Le Front populaire ivoirien a sorti ses griffes, samedi dernier, à Soubré pour réhabiliter ses plates bandes violées, il y a une semaine, par le PDCI et son président.
Les observateurs du marigot politique ivoirien s`attendaient naturellement à la riposte du FPI après le passage du président du PDCI à Soubré. L`attente n`aura duré qu`une petite semaine. Le samedi 3 mai dernier, le FPI est monté au créneau à Soubré pour balayer les traces de Bédié. La mission de restauration de l`ordre dans cette zone que le parti créé par Laurent Gbagbo considère désormais comme son pré-carré a été conduite par Sylvain Miaka Ouretto. Visiblement outré par les insinuations et les mensonges distillés par le PDCI?, le secrétaire général du FPI a craché du feu et remis les pendules à l`heure. Des gens qui avaient le visage froncé et qui ont appris à sourire au peuple parce que les élections approchent sont venus marcher sur nos plates bandes. Nous allons réagir énergiquement pour que plus jamais personne ne vienne s`attaquer impunément au FPI et à Laurent Gbagbo sur nos bases?, a-t-il lancé d`entrée de jeu pour annoncer les couleurs.
L`émissaire du FPI, lui-même fils de la région, a tenu à lever toutes les équivoques en situant clairement l`opinion sur les rapports de forces entre les partis sur le terrain. Contrairement à une opinion passée et dépassée, Soubré est le fief du FPI?, a précisé l`orateur. La preuve, il l`a donnée à travers des faits et réalités indéniables. Sur 7 postes de député, le FPI en a raflé 5. Le conseil général du département de Soubré est tenu par le FPI qui contrôle 2 communes contre 1 pour le PDCI et 1 pour le RDR?.
Après cette mise au point qui vaut son pesant d`or, Miaka s`est attelé à démonter le vieux parti en pièces détachées. Premier cap de cette offensive bien structurée la mobilisation. Le PDCI s`était, en effet, gargarisé d`avoir fait une mobilisation sans précédent dans la cité de la Nawa. Pour le secrétaire général du FPI, cela relève purement de la supercherie teintée d`affabulation dont le seul but est de faire croire à l`opinion que le PDCI compte de nombreux militants dans le département de Soubré. La réalité, révélera-t-il, est que les personnes qui ont pris part au meeting sont venues des quatre coins du pays. C`est toute la Côte d`Ivoire qui était rassemblée ici. C`était un meeting national qui s`est tenu à Soubré. Les gens ont été transportés de partout pour donner l`impression que le PDCI représente encore quelque chose?.
Attaquant le contenu du message adressé aux populations par le président Bédié, le porte-parole du FPI y a décelé de graves insinuations. Il s`en est pris notamment à cette idée qui présente le peuple akan comme un bétail électoral du PDCI. Selon l`émissaire du FPI, cette idée, même si elle a prospéré par le passé, est aujourd`hui bien fausse, parce que les réalités sociologiques ont évolué. Bédié et le PDCI se font beaucoup d`illusions quand ils pensent que nos frères akan qui sont ici dans les campements sont leurs électeurs potentiels. Qu`ils se ravisent, parce que les données sociologiques ont changé. Le baoulé n`est plus obligé de voter pour le PDCI. Le baoulé qui vit ici a le sens de discernement et sait aujourd`hui distinguer le bon grain de l`ivraie?.
Cette évolution des mentalités s`explique selon M. Miaka, par le fait que certains discours tenus par le passé pour embobiner les esprits des paysans baoulé ne tiennent plus la route. On avait dit que si Gbagbo et le FPI prenaient le pouvoir, les baoulé seraient chassés de leurs plantations. Gbagbo est au pouvoir depuis 8 ans et les baoulé dorment tranquille dans leur campement. Mieux, le président Gbagbo a décrété un programme spécial d`électrification dans les régions baoulé?.
L`autre point sur lequel s`est attardé le secrétaire général du FPI, c`est l`appel lancé par Bédié en vue de participer au vote. Le président du PDCI avait invité les personnes concernées à se défendre par tous les moyens.
Miaka Ouretto s`est offusqué de cet appel qui constitue, selon lui, une véritable incitation à la violence. Le porte-parole du FPI a fait remarquer que l`empêchement de vote est une invention du PDCI qui le pratiquait à souhait pendant son long règne. C`est une pratique anti démocratique que le FPI, en tant que parti défenseur des libertés, ne saurait cautionner?, a-t-il ajouté, non sans avoir rassuré que les élections à venir seront rigoureusement organisées après un découpage clair et surveillées par les forces impartiales.
