La silencieuse lutte de positionnement entre les cadres du FPI (parti au pouvoir) vient d'éclater au grand jour à Issia. Hier, les élus FPI d'Issia ont accusé Désiré Tagro d'entreprendre des actions qui sapent la cohésion du parti?. Mais, ils ne s'y attendaient peut-être pas, des militants les ont contrariés séance tenante.
N'a manqué à l'appel que le maire de Saïoua, Solou Gnoleba. Sinon les élus du département d'Issia, issus d'ailleurs du même parti le FPI, ont effectué hier le déplacement pour entretenir les militants. Lieu de la rencontre : la cour de la mairie d'Issia. On notait donc la présence de Séri Gouagnon, président du Conseil général, celle des députés Gbédégné Guigui, Chrales Guipié Yoro et Séri Diéhoua et du maire, Adèle Dédi.
C'est le député Guipié qui a planté le décor en assénant: Nous avons toujours gagné grâce à notre cohésion autour de notre leader Bohoun Bouabré que le président Gbagbo nous a demandé de soutenir. Cette cohésion n'est plus de mise. Après lui, M. Gnato Zié (vice-président du Conseil général) rappelle que le seul leader que Gbagbo a donné à Issia, c'est Bohoun Boubré qui a bien géré le peu de ressources de l'Etat dans cette période de guerre. Toute la salle a compris que le procès de Désiré Tagro, ministre de l'Intérieur, venait ainsi de commencer. La charge échoit alors au député Séri Diéhoua qui admet que Désiré Tagro s'est humblement mis à la disposition des élus, dès sa nomination au poste de ministre de l'Intérieur avant de cesser toute collaboration avec eux et de jurer de ne plus travailler avec eux. Il ajoute que le ministre Tagro a créé le Cercle d'actions stratégiques (CAS), un mouvement parallèle au FPI, afin de saper les bases de la cohésion des cadres et combattre les élus. D'ailleurs, a-t-il poursuivi, aucun membre de la direction de campagne de Gbagbo n'a été coopté. Il n'a réuni que des personnes qui ont suivi Houphouet, Bédié et Gueï; des gens qui ne luttent que pour leur intérêt. Nous ne comprenons plus notre frère.
Pour le maire Adèle Dédi, Désiré Tagro a refusé à trois reprises de la recevoir toute chose qui met à mal la cohésion du parti?. Sentencieuse, elle a lâché: la barque du FPI va à la dérive à Issia. Dernier à intervenir, le président du Conseil général, Séri Gouagnon, a proclamé le soutien des élus au ministre du Plan et du développement, Antoine Bohoun Bouabré, et lancé un appel à l'union.
Conviés à prendre la parole, des militants comme Zadi Koré ont suggéré aux chefs de village, au Fédéral (absent) et au président du Conseil général de convoquer les ministres Bohoun Bouabré et Désiré Tagro aux fins de les entendre parce que ne pouvant se fonder sur une seule version pour prendre position. Mais à l'applaudimètre, El Hadj Siaka Diabaté, Jackson Gbomené Gogoua et Désiré Kipré ont remporté la palme. Les élus se plaignent parce que Tagro ne les associe pas. Mais, ils méritent ce qui leur arrive. Nous qui avons implanté le parti, est-ce que ces élus nous associent, est-ce qu'ils nous considèrent? , s'est interrogé Diabaté à la grande joie du public. Félicitations à Tagro Désiré, a introduit Gboméné Gogou Jackson avant de poursuivre : Il a secoué le cocotier. Il travaille pour le FPI à Issia et nous ne pouvons prendre position contre lui sans sa réaction, a t-il conclu. A sa suite, Désiré Kipré, Secrétaire général JFPI, section Zabouo 1, fut incontestablement le plus acclamé. Dans un style propre à tout jeune fougueux, il s'est adressé aux élus en ces termes: Quand on est frustré, on fait donc appel aux gens? Désiré Tagro fait le travail que vous lui avez confié. C'est un problème entre vous. Pourquoi vous prenez-nous à témoin ? Je m'attendais à ce que vous nous parliez de développement. Non nous ne sommes pas concernés, nous ne sommes pas intéressés par ce problème. Les élus qui ont convoqué la réunion ont-ils obtenu le résultat escompté? L'histoire le dira.
Vincent Digbeu