jeudi 3 avril 2008 par Le Temps

Sa tournée de presque deux mois dans le Nord ivoirien devait permettre au Front populaire ivoirien (FPI) de restaurer ses vestiges. Mais, véritablement, il s`est agi de détruire certaines barrières montées çà et là par plusieurs années de mensonge. A la deuxième étape de sa tournée, le président du FPI (parti au pouvoir), Affi N`Guessan, en a profité pour briser un mythe mieux, un tabou à Kong, Celui qui fait de ce gros village une citadelle imprenable. Parce que village d`un certain Alassane Dramane Ouattara, président du Rassemblement des Républicains (RDR). Il y a eu foule ce mardi 1er avril, jour mémorable pour les Kongoïs. Pour une grande première s`en était une et les populations n`ont pas voulu se faire conter l`évènement. Venues de presque toutes les contrées de Kong, les populations ont découvert un Pascal Affi N`Guessan venu planter l`olivier de l`ouverture sur un monde extérieur. En délivrant un message jamais entendu du commun des habitants de Kong. Curiosité des curiosités, il y a passé la nuit. "Les Ivoiriens sont curieux de venir voir comment est votre ville. Moi-même, j`étais aussi curieux de voir comment est Kong. C`est pourquoi, j`ai demandé aux organisateurs de cette tournée de prévoir Kong et que j`y passe une nuit. J`ai donc vu Kong et je suis triste. J`ai vu une ville qui manque de tout. Une ville difficile d`accès, parce que la route est impraticable. J`ai vu une ville où il n`y a aucune odeur de bitume. Même la mairie se trouve dans une cabane. Je suis vraiment triste pour Kong. C`est pourquoi, j`ai un autre message pour vous". Qui l`eut cru !
Kong est donc sans visage. Grand projecteur que jette ainsi le président du Front populaire ivoirien et qui ne manquera pas d`aveugler "ses frères et soeurs du Nord". Qui, comme un homme des cavernes subitement projeté hors du tunnel, découvre, ébloui, une lumière naturelle différente de la lampe des cavernes. Si l`on considère le discours républicain, rassembleur et unificateur tenu par le premier responsable du parti au pouvoir comme la lumière du jour et les discours partisans, parcellaires, diviseurs longtemps entretenus par le fils de Kong, Alassane Dramane Ouattra, président du RDR. Des badauds pouvaient sortir, jeter un coup d`?il furtif sur l`homme qui parle sur " leur " place publique. Mais que des populations entières se passent le mot et se mobilisent pour, religieusement écouter un ponte du parti au pouvoir débiter " ses vérités ", ce n`était pas évident. C`est pourquoi, le tabou est définitivement brisé.
Cette tournée au Nord et précisément l`étape de Kong révèle au moins deux symboles. Le premier, si le FPI prend son bâton de pèlerin à la redécouverte d`une cité qui s`est volontairement replié sur elle-même, c`est que ce parti démontre encore une fois qu`il n`est pas tribaliste. Deuxième symbole, c`est que, pour cette mission éminemment délicate, le parti au pouvoir aurait pu envoyer un autre émissaire celui-là ``Dioula`` et Nordiste pour prétendre "mieux faire passer son message". Mais cela n`est pas le cas. En y envoyant un "homme du Sud" le parti au pouvoir veut tout simplement montrer qu`il n`y a aucune différence entre nous : Ivoiriens. Que l`on soit du Sud, du Nord, de l`Ouest du Centre ou de l`Est. Telle est une des grandes leçons à tirer de ce périple. Aussi aveuglante qu`elle soit, rien n`empêche la lumière de jaillir. Et celle qui illumine Kong depuis mardi 1er avril, ne saurait être aveuglante, au contraire, elle ouvre les yeux. Affi N`Guessan : "Depuis de longues années, vous avez choisi de suivre des partis politiques et vous n`avez rien, votre ville n`évolue pas. Bien au contraire, ces partis politiques vous font reculer. Elles vous font même maltraiter. Je suis donc venu vous proposer une nouvelle alliance. Dès 1960, vous avez choisi comme tout le monde de suivre le PDCI, et vous n`avez rien eu. Après le PDCI, vous avez dit au RDR, prends-nous cadeaux. Aujourd`hui, où vous en êtes? Le bilan est catastrophique. On ne suit pas un parti politique parce que c`est un frère ou un cousin qui est à la tête de ce parti. Ou encore parce que c`est un homme de ma religion. On suit un parti politique pour qu`il règle nos problèmes. On rentre dans un parti politique pour que quelque chose change dans notre vie et dans la vie de notre pays et notre ville. On aurait pu ne pas venir ici et vous regarder dans la souffrance que vous avez choisie, délibérément. En tout cas, je suis venu vous tenir le langage de la vérité. Car je suis le président du parti de Gbagbo, homme de vérité. Et donc je suis venu vous dire que le FPI a besoin de vous. Car ici se trouvent des Ivoiriens qui ont besoin de développement. " Ainsi se poursuit et s`anime la tournée politique du Front populaire ivoirien de Pascal Affi N`Guessan.

Simplice Allard al08062317@yahoo.fr

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