L`orateur est, du reste, convaincu que l`appel de Bédié à toutes les chances de tomber dans les oreilles de sourd. Souvenez-vous que Bédié est tombé en 1999 quand son pouvoir était au zénith. Il avait lancé un appel de ce genre à ses militants, aux préfets, sous-préfets, etc. Et aucune mouche n`est sortie?, a rappelé M. Miaka, qui, avant de refermer ce chapitre, a annoncé que le candidat du PDCI sera battu proprement et contraint à la retraite à Daoukro, son village natal. C`est de façon régulière que Bédié sera terrassé au soir du 30 novembre. C`est ce jour que nous allons l`accompagner à la retraite?, a-t-il lancé dans un tonnerre d`applaudissements.
S`agissant des accusations portées contre la Refondation, Sylvain Miaka Ouretto n`a pas tari d`arguments pour confondre le leader du PDCI.
Bédié avait traité le FPI et le président Gbagbo d`incompétents et de malpropres à chasser du pouvoir. Sur la question, l`émissaire du parti au pouvoir (qui partage son pouvoir avec tous les principaux partis de l`opposition) a invité les ivoiriens à un regard rétrospectif sur la gestion de Bédié, une gestion marquée, dira-t-il, par la gabegie, la mauvaise gouvernance, les détournements de deniers publics et autres scandales financiers. A cause de la mauvaise gestion de Bédié et du PDCI, la Côte d`Ivoire a été mise au ban de la communauté internationale. Tous les bailleurs de fonds nous avaient abandonnés et notre image était ternie. C`est pour tout cela que le président Gbagbo dit avoir pris le pouvoir dans des conditions calamiteuses?.
Ce tableau sombre a vite fait place à un contexte plus reluisant sous l`ère Gbagbo. Avec le FPI et le président Gbagbo, il a fallu moins de 15 moins pour que la Côte d`Ivoire retrouve sa place dans le concert des nations. D`où vient que ceux qui, hier, ont conduit le pays dans le désespoir traitent Gbagbo d`incompétent et de malpropre ??
Pour le porte-parole du FPI, le chef de l`Etat est traité de tous les noms, parce qu`il aime son peuple et refuse la vassalisation de la Côte d`Ivoire. Gbagbo est attaqué parce qu`il a fait face à l`ennemi là où certains ont pris l`habitude de fuir. Gbagbo est pris à partir parce qu`il a refusé de se soumettre aux ordres de la France chiraquienne et de se servir des intérêts mafieux?. Et M. Miaka d`indiquer que les vrais malpropres sont ceux qui servent les intérêts mafieux au détriment des intérêts de leur pays.
Après avoir ainsi recentré le débat, le général? a donné des mots d`ordre relatifs aux élections à sa troupe. Vous devez prendre toutes les dispositions utiles pour accompagner Bédié à la retraite au soir du 30 novembre?, a-t-il lancé. Pour Sylvain Miaka Ouretto, les consultations à venir devraient être l`occasion pour tous les patriotes de couronner la résistance face aux ennemis de la Côte d`Ivoire. Il a demandé surtout qu`une sanction exemplaire soit infligée à Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara qu`il présente comme des néo-jacobinistes foncièrement opposés au développement local.
Il faut souligner que le meeting du FPI a été suivi avec beaucoup d`intérêt par les militants et les populations venus uniquement du département de Soubré.
L`on a noté une présence remarquée des principaux chefs coutumiers au nombre desquels le chef central de Soubré, M. Zobré Roland, et le chef central des baoulé, M. Kouassi Konan. Les populations sont venues des cantons Brokoua (Soubré) Guibrouo (okrouyo), Bakoué (Méagui), Guibouo (Grand-Zattry), Kouzié (Buyo), Loblé (Buyo) et Dakua (Liluyo) conduites par leurs chefs coutumiers pour réaffirmer leur soutien au président Gbagbo. Ce soutien a été matérialisé par un gros bélier remis à leur fils Miaka Ouretto qui était en compagnie de plusieurs cadres et élus de son parti.
Junior Dekassan envoyé spécial à Soubré