lundi 7 avril 2008 par Notre Voie

Le jeudi 3 avril 2008, le président de la République, M. Laurent Gbagbo, et le responsable mondial du groupe Bolloré, le français Vincent Bolloré, ont inauguré le terminal à conteneurs du port autonome d'Abidjan concédé depuis le 23 octobre 2003 au groupe Bolloré. Au cours de cette cérémonie, le chef de l'Etat a prononcé un important discours que nous vous proposons en intégralité.
Messieurs les Présidents des Institutions de la République ; Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Monsieur Vincent Bolloré, Président du Groupe Bolloré ; Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ; Monsieur le Président du Conseil d'Administration de la SETV ; Monsieur le Directeur Général du Port Autonome d'Abidjan ;
Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux, Directeurs et Chefs de Service ; Mesdames et Messieurs les Membres du Personnel de la SETV et de la Communauté portuaire ;
Honorables, Chefs traditionnels ; Mesdames, Messieurs ;

Aujourd'hui, je ne suis pas venu faire un grand discours. Je suis venu remercier des gens qui, parce qu'ils sont parmi les grands investisseurs en Côte d'Ivoire, sont assurément les amis de la Côte d'Ivoire. Je suis venu saluer et accompagner Vincent Bolloré ici. J'aurai pu venir inaugurer le port ! Mais il était bon que pour la circonstance, le Président de la République soit là pour lui dire sa reconnaissance et sa foi dans le partenariat qu'il y a entre son Groupe et la Côte d'Ivoire.
Le Port n'est pas pour la Côte d'Ivoire, une banale institution économique. Il a été pensé à la fin du 19ième siècle. On l'a pensé en même temps que trois choses. On a pensé le Port quand on a découvert qu'il y avait une lagune profonde, prolongée de barre ; donc on pouvait faire un Port sans avoir affaire au Warf. Parce qu'avant, c'étaient les Warfs : le Warf de Grand-Bassam, le Warf de Port-Bouet et le Warf de Sassandra qui existe encore même s'il ne fonctionne pas.
Donc première des choses : quand les autorités de l'époque, à partir de 1893, ont découvert que le lagune était protégée des houles et de la barre, elles ont décidé de faire un Port dans la lagune. C'est pourquoi, contrairement à tous les autres Ports qui sont sur la côte, le Port d'Abidjan est le seul quasiment à ne pas être sur la mer. Il est dans la lagune. Il a fallu pour cela creuser un canal. L'étude de ce canal a été confiée à un officier. A cause des évènements mondiaux (première et deuxième guerre), ce canal a été percé et le Port a été inauguré en 1950 par quelqu'un que vous connaissez tous, François Mitterrand, alors Ministre des Territoires d'Outre-Mer.
Donc, on a étudié en même temps le Port ; la possibilité de faire un port ; la possibilité de faire autour de ce port, une ville, qui est devenue Abidjan. Qui est la 3ième capitale de la Côte d'Ivoire après Bassam et Bingerville. Il était plus économique pour ceux qui étaient à Bingerville, pour les autorités, de venir auprès du Port. Et si vous étudiez bien l'endroit où était le Palais du Gouverneur, il avait un ?il sur la ville d'Abidjan, un ?il sur le Port, un ?il sur la route qui conduisait à l'aéroport et un ?il sur les rails. De son bureau, il surveillait tout cela. Et de temps en temps, il m'arrive de le faire. Donc les études du Port, les études du tracé de la ville, et les études du chemin de fer, bref, toutes ces trois études ont été faites par la même personne, par le même cabinet militaire. Cela veut dire que tout ceci était lié. Sans Port d'Abidjan, il n'y a pas de chemin de fer Abidjan-Niger ; et sans Port d'Abidjan, il n'y a pas l'aéroport de Port-Bouet.
Je voulais dire que tout ceci est intégré. Et il nous faut continuer à garder l'intégration de toutes ces infrastructures. Nous travaillons au développement du Port - j'en dirai un mot tout à l'heure - mais, nous travaillons aussi au développement de l'aéroport. Et, je viens d'en parler avec Vincent Bolloré, nous travaillons également au développement du chemin de fer, parce que le Port d'Abidjan a été fait pour que le Niger, la Haute Volta et tous les pays qui sont à l'intérieur, auxquels j'ajoute aujourd'hui le Mali, convergent vers le Port d'Abidjan, pour y chercher leurs marchandises qui arrivent de l'extérieur et y amener leurs productions qui vont à l'extérieur. Sinon, le Port d'Abidjan n'a pas sa raison d'être. Ayant compris cela et voulant diversifier nos moyens d'acquisition de richesses, le Président Houphouët-Boigny a eu l'idée de faire le port de San-Pédro qui est notre seul port en mer.
