mercredi 26 mars 2008 par Le Temps

Les populations de Béoumi ont dénoncé le plan de déstabilisation de leur département au profit de Yamoussoukro et ont demandé au Président de la République de les aider à réhabiliter Béoumi.
La politique de l'Aménagement de la vallée du Bandama (AVB) initiée par le pouvoir PDCI alors tenu par feu le Président Félix Houphouët-Boigny est aujourd'hui au centre de plusieurs débats à Béoumi. Les cadres et élus sont tous unanimes à reconnaître que cette politique initiée en 1974 avait pour but de freiner l'essor économique du département de Béoumi au profit de Yamoussoukro. Et pour cause, le Président Félix Houphouët -Boigny nourrissait l'ambition de faire de sa ville natale, la capitale politique de la Côte d'Ivoire. Ainsi, Béoumi, ancien cercle colonial depuis 1927 et devenu plus tard la capitale économique de toute la région du centre, est aujourd'hui une ville anonyme, enclavée, isolée. Les faits qui retracent l'histoire de la décapitation économique et commerciale de Béoumi remontent en 1974 avec le dynamitage du pont du fleuve Bandama construit depuis l'époque de l'indépendance. En effet, tout provient de la construction du barrage de Kossou qui, selon les prévisions hydrauliques annoncée par les experts du pouvoir d'alors, devait causer l'immersion du fleuve jusqu'à engloutir cinquante ans plus tard, soit en 2024, le pont. D'où la décision du gouvernement d'alors de détruire le pont et susciter par la même occasion, le programme d'aménagement de la vallée du Bandama (programme AVB). Vingt cinq ans après, le fleuve garde toujours sa hauteur et demeure inactif du point de vue du danger qui était annoncé à grand renfort médiatique. Pas de montée d'eau. Et pourtant, de nombreux villages ont été évacués de l'espace circonférentiel. Le pont qui servait de ralliement entre le Mali, la Guinée et la Côte d'Ivoire par Mankono, Konahiri, marabadiassa pour atteindre Béoumi dans le cadre du trafic commercial, est devenu quasi impossible. Depuis lors, les activités économiques ont baissé allant de 40% à -2% selon des informations recueillies sur place. Pis, Béoumi est devenu une ville totalement isolée, tout se faisant désormais à Yamoussoukro par Daloa. Soit 200 kilomètres de route en surplus. Les populations qui, selon Kouassy Aristide, un fils de la région, ont compris que le pouvoir PDCI les avait trompées. Et que le programme AVB était un plan de déstabilisation du département de Béoumi au profit de Yamoussoukro, la ville natale de Félix Houphouët-Boigny, qui était en ce moment, le Président de la République. Les échanges commerciaux entre la Côte d'Ivoire et les pays sus cités qui étaient de l'ordre de 50% sont aujourd'hui, dans l'ordre de 10%. Les produits agricoles ont diminué d'autant plus que l'écoulement était devenu presque impossible laissant le département de Béoumi dans une situation de décadence économique. Aussi, les populations ont-elles voulu placé leur espoir en la politique de refondation initiée par le président de la République à qui elles ont demandé de les aider à sortir du sous-développement. Notons que le département compte 119.000 habitants selon le dernier recensement de 1998 et 184 villages avec quatre sous-préfectures que sont Andokékrénou, Béoumi, Kondobo et Brodokro.

Simplice Zahui
(Envoyé spécial à Béoumi)

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