Niger.

Le Niger fait frontière avec la Libye et le Nigeria, deux pays portuaires. Pourquoi le choix du port autonome d'Abidjan ?
Vous savez, l'une des préoccupations les plus importantes des opérateurs reste la sécurité de leurs marchandises. Je pense que de ce point de vue que ces ports ne peuvent pas concurrencer celui d'Abidjan qui vient d'être certifié au code ISPS et ISO 9001, version 2000, gage de la qualité et de la sécurité.

Quelle place occupe aujourd'hui le PAA en Afrique ; voire dans le monde ?
Le port que j'ai l'honneur de représenter au Niger, occupe en Afrique la 3è place derrière le Port Sud Africain de DURBAN et le Port SAÏD en Egypte. Par contre au niveau de l'Afrique Sud sahélienne, le PAA est
Le premier port à conteneurs,
Le premier port de transbordement,
Le premier port de trafic de marchandises générales.
Au niveau mondial le PAA en 2004 occupait le 93è rang avec 669, 840 TEUS.
Bien entendu, je reste convaincu que l'ambition des responsables de ce port, est de le hisser à un rang davantage honorable.
Pour votre information, à fin 2007, 2.748 escales de navires ont été enregistrées, contre 2741 escales en 2006 et 2928 escales en 2005. Une légère croissance de 0,3% par rapport à 2006. Au titre des marchandises, le trafic a atteint un niveau record de 21,38 millions de tonnes en 2007, alors qu'en 2006 et 2005, ces chiffres étaient respectivement de 18,86 millions de tonnes et 18,66 millions de tonnes ; soit de 13,4% par rapport à 2006. Cette croissance est due aux embellies du climat socio-politique depuis les accords de Ouagadougou du 4 mars 2007 et aux mutations du paysage maritime ivoirien.

A combien peut-on estimer le taux de trafic de marchandises entre les ports ivoiriens et le Niger ?
Le niveau du trafic maritime (c`est-à-dire les marchandises qui débarquent au port) a évolué de la façon suivante : En 1997, nous étions à un trafic de marchandises estimé à 6275 tonnes de marchandises). L'année suivante, c'est-à-dire, en 1998, nous sommes passés à 6956 Tonnes de marchandises ; 1868 Tonnes de marchandises en 1999; 1196 Tonnes en 2000 ; 1983 tonnes en 2001. En 2002 , le trafic de marchandises est passé à 3127 tonnes. En 2003, nous en étions à 110 tonnes ; 103 tonnes en 2004; 102 tonnes en 2005. De façon graduelle, on est passé de 16 tonnes en 2006 à 184 tonnes de trafic de marchandises en 2007.

Comment envisagez-vous le repositionnement du port autonome d'Abidjan au Niger, au regard de ces chiffres ?
Comme on le constate, il s'agit d'un trafic très marginalisé, d'où l'enjeux que revêt notre nomination. Il s'agit d'un véritable défi, que je qualifierais de national , à relever et je voudrais pouvoir compter sur tous, à quelque niveau. Le repositionnement du port autonome d'Abidjan s'inscrit à travers les actions suivantes : - Renforcer de son image de marque et sa notoriété par des actions de promotion vigoureuses; - Consolider et développer les relations clientèles en vue d'atteindre le niveau de trafic de 100 000 tonnes.
Bien entendu nous demeurons persuadés que le repositionnement du Port d'Abidjan est assuré avec ses atouts suivants :
? La qualité de ses infrastructures, équipements et services
- 34 postes à quai qui s'étendent sur 6 km de linéaires de quai ;
- installations spécialisées : terminal à conteneurs, terminal fruitier, quai à engrais, terminal à bois, etc. ;
- vingt magasins cales d'une superficie totale de 142 626 m2 ;
- une zone industrielle portuaire d'environ 800 HA ;
- capacité d'accueil de 60 navires en opérations commerciales simultanées ;
- un système de dédouanement informatisé et une assistance permanente aux opérateurs, etc.
? La mise en place de l'informatique communautaire :
Pour assurer son positionnement dans le réseau mondial des places portuaires utilisant les technologies de l'information et de la communication, le Port Autonome d'Abidjan et la Communauté Portuaire d'Abidjan mettent en place un système informatique visant à fédérer les différents partenaires autour d'une plate-forme d'échange de données informatisées. Cet important outil doit permettre la circulation des informations sur un réseau fiable et moderne où les entreprises communiqueront en temps réel (informations sur les dates d'arrivée / départ des navires ; la traçabilité des marchandises etc.).
Ce système constituera un facteur d'efficience et de compétitivité du Port d'Abidjan qui assurera des échanges de données fiables et sécurisées entre:
o la place portuaire d'Abidjan et les armements ;
o les professionnels de la place portuaire d'Abidjan ;
o la Place portuaire d'Abidjan et l'hinterland.
Ce sera assurément, un atout de poids dans le repositionnement stratégique du Port d'Abidjan et un levier décisif pour la promotion des activités de la place portuaire d'Abidjan.
? Certificat du Port Autonome d'Abidjan au code ISPS
Le code ISPS a été institué à la suite des attentas de 2001 aux Etats-Unis. Il vise à assurer la sécurité et la sûreté au niveau du secteur maritime et portuaire. Le Port d'Abidjan, sous l'impulsion des autorités maritimes nationales, a entrepris des actions afin de satisfaire aux exigences du code (équipements du port en matériel et système de sûreté, équipement du point de contact ISPS etc.).

La crise ivoirienne a-t-elle eu un impact sur les échanges entre le Niger et la Côte d'Ivoire ?
On ne le dira jamais assez, la crise ivoirienne n'a pas eu des effets néfastes qu'en Côte d'Ivoire, mais bien au-delà de ses frontières notamment dans les pays sans façade maritime, et singulièrement le Niger. En effet, en 2000, il y a eu 12 000 camions alors qu'en 2007 on parle d'une centaine. Cette crise a été désastreuse sur ce trafic qui a su longtemps résister à la concurrence. Il va falloir recommencer tout le travail et regagner la confiance des clients

En terme de pertes, à combien peut-on estimer le manque à gagner dû à la crise ?
Le calcul est simple entre 12.000 camions avant et une centaine après la crise.

En tant qu'opérateur économique, que représente pour vous, le processus de sortie de crise en Côte d'Ivoire ?
Une très bonne chose qui doit être menée jusqu'au bout afin que la Côte d'Ivoire, locomotive de l'économie Ouest africaine puisse entraîner à nouveau nos économies vers la croissance. Aujourd'hui si des pays si éloignés de nous, comme l'Afrique du Sud arrivent à pénétrer facilement nos marchés, c'est en partie à cause de cette crise. En plus il ne faut pas oublier que la Côte d'Ivoire regroupe beaucoup de ressortissants Ouest africains, ce qui renforce le sentiment d'être concerné par cette crise dont nous souhaitons la fin complète le plus rapidement possible

Que pensez-vous de la nouvelle plate-forme que le PAA compte mettre en place à partir du Burkina Faso?
C'est un puissant outil de désenclavement de notre pays car il réduira la distance entre le port d'Abidjan et le Niger de près de 1200 km, ce qui fera virtuellement du port d'Abidjan le plus proche du Niger. Nous souhaitons que ce projet aboutisse vite d'abord, en tant qu'opérateur privé nigérien à cause de la réduction de la distance et des tracasseries, mais aussi en tant que représentant du port au Niger, car cela va considérablement simplifier mon travail.

Honoré Kouassi

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023