samedi 12 avril 2008 par Fraternité Matin

Depuis samedi dernier, le CeCOS a lancé le Plan week-end? sur la route de Grand-Bassam. Objectif: Sécuriser cet axe routier.

Commissaire, depuis le week-end dernier, le Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCOS) est présent sur la route de Grand-Bassam. En quoi consiste cette nouvelle mission?

Cette question est essentielle. Pour répondre, je vais remonter à l'historique de cette présence et dire que depuis que le CeCOS a été créé, nous avons mis en place de nombreux plans de sécurité à l'instar des opérations d'envergure exécutées à la veille de grandes fêtes. Une initiative sécuritaire part toujours d'un constat. Dans le cas actuel, nous avons mené des investigations qui ont démontré que les jours fériés, la voie principale Grand Bassam-Abidjan est toujours encombrée. Cet encombrement va jusqu'à Assinie. Ce constat a été fait sur une longue durée. Le général de brigade Guiai Bi Poin a donc pris la mesure d'offrir aux populations qui vont en week-end des conditions de sécurité et de circulation rassurantes. Cette opération, nous l'avons initiée la semaine dernière après l'avoir préparée minutieusement. L'opération Plan week-end est un grand programme d'une série d'opérations visant à répondre à des besoins spécifiques de nos populations. Dont l'action sur l'axe Abidjan-Grand Bassam constitue le premier volet.



Concrètement, que faites-vous comme travail sur cet axe?



Nous offrons aux usagers de l'axe Abidjan-Grand Bassam-Assinie pendant les week-ends des conditions de circulation plus fluides. Mais aussi, nous assurons la sécurité des populations riveraines de ces sites touristiques. Le CeCOS assure la sécurité du trafic.



Comment assurez-vous la sécurité du trafic?



Je vais vous donner un exemple banal. Sur le pont de Gaulle, lorsqu'il y a des ralentissements de véhicules liés à l'embouteillage, des petits larcins s'en prennent aux automobilistes. Ils arrachent des bijoux, des portefeuillesÀ ce niveau, nous y avons déployé des éléments de notre section PJ. Des cas de ce genre ont été plusieurs fois révélés sur la route de Grand-Bassam. Donc en mettant nos hommes sur cette voie, c'est en fait mettre fin à cette pratique. Assurer la sécurité du trafic sur cet axe, c'est aussi amener ses usagers à observer les règles du code de la route.



C'est-à-dire?



Quand les gens viennent de Grand-Bassam les week-ends, ils roulent généralement en double file. Donc, le double sens n'est plus observé. Ils se trouvent coincés dans des embouteillages monstres qui peuvent durer trois à quatre heures. Il y a aussi des dépassements dangereux effectués par les motocyclistes qui causent souvent des accidents de la circulation.



Ce n'est pas trop pour le CeCOS dont la mission initiale est de lutter contre le grand



banditisme à Abidjan?



Toutes ces actions ne sont pas nouvelles. Parce que le grand banditisme n'est pas une option. Il ne s'agit pas de gens qui sont arrêtés quelque part et que le CeCOS attend. Le grand banditisme, c'est aussi la voie publique. Quand vous n'avez pas la gestion de la voie publique, il vous est impossible d'assurer la sécurité d'une population.



Désormais, la gestion de la voie publique fait partie de vos attributions?



Elle fait toujours partie de nos missions.



Donc d'ici peu, on verra le CeCOS les matins, par exemple, entre la Riviera 2 et le carrefour Sainte Famille où il y a toujours des automobilistes qui créent une double file?



Nous agissons par option. Vous savez que nous ne remplaçons pas la police et la gendarmerie. Nous avons la gestion d'Abidjan et sa banlieue immédiate. Cette opération, nous pouvons la faire sur l'Autoroute du Nord les week-ends quand les gens sont bloqués. Surtout qu'au moment où on fermait le corridor à 22 heures, la file de voitures allait jusqu'à Attingué. Et les bandits en profitaient pour s'attaquer aux passagers. Nous avons déjà opéré sur l'Autoroute du Nord.



De quels outils disposez-vous pour contrôler la vitesse qui fait partie de la sécurité routière?



