samedi 29 mars 2008 par Fraternité Matin

Le ministre de la culture sous François Mitterrand a été impressionné par les chantiers qu'il a visités à Yamoussoukro en compagnie du Chef de l'état.

Monsieur le ministre, vous venez de passer une journée à Yamoussoukro: brève mais instructive, n'est-ce pas?

Nous avons eu avec Jean-Marie Leguen, le privilège de vivre quelques moments rares et intenses grâce au Président Gbagbo qui a eu la générosité de nous faire venir jusqu'ici et de nous montrer ses chantiers exceptionnels de la construction d'une nouvelle capitale. En soi, c'est déjà un évènement. Très peu de pays dans le monde ont décidé de construire une nouvelle capitale. Il y a eu l'exemple du fameux Brasilia. Je voudrais ouvrir une parenthèse pour regretter que les Européens ou l'Union européenne n'aient pas construit un Brasilia ou un Yamoussoukro européen plutôt que de choisir Bruxelles ou Luxembourg ou une autre ville déjà existante. Parce que je crois qu'une nouvelle capitale donne à un pays une âme rajeunie, transformée ; une nouvelle dynamique. En plus, la puissance d'Abidjan doit être contrebalancée par d'autres pôles. Yamoussoukro sera de loin un grand pôle intellectuel, politique et économique. Vous avez d'abord suivi la projection du film de sept minutes présentant les chantiers du transfert. Vous êtes allé sur les sites de l'Assemblée nationale, du Palais présidentiel, de la Voie triomphale : quelles sont vos impressions?
Je ne peux pas ne pas penser à Monsieur Félix Houphouet-Boigny qui a ouvert la voie; le Président Gbagbo a eu cette idée idéale et ambitieuse de transformer le projet initial en un projet grandiose, puissant et je l'espère irréversible. L'impression qu'on a d'abord, c'est que la volonté humaine a d'immenses capacités. Ce chantier creusé dans le sol avec ces prouesses technologiques, l'ampleur du plan, son ambition du pouvoir politique entouré du pouvoir administratif de l'Etatm'ont sincèrement impressionné. Certains pensent que de tels projets n'ont pas un caractère productif, surtout en temps de guerre. Quel est votre avis?
Au premier abord, je ne suis qu'un ami de la Côte d'Ivoire. Je ne suis pas Ivoirien; je suis un ami du Président Gbagbo. En même temps, je respecte la souveraineté et la liberté des autorités ivoiriennes. Je ne donne que le point de vue d'un citoyen, qui n'est pas nouveau. Par exemple, s'il y a eu la guerre et la crise, j'ai toujours pensé que, plus un pays rencontrait des difficultés, plus il devrait se fixer de grandes ambitions. L'argument qui est parfois utilisé, même dans mon propre pays, c'est la crise économique pour justifier la réduction d'investissement culturel (la recherche, l'éducation)Ce sont des arguments que je n'accepte pas. Je dirais, au contraire, s'il y a une crise, c'est une raison supplémentaire pour sortir de cette crise par de nouvelles ambitions nationales ou internationales. Par ailleurs, les investissements comme ceux-là sont nécessairement productifs. Dans l'immédiat, ils font travailler des secteurs, des ingénieurs, des techniciens : ils sont donc créateurs d'emplois. Je crois aussi que l'une des grandes questions auxquelles la Côte d'Ivoire est confrontée est le développement trop important de la capitale actuelle. Avec toutes les difficultés que cela représente en termes de sécurité, de conditions de logements C'est une bonne idée que de créer une autre ville qui sera une ville-capitale. Quand on se lance dans des grands chantiers comme ceux-là, on l'a vu avec Mitterrand, on se fait critiquer : pourquoi autant d'argent, pourquoi autant de dépensesNe vaudrait-il pas faire autre chose ? Rien n'est comparable, mais prenons l'exemple de ce que nous avons fait au Louvre à Paris. On a fait un investissement énorme, énorme. A l'époque, on a été très attaqué. A cette époque, il y avait une crise aussi : elle n'était pas militaire mais financière. Je me souviens de cette belle parole de Mauroy : Protégez les budgets de la culture, de l'éducation et de la recherche. Quand il y a crise, il faut laisser allumées quelques lumières. Yamoussoukro, c'est la lumière du futur. Vous avez été ministre de la Culture de François Mitterrand, un Président bâtisseur; vous venez de visiter les chantiers du Président Gbagbo: quels commentaires?
Ecoutez, si un Chef d'Etat n'est pas bâtisseur, à quoi sert-il ? Certes, il sert à représenter la nation, le pays, mais on attend d'un Chef d'Etat qu'il prépare le futur, qu'il ne soit pas seulement le gestionnaire du court terme. Ça compte le court terme, c'est très important. Disons la vie matérielle des gens, la santé, l'éducation, le transport : c'est important, mais en même temps, il faut donner à un pays ou à une nation des horizons plus lointains pour se projeter vers le futur. Quand une nation a un futur, elle est plus créative, plus productive, plus inventive. Avec le Président Gbagbo, je me sens en harmonie, en connivence, en synchronie, en résonance. J'aime les gens comme lui qui sont à la fois patriotes et qui ont le sens de l'Etat. Monsieur le ministre, vous vous déclarez en phase avec le Président Gbagbo. Les Ivoiriens considèrent que le camarade n'a pas eu le soutien franc des socialistes dans la gestion de la crise.
Oui, c'est vrai, ce que vous dites, à l'exception de quelques-uns : Emmanuelli, Josselin Premièrement, je pense qu'en France même, il y a eu une énorme manipulation, organisée par certains médias et le gouvernement sans doute. Et quelques autres. Quoique de bonne foi, mais ça n'excuse rien, les socialistes ont été victimes ou complices de cette manipulation. Il y a également une grande part de méconnaissance et d'ignorance. Certains socialistes ont manqué de retenue et de capacité d'autonomie par rapport à la manipulation médiatique. Je suis donc venu ici avec mon ami Jean-Marie Leguen pour rétablir le pont entre les socialistes français, le Président Laurent Gbagbo et la Côte d'Ivoire. C'est le sens de notre mission. On le fera avec conviction et doigté car le Président Gbagbo est un vrai homme de gauche qui a le sens de la solidarité. Il a été confronté à des situations difficiles sur lesquelles nous allons demander une commission d'enquête.