En même temps donc que nous pensons à développer le Port d'Abidjan, nous pensons à développer le Port de San-Pedro. Et nous pensons à développer l'aéroport, nous pensons à développer les rails. Naturellement, nous pensons à développer les routes. Voilà ce que je voulais vous dire sur notre vision ; sur ce qu'il faut faire. Ce n'est même pas la vision d'un homme, ni celle d'un parti. Mais celle de la Côte d'Ivoire. Sans ces éléments, il n'y a pas de Côte d'Ivoire. Sans le port, l'aéroport, le 2ème port, les routes et sans le chemin de fer, il n'y a pas de Côte d'Ivoire. Cela transcende les clivages politiciens. C'est pourquoi, sur ces enjeux-là, il n'y a pas de débats à faire ! Il y a à travailler. Et quiconque sera à ma place demain ou après demain fera la même chose, sinon, il sera chassé du pouvoir, brutalement. Parce que quand même, le Port que voici, donne 80 à 85% des recettes douanières au pays. Vous ne pouvez pas ne pas développer le Port.
Donc, je vous remercie chers amis, d'avoir accepté d'investir ; d'avoir accepté plus massivement qu'il n'avait été prévu. Bien sûr, vous êtes des hommes d'affaires. On fait du gagnant-gagnant. Quand vous investissez, c'est parce que vous gagnez. Mais moi, je suis content parce que je gagne aussi. Parce que la Côte d'Ivoire y gagne aussi.
Je voudrais dire à M. Bolloré et à tous ses collaborateurs, que je leur présente mes excuses, pour tous ces débats fangeux (qui étaient dans la fange), et qui ont eu lieu à propos de l'attribution de ce terminal à conteneurs. C'était dégoûtant, illogique, indigne. Mais c'est cela aussi la politique. Je ne dis pas que c'est cela aussi la Côte d'Ivoire, mais bien c'est cela la politique. Parce que dans tous les pays, il y a des débats comme cela. Non seulement inutiles mais nauséeux et nauséabonds. Donc dans tous les pays, cela existe. Mais ce n'était pas pour vous, c'était entre nous. Nous croyions nous démolir, mais nous faisions du mal à la Côte d'Ivoire. C'est pourquoi dans tout débat politique, il faut savoir raison garder. On peut être dur sans compromettre l'avenir du pays. On peut être très dur, et moi-même je suis très dur avec mes adversaires, mais sans compromettre l'avenir du pays. Parce que ce qui importe, c'est le pays. On peut même chercher à casser l'adversaire, mais sans compromettre l'avenir du pays. Or, toucher au Port d'Abidjan, c'est compromettre l'avenir du pays. Et cela, je ne l'accepte pas ! Et je ne l'accepterai jamais.
Donc voici ce que je voulais rappeler aux gens. Que sans le Port d'Abidjan, il n'y aurait pas tout ceci. Sans la découverte de ce havre qu'est la lagune capable de contenir le Port, il n'y aurait pas la ville d'Abidjan, l'aéroport, les rails et les routes. C'est cela qui est l'essentiel, et c'est ce qu'il faut retenir. Et moi, je le retiens. Depuis toujours, je l'ai compris et je l'ai retenu. Travaillons à l'accroissement de cette richesse. Nous travaillons à partir de Yamoussoukro, comme capitale administrative. Mais Abidjan reste et Abidjan continuera toujours de nous nourrir. Donc, il nous faut veiller sur Abidjan comme sur la prunelle de nos yeux.
M. Vincent Bolloré, je suis fier que vous soyez ici aujourd'hui. Vous auriez pu demander à un de vos collaborateurs de venir ; mais venir vous-même, c'est montrer l'importance que vous accordez à l'investissement que vous avez fait ici. Et je suis personnellement heureux que vous soyez là. Mais je suis heureux que cette présence augure des lendemains meilleurs. Il y a beaucoup de travail à faire ici, dans les domaines qui sont les vôtres. Nous sommes en train d'achever la discussion sur l'île Boulay, parce qu'il nous faut accroître les quais à conteneurs. Il nous faut les accroître. Parce que quand on est élu Président de la République, on est élu pour que le jour où on s'en va, on dise voici ce que j'ai ajouté au patrimoine, à l'héritage que j'ai reçu.
Je suis souvent étonné de ces chefs d'Etat qui, une fois élus, se battent pour être riches. Je dis aux gens, si je voulais être riche, je n'aurais pas été professeur. Dans mon métier d'enseignant, on ne devient pas riche. Et normalement, dans le métier de politiciens, on ne devient pas riche aussi. Je dis bien normalement. Celui qui veut être riche, ce n'est pas l'enseignement, ni la politique qu'il fait, normalement. Donc moi, je ne suis pas venu ici pour être riche. Je suis venu ici et à ce poste, pour lutter avec l'histoire. Pour que demain, l'on dise que Gbagbo a trouvé la Côte d'Ivoire dans tel état, il l'a laissée dans tel autre état. C'est pourquoi, je suis là. C'est pourquoi, je me bats. Sinon le reste ne m'intéresse pas.
Donc, voici mes ambitions affichées et mes opinions clarifiées. Je voudrais maintenant, au nom de la Nation, décorer M. Vincent Bolloré et son collaborateur, M. Cuche. Je vais leur exprimer la reconnaissance de la Nation entière.
M. Vincent Bolloré, Président du Groupe Bolloré, au nom du peuple de Côte d'Ivoire, nous vous faisons Commandeur de l'ordre national.
M. Cuche Gilles Daniel, Président du Conseil d'Administration du Groupe Bolloré en Côte d'Ivoire, au nom du peuple de Côte d'Ivoire, nous vous faisons Officier de l'ordre national.


Source :
macôtedivoire.info

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