Nous ne contrôlons pas la vitesse. Nous empêchons les dépassements dangereux. Ce travail n'est pas de notre ressort, parce qu'il faut des radars pour le faire. Nous voulons empêcher certaines habitudes de non droit qui ont cours avec la crise de perdurer. Nous allons à la fin de la guerre. L'ONU a décidé la dernière fois de baisser l'indice sécuritaire au niveau 2. Cela veut dire aussi qu'au moins à Abidjan, on peut circuler librement. Et que les personnels des Nations unies et des institutions internationales peuvent s'installer à Abidjan. Et donc faire venir leurs familles. Ce qui suppose des activités de loisirs les week-ends. L'axe Abidjan-Grand Bassam est le plus privilégié. Si on ne peut pas assurer la sécurité des personnes et des biens en ce lieu qui est la vitrine touristique aux alentours d'Abidjan en la matière, si on continue de laisser des véhicules transporter 30 personnes au lieu de 20 autorisées, c'est une démission de la part de tout le monde.



Tout le monde, c'est qui?



Qui devrait faire ce contrôle et ne le fait pas?



C'est vrai que le simple citoyen n'a pas les pouvoirs pour faire ce travail. Mais en matière de sécurité, il n'y a pas de triomphalisme. Selon vous, qui a droit d'exécuter cette mission?



Les forces de défense et de sécurité.



Alors, dans le CeCOS, nous avons la police, la gendarmerie, les militaires. Je ne sais pas pourquoi vous êtes surpris chaque fois qu'il s'agit du CeCOS. J'ai été commandant CRS durant 7 ans et GMI pendant 5 ans. Je sais de quoi je parle. Normalement, les plages devraient être surveillées par les forces de l'ordre. Mais compte tenu de la faiblesse des effectifs, ces plages sont abandonnées. On ne doit pas crier parce que c'est le CeCOS.



Vos éléments donnent aussi raison à ceux qui crient. On les voit très souvent en train de contrôler les camions de manioc sur la route d'Alépé ou de Grand-Bassam ou encore fouiller dans les garbadromes. De quels éléments disposez-vous finalement pour suivre vos éléments sur la route de Grand-Bassam?



En tant que chef, notre devoir est de contrôler les éléments à qui nous confions des missions de terrain. Il nous incombe aussi de sanctionner ceux qui ont failli à leur mission. La question fondamentale devient alors: Au CeCOS, y a-t-il l'impunité ou pas?. Dans tout corps de métier, il y a des brebis galeuses. Notre devoir est de faire régner la suprématie de la loi. Ce sont des priorités du commandant du CeCOS. Il a toujours fait une lucarne sur les sanctions. Lors de la première conférence sur le bilan du CeCOS, le fait de révéler que 217 personnes ont été radiées des effectifs a été une surprise. Parce que c'est la première fois que cela se faisait. Il y a des sanctions contre tous ceux qui ne travaillent pas dans l'esprit de notre unité. Mais sachez aussi que les sanctions ne se prennent pas sur la place publique. Les sanctions, nous en prenons. Certains éléments sont remerciés et d'autres font l'objet de poursuites pénales et judiciaires. Il y en a plein à la maison d'arrêt militaire d'Abidjan et à la maison d'arrêt et de correction d'Abidjan. Nous ne sommes pas au-dessus de la loi. Nous jouons la carte de la transparence avec des numéros à deux chiffres sur les véhicules, un numéro vert et une série de numéros de cellulaires largement diffusé dans les médias. La population peut nous joindre à tout moment pour nous signaler les agissements de nos éléments sur le terrain. Au CeCOS, le chef a su nous communiquer le sens élevé du devoir républicain et citoyen. Ceux qui ne sont pas à niveau sont disqualifiés. D'ailleurs, qu'entend-on par la lutte contre le grand banditisme?



Ce n'est pas en tout cas fouiller les camions de manioc.



Tout dépend de ce que l'on recherche, l'éthique et la conscience qui nous guident au moment de l'action. Une chose est sûre, au départ du CeCOS, nous étions un certain nombre. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.



Où sont passés les autres?



