Le président du parti cinquantenaire, Henri Konan Bédié est attendu les 25 et 26 avril prochains dans les régions de Gagnoa et de Soubré. Bédié sur les vestiges d'un territoire qui a longtemps signé l'acte de divorce avec le Parti démocratique de Côte d'Ivoire.
C'est de bonne guerre et c'est cela la vraie bataille démocratique. Le président du Front populaire ivoirien a pris en otage la région des savanes, bastion du Rassemblement des Républicains, où le patron des refondateurs entend désinfecter cette zone, longtemps nourrie aux ragots mensongers par ses adversaires sur la politique du président Laurent Gbagbo. C'est annoncé, les localités de Gagnoa et Soubré seront visitées par le président du PDCI. Bédié à Gagnoa, ville du chef de l'Etat, adversaire farouche du prince de Daoukro pour y animer un meeting. Cette visite, au-delà des stratégies de mobilisation, contribue à la décrispation de l'atmosphère politique. Riposte à la tournée que le président du FPI a effectuée dans la région natale de Bédié, Daoukro. Si la visite du patron des frontistes à Daoukro s'inscrit dans la conquête du V baoulé, celle qu'effectuera Bédié dans les villes de Gagnoa et Soubré est une mission très difficile de la reconquête d'un terrain perdu depuis les dernières élections générales. En effet, la cité du fromager était et ce, avant le scrutin de 2000, partagée entre le PDCI et le parti du président Laurent Gbagbo. Mais, le FPI à lui seul, détient depuis 2000, tous les postes électifs de cette région, à l'exception de la commune de Gagnoa qui était au maire du RDR. Depuis le déclenchement de la guerre, l'élu républicain, le maire Gnohité Roger a divorsé d'avec son parti. Les populations de Gagnoa et particulièrement, celles naturellement déclarées PDCI, ont tourné majoritairement le dos au vieux parti. Les actions du président Laurent Gbagbo à leur endroit sont autant d'éléments qui font couler le PDCI dans cette région. Les communautés baoulé et malinké ont décidé de ne plus suivre le prince de Daoukro qui n'a aucune ambition politique pour la Côte d'Ivoire. C'est donc, sur un terrain miné et acquis à la cause du président Gbagbo que le patron du PDCI prêchera le 25 avril dernier. Encore une autre voix dans le désert après celle de Yopougon.
La visite de Bédié dans la cité de la nawa, Soubré, ville natale du très tristement célèbre politique du feu Charles Bauza Donwahi, l'homme sur qui reposait le destin de toute une région. Soubré, c'est aussi, chez le bouillant délégué départemental, Zady Kessi Marcel, PCA du groupe CIE-SODECI. La région de la boucle du cacao constitue, au vu des derniers résultats des élections de 2000, une poche de résistance pour le parti du président Bédié. Le PDCI détient encore des élus dans cette zone qui compte une forte communauté allogène. Les deux députés de la commune de Soubré sont issus du parti cinquantenaire. Et il en est de même pour la localité de Méagui où les frères Salé occupent la mairie et le poste de député. Tous les élus des sous-préfectures de Buyo et grand Zatry sont issus du parti du président Affi. Egalement, les deux députés Soubré sous-préfecture reviennent au FPI. Mais les actions menées par le camp présidentiel notamment auprès des populations baoulé et malinké défavorisent aujourd'hui, le PDCI. Le président du conseil général, qui n'est rien d'autre que le secrétaire général du parti au pouvoir et le fédéral du FPI travaillent d'arrache-pied pour faire de cette région le véritable bastion des refondateurs. Et ils sont en passe de réussir ce pari. Qu'est-ce que le président d'un parti en perte de vitesse dans une région va-t-il dire qui pourra renverser la tendance ? Pour ceux qui connaissent et maîtrisent le terrain politique dans la cité de la nawa, la visite de Bédié dans cette région est un simple voyage de santé et de contact avec le pays profond pour celui qui est resté aussi longtemps loin des vraies ivoiriens, piliers de la vitalité de notre chère Côte d'Ivoire. Bédié à Gagnoa et Soubré et puis quoi ? Pour reprendre la rue.
Zéré de Mahi