Interview réalisée par Jean-Baptiste Akrou
Envoyé spécial à Yamoussoukro



Les travaux du Sénat démarrent le mois prochain

En visite d'amitié en Côte d'Ivoire, l'ancien ministre français de la Culture et membre influent du Parti socialiste français, Jacques Lang, s'est rendu hier, à Yamoussoukro, en compagnie de son hôte, le Président Laurent Gbagbo. Arrivés à 12 heures à l'aéroport Félix Houphouet-Boigny de la capitale politique, le Président Laurent Gbagbo et son illustre invité se sont rendus d'abord au Palais des hôtes. Dans le grand hall où sont exposées toutes les maquettes des grands chantiers du transfert de la capitale, l'architecte Pierre Fakhoury, qui a conçu l'ensemble des travaux, a expliqué dans les moindres détails, ces projets en cours d'exécution sur le terrain. L'Assemblée nationale, le Sénat, l'Hôtel des députés déjà achevé, le Palais présidentiel, le tout couronné par un film institutionnel de 7mn, qui présente la future cité administrative de Yamoussoukro, dans toute sa splendeur. Avec son majestueux musée de la nature, composé de cinq jardins à nul autre pareil. Le Président Laurent Gbagbo et Jacques Lang se sont ensuite rendus sur les chantiers. C'est une foule joyeuse de travailleurs qui a accueilli le Chef de l'Etat et sa délégation. Une occasion que leur guide, Pierre Fakhoury, a mis à profit pour révéler que les travaux avancent comme prévu au niveau de l'Assemblée nationale. Le côté béton actuellement en exécution, prendra fin en décembre 2008. Date à partir de laquelle, tout ira très vite car tout le contrôle se fait sur place avec les différentes structures telles que le BNETD et le LBTP, a indiqué l'architecte. Cette avancée des travaux est due, en grande partie, à l'ardeur des ouvriers. Ce qui a amené le Président Laurent Gbagbo à remettre une enveloppe de 1 million de FCFA pour les encourager à poursuivre sur cette lancée. Au Palais présidentiel, où les travaux entamés depuis plus d'un an, nécessitent beaucoup plus d'effort et de technicité, Laurent Gbagbo a partagé ses inquiétudes à ses hôtes. Ici, je tiens à ce qu'on avance car jamais en Afrique, on a réalisé une si importante oeuvre. Ce bâtiment fait plus de 200m de long et 60m de large. Nous sommes en train de bâtir une capitale politique et administrative qui doit tenir pour tous les siècles. Ici, nous avons 10 fois plus de bureaux qu'Abidjan. Ce que nous faisons à Yamoussoukro est tout à fait différent de ce qui existe à Abidjan. C'est pourquoi il serait dommage que quelqu'un vienne et décide d'arrêter les travaux, a indiqué le Chef de l'Etat. Avant de dire toute sa satisfaction de voir les travaux de l'Assemblée nationale très avancés au point que l'achèvement ne peut plus être remis en cause. Et le Président de la République de conclure concernant le Palais Présidentiel : Ici, je ne veux pas à avoir d'inquiétudes ; c'est pourquoi je souhaite que les choses aillent un peu plus vite. Cette inquiétude a été quelque peu dissipée par l'architecte Pierre Fakhoury qui a annoncé aux personnalités, que les travaux concernant le gros oeuvre prendront fin à la fin du mois de décembre 2009. Enfin, le Président Laurent Gbagbo et ses hôtes se sont rendus à l'hôtel des Parlementaires pour le déjeuner.

N'dri Célestin
Correspondant régional

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