On les a remis à leurs unités d'origine. Parce qu'ils n'ont pas le profil de la mission assignée au CeCOS.



C'est seulement cela que vous pouvez faire?



Mais pour nous, c'est là l'essentiel, car nous sommes une unité opérationnelle avec ses contraintes et ses exigences.



Existe-t-il une formation particulière pour les éléments du CeCOS?



Quand, à la création, nous avons fait la demande aux grands corps (police, gendarmerie, armée), des éléments ont été mis à notre disposition. Nous avons procédé à une sélection et à une formation. Ceux qui ont été corrects sont encore-là. Quant à ceux qui ont pensé venir se promener, ils ont été reversés à leurs unités d'origine. Et nous continuons de donner cette formation tous les deux mois.



Les éléments du CeCOS bénéficient-ils d'une prime?



Il n'y a pas de prime pour les agents du CeCOS. Les agents perçoivent leur salaire de policier ou de gendarme.



L'intégration au CeCOS est-elle volontaire?



C'est le grand corps d'origine qui décide.



Elle peut donc être une forme de sanction, parce que certains avantages que confère



le commissariat sont perdus.



Cela ne pourrait-il pas expliquer les comportements déviationnistes?



Nous sommes une unité opérationnelle. Nous ne gérons pas les humeurs. Celui qui adopte un comportement qui ne va pas dans le sens de notre éthique, nous le renvoyons dans son unité d'origine. C'est simple ! C'est pour cela que nous demandons à la population de nous alerter, dès qu'elle voit nos équipes en train de fouiller des camions de manioc dans une intention malveillante.



Sur la route de Grand-Bassam, un élément qui créé le bouchon est le corridor d'Adjouffou. Quel sera son sort pendant que vous vous y installez?



Le dispositif habituel va s'intégrer dans le dispositif occasionnel .C'est une règle en la matière. Je précise que nous n'allons pas pour faire le contrôle des pièces de véhicule. D'ailleurs, dans aucun de nos services, nous n'acceptons de pièces de véhicule. Déjà qu'Abidjan, un élément qui s'avise de prendre les pièces des véhicules tombe sous le coup d'une sanction, ce n'est pas à Grand-Bassam qu'ils vont se le permettre.



Que feriez-vous des policiers qui y dressent des barrages de contrôle de routine?



La règle est la même. Le dispositif ponctuel l'emporte sur le dispositif habituel.



Comment le faire comprendre aux policiers et gendarmes qui y sont déjà?



Nous n'avons pas la prétention de nous imposer aux autres. Nous avons besoin des uns et des autres. C'est la complémentarité qui doit régner entre eux et nous. La preuve ? Nous ne faisons pas de procédures. Nous travaillons en synergie avec les commissariats, les brigades de gendarmerie, la direction de la police criminelle.



Cela est-il suffisant pour les convaincre?



C'est une question d'unicité d'action dans l'intérêt supérieur de la nation et des populations au service de qui nous sommes.



Cette présence est aussi liée au racket.



C'est vrai. Mais il faut dire que les forces de l'ordre ne sont pas les seuls responsables. Déjà sur la route de Grand-Bassam, les usagers ont commencé à tendre de l'argent à nos agents. D'ores et déjà, je préviens tout le monde : celui qui tentera de corrompre nos agents sera poursuivi.



Quel sera le sort des contrevenants qui seront pris sur la route de Grand-Bassam?



Ils paieront leur amende de composition à la Trésorerie départementale d'Abidjan.



N'auront-ils pas la possibilité de payer sur place comme c'est le cas avec la police ou les équipes du radar?



Nous n'entrerons pas dans cette polémique de payer les gens sur place. Ils iront tous payer au Trésor public et viendront récupérer leur véhicule.



Le CeCOS est-il prêt à épauler les autorités à aller en croisade nationale contre le racket?



On a déjà eu une mission de ce genre. Qui est la lutte contre le port du treillis. Elle fonctionne très bien. Il suffit qu'on nous définisse la feuille de route de façon précise. Tout le monde est concerné. Si on nous la confie avec les moyens adéquats, il y aura les résultats.



Interview réalisée par Doua Gouly

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