mardi 25 mars 2008 par Notre Voie

Certains fils de la région de Bouaké, notamment ceux qui n'ont presque pas quitté la ville malgré la guerre, piaffent d'impatience. Ils rêvent de voir l'ambiance féérique de Paquinou revenir au plus vite. Dans les villages cependant, les uns et les autres se réjouissent de voir que Paquinou 2008 a permis à des filles et fils perdus depuis 2002, de revenir au village. Grâce aux ouvertures faites par l'accord de Ouaga.
Dans presque tous les villages, on est déjà content, même si la fête n'est pas encore totale. On n'y est pas encore, mais ça vient. Les cadres et les parents planteurs dans le sud-ouest reviennent, et les villages grouillent de monde. La fête, elle-même, est un peu timide parce que les nouveaux arrivants sont plutôt préoccupés par la redécouverte de leur village. Personne ne doute que l'année prochaine sera réellement faste si tout se passe bien dans la mise en ?uvre de l'accord de Ouaga. Parce que Paquinou 2008 est en réalité la première de l'accord de Ouaga. On peut désormais circuler. Et ce n'est pas M. Blaise Kouassi, sergent-chef au commissariat police de Yamoussoukro, qui dira le contraire. Il est natif du village de Akprobo et il foule le sol de son village pour la première fois depuis l'éclatement de la guerre.
Akprobo est également le village natal de Mlle Bernadette N'Zi, Miss Côte d'Ivoire. Elle y a été reçue durant le week-end pascal par les fils et filles du village, qui lui ont rendu un vibrant hommage. Pour ce faire, M. Claude Konan N'da, président de la mutuelle du village a affrété un car de 32 places, sans compter les nombreuses voitures personnelles des membres de sa mutuelle. Avant de venir, nous avons rencontré un colonel des Forces nouvelles pour des laissez-passer. Il nous a dit que cela n'était plus utile et que nous pouvions normalement nous rendre chez nous?, explique-t-il. Cependant, il dénonce quelques tracasseries sur la route, aussi bien du côté des FANCI que des Forces nouvelles. On nous a fait payer de l'argent au corridor de Yopougon. A Djébonoua, nous avons versé 25.000 F et à Bouaké chacun des passagers a dû payer 500 F avant de passer?, révèle-t-il.
Mme Ghislaine Konan, une européenne, et son époux qui est natif du village, sont venus fêter Paquinou avec tous leurs enfants. En dehors du père, c'était le tout premier séjour du reste de la famille au village depuis l'éclatement de la crise. Les Konan, comme la plupart de ceux qui ont voyagé dans des véhicules personnels, ne déplorent aucune tracasserie.
A Languibonou, les filles et fils du village arborent un uniforme. C'est leur premier Paquinou depuis 2002. Il y a une mobilisation exceptionnelle. Chacun avait envie de venir voir ses parents, saluer sa famille. On se déplace plus aisément, même des éléments des FANCI ont pu venir au village pour Paquinou?, se satisfait M. Francis Kouassi, fils du village. Le programme est consacré à la soirée de contes et légendes. Le dimanche 23 mars est réservé à l'accueil du président Gbagbo, la réunion de la mutuelle de développement du village et le bal de clôture. Le passage de Gbagbo est un évènement qui mobilise tout le monde. Le chef de l'Etat devait, en effet, faire une escale ici et cela a mis toute la population en branle. Les populations comptaient lui expliquer que Languibonou est à seulement 3 km de la Loka qui dessert Bouaké, Sakassou en eau potable, mais qu'ici, l'eau est un problème crucial. Nous sommes obligés de venir avec des bouteilles d'eau minérale. Mais cela ne fait pas bien devant les parents et nous nous sentons gênés?, déclare Francis Kouassi. Autres préoccupations, l'absence d'un collège dans cette sous-préfecture qui compte 32 villages dont chacun possède une école. Selon M. Kouassi, il faut également une seconde école, l'extension du réseau électrique et un foyer des jeunes.
Paquinou se refait donc une santé. Le ministre Konaté Sidiki se déclare heureux de voir les populations jouir des fruits de l'accord de Ouaga. On vit aujourd'hui Paquinou comme avant le 19 septembre 2002, c'est-à-dire dans la normalité retrouvée. C'est un des acquis de Ouaga que de libérer la circulation, de décrisper la vie sociale et de sceller la réconciliation. Des cadres n'ont pas attendu des mesures spéciales pour regagner leurs villages et célébrer avec leurs parents, cette importante fête?, soutient-il. Pour lui, il n'y a pas de doute, les populations savent lire les signes de la paix et apprécient. Nous prenons l'engagement de continuer dans la voie de la paix, quelles que soient les difficultés ou toute autre forme d'action visant à anéantir l'accord de Ouaga?, conclut le porte-parole des Forces nouvelles.






Envoyé spécial Paul D. Tayoro

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