par L'Inter

Des peines allant de six mois à la prison à vie, et une amende de deux mille milliards de Fcfa, sont les sanctions que les avocats de l'État réclament contre les pro-Gbagbo poursuivis devant la Cour d'assises.
Contre Simone Gbagbo, l'épouse de l'ex-chef de l'État, son Premier ministre Aké N'gbo et son gouvernement, l'avocat général s'est montré sans pitié. Il a requis spécialement pour ces personnalités de premier plan, la perpétuité, contrairement aux autres accusés pour qui les peines devraient être évaluées en fonction d'une certaine gravité.

Les plaidoiries dans ce procès, qui a vu 83 prévenus défiler à la barre, a commencé hier, au tribunal d'Abidjan-Plateau. Pour l'occasion, la quasi-totalité des accusés étaient présents, comme à l'ouverture en décembre 2014. L'arrivée de ces derniers, en particulier les détenus, a provoqué un retard dans le démarrage de l'audience. Prévue pour débuter à 9 h, c'est finalement à 12h55 que la séance a démarré. Ce qui va amener l'avocat général, Yabo Odi, à présenter des excuses à la Cour, non sans préciser que tout avait été mis en ?uvre depuis mercredi dernier pour que l'audience ait lieu aux heures indiquées.
Après son réquisitoire, le président de la Cour, Dembélé Tahirou passe la parole à l'accusation. De 13h à 15h 25, les avocats de l'État vont conserver la parole, soit près de 2h30 minutes durant. Me Bokola puis Me Sounkalo et enfin Me Soro, vont présenter leur plaidoirie, en allant d'un rappel historique aux faits dont sont accusés les 83 pro-Gbagbo. L'accusation a montré que depuis 1990, la classe politique et en particulier l'ex-régime, a été à la base de la crise qui a débouché sur la rébellion de 2002 et le conflit post-électoral. Dans sa plaidoirie, Me Bokola a voulu faire la part des choses sur la nature des accusés. Les élites intellectuelles qui ont occupé de hautes fonctions dans ce pays d'une part et de l'autre côté des jeunes utilisés par cette élite. Il a étayé sa plaidoirie par des propos d'Houphouët-Boigny et de Paul Yao N'dré, dont l'ombre plane sur ce procès, pour montrer la responsabilité des pro-Gbagbo dans la crise.

Selon Me Bokola, c'est parce que les refondateurs ont voulu toucher à la base structurelle de la Côte d'Ivoire, à travers des discours vengeurs et revanchards, que la Côte d'Ivoire a basculé dans la violence. Alors, précise-t-il, qu'Houphouët disait que tous les changements sont possibles pourvu que cela se fasse dans la paix, la concorde.... Il s'est insurgé contre le fait que des pro-Gbagbo ont dit ne reconnaître que les résultats publiés par le Conseil constitutionnel comme dernier recours, alors que Yao N'dré avait reconnu, lors de l'investiture de Alassane Ouattara que: nous avons été habités par le démon. Je m'étonne que certains accusés se soient cachés derrière les déclarations de Yao N'dré, s'est offusqué Me Bokola. Pour lui, la crise ivoirienne est née de l'entrée de la politique à l'école, par le biais de cette élite qui était composée surtout d'enseignants. Il a montré que les élèves puis les étudiants ont été nourris de violence pour en arriver aux machettes et à la rébellion. A la suite de sa plaidoirie, Me Sounkalo, lui, est entré dans le vif du sujet sur la crise post-électorale. Démontrant par les accords internationaux signés, le rôle des facilitateurs, du Groupe de travail international (Gti), du Représentant spécial du secrétaire général de l'Onu, dans l'organisation des élections générales, libres, transparentes et démocratiques. Pour lui, la certification des résultats des élections par l'Onu après le Conseil constitutionnel est le schéma prévu par les textes. Par conséquent, en ne respectant pas les résultats déclarés par M. Choi, qui faisait de Ouattara le vainqueur du second tour de la présidentielle de 2010, les pro-Gbagbo se sont inscrits dans une logique d'insurrection.
Pour preuve, Me Sounkalo a cité Affi N'guessan qui, avant la proclamation des résultats par la Commission électorale indépendante (Cei), avait déclaré ceci: nous contesterons par tous les moyens les résultats de la Cei. Il a demandé à la Cour de requérir contre les accusés l'application de la loi pénale dans toute sa rigueur. Pour lui, Sokouri Bohui, Bro Grebé, Simone Gbagbo, Michel Gbagbo, Affi N'guessan, Snagaré Abou Drahamane, les journalistes que sont Hermann Aboa, Frank Anderson Kouassi et bien d'autres sont coupables de rébellion, de constitution de bandes armées, d'atteinte à la défense.
Au vu des explications données par Me Sounkalo, son collègue, Me Soro, a indiqué que les mis en cause ont nourri depuis longtemps de contester les élections. Même si la défense prétend que la partie civile n'a pas apporté des preuves suffisantes de ses accusations, l'avocat a fait remarquer que les déclarations des accusés, à elles seules, suffisent pour les condamner, car ils se sont contredits à la barre, en plus des propos accablants des témoins.
 
César DJEDJE MEL ... suite de l'article sur L'Inter

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