mardi 18 mars 2008 par Fraternité Matin

Le Chef de l'Etat participera les 22 et 23 mars à la célébration de la fête de pâques en pays baoulé (chez les Godè) appelée Paquinou?. L'heure n'est plus au repos à Ando-kékrénou, nouveau chef-lieu de sous-préfecture situé à 25 km, au sud de Béoumi. Les rues du village sont en train d'être nettoyées à la machette. En attendant l'arrivée des bulldozers et graders. Pareil à Sokpa, situé à un kilomètre avant. Jeunes, hommes et femmes sont à la tâche. Surtout aux abords du stade. Dans le bois sacré, les initiés dépoussièrent les cors, peaux de gazelle et masques du Goli. Sous les manguiers, des batteurs accordent leurs tambours. Tous ces préparatifs constatés la semaine dernière annoncent un grand évènement. Le Président Laurent Gbagbo fêtera paquinou 2008? dans la région. Rêve pour les uns. Evénement inédit et exceptionnel pour les autres. Peu importe. La population, très mobilisée, apprécie à sa juste valeur cette visite du Chef de l'Etat. Je suis très satisfait. Parce que depuis que je suis né, je n'ai jamais entendu qu'un Chef d'Etat soit venu fêter avec nous. C'est la première fois. J'attends ce moment avec impatience?, se réjouit Nanan Agoya Yao Koffi Barthélemy, chef de canton intérimaire. Sentiments partagés par Nanan Goli Djaha Félix, chef du village d'Ando Kékrénou. Où le Chef de l'Etat va poser ses valises. Ici, la mobilisation est totale. Les habitants ont décidé d'être ce jour-là en uniforme. Des appels sont lancés dans tous les villages à cet effet. Nous sommes prêts à l'accueillir comme un digne fils de la région. Parce que l'évènement est inédit et exceptionnel?, fait savoir Ouattara Yacouba, sous-préfet de la circonscription. Celui-ci a déjà effectué des missions dans les différents villages pour rassurer ses administrés et les inviter à sortir massivement. Déplacements qui en valaient la peine. Car, nous a-t-on raconté sur place, des responsables du PDCI-RDA ont sillonné la zone pour demander à la population de bouder cette fête. Un appel au boycott que ne semble pas avoir entendu la population. Qui attache du prix à cette visite. Selon toutes les personnes interrogées, elle constitue une opportunité pour la région. Car, elle permettra d'exposer les difficultés que connaît la région. Nous nous préparons pour une très grande fête historique et populaire?, promettent tous les chefs de la nouvelle sous-préfecture, réunis autour du chef d'Ando-Kékrénou. Signalons qu'Ando-Kékrénou, la nouvelle sous-préfecture créée en 2007, l'on dénombre plus de 10.000 habitants. Essentiellement des agriculteurs et pêcheurs. L'igname, l'arachide et le manioc y sont produits abondamment. La difficulté demeure l'état défectueux des pistes. Et celui du centre de santé qui a été pillé pendant la guerre.
La ville en chantier
Dans le cadre des préparatifs de la visite du Chef de l'Etat à Béoumi, la région est déjà en chantier pour assurer un séjour agréable à tous les hôtes. Des pistes sont en cours de réhabilitation. Ce sont les axes Béoumi - Ando-Kékrénou, Botro - Bodokro et Bodokro - Marabadiassa. Selon Lhasséni Konanté, directeur des Infrastructures, il y aura 75,2 km de reprofilage lourd et 23,1 km de reprofilage léger. On note également le traitement de points critiques. S'ajoute la réalisation de 14 plates-formes qui vont abriter les différentes cérémonies.
Jeudi dernier, les bulldozers et autres engins sont arrivés sur les lieux. Tout sera prêt avant l'arrivée du Président de la République?, a rassuré Lhasséni Konanté. Du côté de Bodokro, des travaux d'électrification sont en cours. Précisément à Messoukro, Adohoussou et Mian. Le week-end dernier, le coordonnateur de ces travaux, Kouamé Raymond, conseiller du Chef de l'Etat, s'y est rendu pour s'enquérir de leur état d'avancement. Il s'est dit satisfait et rassuré, car tout avance à une vitesse vertigineuse. Le désenclavement au centre des préoccupations
Pâques 2008, avec le Président Laurent Gbagbo à Béoumi, dépasse le cadre festif. Le séjour est perçu par le peuple kodè comme l'unique espoir pour sortir la région de son enclavement et sa léthargie. Le Président de la République est attendu sur deux grands dossiers: le pont dynamité dans les années 1975 et le bac bombardé en 2004 par l'armée loyaliste pour stopper les mouvements des rebelles vers le sud-ouest. S'agissant du premier dossier, rappelons que ce pont fut construit en 1942. En pleine période coloniale. Il reliait le centre au nord et à l'ouest du pays, en passant par les villes de Séguéla, Mankono et Gohitafla. Une voie importante qui rendait Béoumi, poste colonial depuis 1902, prospère et dynamique. Ce qui explique, dans cette ville autrefois carrefour, la présence d'une forte communauté d'allogènes malinkés. Selon Lhasséni Konaté, directeur régional des Infrastructures, des études hydrologiques avaient révélé la menace d'une montée des eaux du barrage de Kossou. Laquelle aurait occasionné des inondations suivies de nombreux dégâts et de pertes en vies humaines. La solution idoine pour prévenir cette catastrophe consistait à déguerpir la population mitoyenne et faire sauter le pont. Ce qui fut fait, on ne sait par qui, jusqu'à ce jour. En lieu et place, un bac a été installé sur les eaux du Bandama pour désenclaver la région. En raison des nombreuses pannes et de sa vétusté, cet appareil sera remplacé par un autre, plus performant. Qui assurait tant bien que mal la fluidité du trafic. Il a été bombardé en novembre 2004 par un Mi-24 de l'armée régulière. Parce qu'utilisé par les forces rebelles pour converger vers le sud et l'ouest du pays. Depuis lors, c'est le chaos total dans la région scindée en deux, à l'image du pays. Cette situation qui perturbe gravement le trafic, a favorisé une nouvelle activité: celle des passeurs, qui sont des pêcheurs et des particuliers reconvertis. A l'aide de pirogues, ils font traverser les voyageurs et les bagages. A raison de 200 FCFA la traversée. N'Guessan Bruno, planteur résidant de l'autre côté du fleuve, déplore la destruction du bac. Car, préjudiciable à la région. En effet, a-t-il dit, pour le transport qui coûtait autrefois 2.500 FCFA, en aller retour, il faut débourser aujourd'hui près de 9.000 FCFA. De plus, il est quasiment impossible pour les paysans de cette localité d'écouler leurs produits, notamment l'anacarde, l'igname, l'arachide et le manioc. De plus, pour rallier les villages situés de l'autre côté du fleuve, il faut passer par Tiéningboué (sous-préfecture du département de Mankono située à 89 km de Béoumi) et Kounahiri (chef-lieu de département situé à 50 km de Tiéningboué et à 15 km du bac). Ce qui rallonge les distances et occasionne des pertes de temps. Ce ne sont pas ces inspecteurs de l'éducation nationale qui diront le contraire. Partis en voiture de Béoumi à 6 h 30, pour inspecter des enseignants bénévoles, ils sont arrivés à Foutounou (village de Béoumi situé de l'autre côté du fleuve) aux environs de 12h 30. Alors que l'instituteur qui a quitté Béoumi à 7h, en traversant le fleuve en pirogue était à son poste à 7h30.
Bref, la reconstruction d'un pont à long terme et l'acquisition d'un bac à court terme demeurent les préoccupations majeures de la population du département de Béoumi. Nous souhaitons que le Président Laurent Gbagbo actionne le développement socio-économique de la région, en construisant le pont et en dotant le département d'un nouveau bac?, ont indiqué Rotimi Luc et Kouassi Pascal, opérateurs économiques à Béoumi. Pour Lahsséni Konaté, un pont peu être construit, mais en amont. Des études sont en cours au niveau du BNETD, mais ces travaux nécessiteront au moins 6 milliards de FCFA. L'autre attente du peuple est la réhabilitation du Centre national ovin (CNO), pillé et détruit pendant la guerre. Toutes les bêtes, dont 2.400 ovins et plus de 1.400 bovins ont été emportés. Les bergeries ont été détruites, de même que les équipements. Alors que ce centre, a rapporté Bamba Ollé, agent du CNO resté sur place, contribuait à la lutte contre le chômage et la délinquance dans la région. Nombre de jeunes déscolarisés y ont reçu une formation qualifiante. Tous les pensionnaires étaient installés à la fin de leur formation. Sa réhabilitation contribuera donc à l'absorption du taux de chômage dans le département, pense Bamba Ollé. En somme, il faut dire que la visite du Chef de l'Etat est très attendue par les populations. Qui ne manqueront pas de lui exposer les réalités de leur région, si fortement sinistrée et par la guerre et par les politiques antérieures.
Le CNO dans la résolution de la crise
Lors de notre séjour à Béoumi, c'est avec amertume que nous avons constaté le pillage du Centre national ovin (CNO). Les bureaux, magasins pillés et les installations ont été pillés et détruits. Les bêtes ont été emportées par les pillards. Ce centre faisait, autrefois, la fierté du pays. Selon Bamba Ollé, il accueillait plusieurs stagiaires. Entre autres des vétérinaires sortis des grandes écoles et universités, les techniciens en élevage et autres. Des pays dont le Ghana, le Gabon, le Togo y envoyaient certains de leurs diplômés pour parfaire leur formation pratique. On y effectuait également des recherches, des croisements et des inséminations pour le développement de la filière ovino-bovine. Mais hélas, des pillards ont tout détruit. Purement et simplement pour des intérêts pécuniaires. Aujourd'hui, la jeunesse souhaite ardemment la réhabilitation de ce centre. Une doléance qui peut à coup sûr contribuer à la sortie de crise que vit la Côte d'Ivoire. En effet, réhabilité, il pourrait accueillir des ex-combattants pour leur formation en élevage. Dans la mesure où le CNO a toujours installé ses pensionnaires.



Koffi Kouame
Correspondant Régional

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