Le jeudi 24 avril dernier, sous l`égide de la Commission électorale indépendante et en présence du Secrétaire Général des Nations unies, BAN KI MOON, les leaders des partis politiques ivoiriens signaient un CODE DE BONNE CONDUITE pour encadrer leur comportement politique pendant la période préélectorale et électorale. Ce code est en observation depuis ce jour historique. Historique parce que c`est à partir de ce jour là que tous les leaders politiques semblent avoir pris conscience de la mauvaise manifestation de leurs faits et gestes, de leurs mauvaises paroles sur la paix sociale. C`est important et il faut le souligner. Ce code est le bienvenu et donne espoir à tous ceux qui comprennent que c`est l`acte politique ultime qui restait à poser après l`accord politique de Ouaga le recommandant pour en appeler à leur grande conscience et au souvenir de leur manquement dans leur responsabilité à sauvegarder la Paix sociale. Ouf ! Nos leaders vont désormais s`accorder sur un minimum pour permettre au peuple ivoirien meurtri par tant d`années de bêtises et bassesses politiques de respirer un peu et d`aller inexorablement vers une sortie de crise par des élections démocratiques, libres, transparentes, incontestables et apaisées. A la lecture de ce code de 20 articles publiés par la presse nationale et dont n`a pas suffisamment fait écho la presse internationale dans leur chronique sur la Côte d`Ivoire ; je me suis dit : ça y est, c`est le comble des combles ! Des leaders politiques qui ont besoin qu`on leur rappelle leur devoir vis-à-vis de leur pays. Qu`ils veulent tous gouverner et chacun selon sa vision idéologique, politique et son éducation. Avaient-ils tous besoin autant qu`ils sont qu`un texte de 20 articles puisse leur rappeler leurs obligations vis à vis du Peuple Ivoirien et de ce pays ? Je n`arrive pas à me l`expliquer mais cela me rappelle ce qu`avait dit le premier ministre de consensus, Charles KONAN BANNY, au lendemain de sa nomination que notre pays était malade du manque criant de confiance des ses leaders politiques, les uns envers les autres. Ce code de bonne conduite est la matérialisation parfaite de cette méfiance entre ceux-ci. Que dit ce texte de bonne conduite que nos leaders ne sont capables d`observer et d`avoir constamment en esprit pour la Paix sociale dans notre pays. Laurent GBAGBO, Henri KONAN BEDIE, Allassane DRAMANE OUATTARA, Francis VANGAH WODIE, Innocent ANAKY KOBENAN, El Hadj MABRI TOIKEUSS, Daniel AKISSI BONI CLAVERIE, GUEU DRO et les autres ne sont-ils pas intellectuellement outillés et suffisamment intelligents et sages pour comprendre que la Démocratie dans un pays ; ce n`est ni la guerre ni le désordre institutionnel. Tous ne sont-ils pas des intellectuels de haut niveau, des universitaires, en somme, pour comprendre la Démocratie et l`exercice de la politique en démocratie pluraliste ? La démocratie multipartite exige un minimum de confiance des leaders politiques les uns dans les autres et dans les institutions républicaines. Et qu`une classe politique n`est pas un groupe de bandits ou de gangsters qui s`entretuent à la vue du butin ou pendant le partage de ce dernier. Si la politique consiste à organiser notre vie commune et à préparer le futur de plusieurs générations ; elle ne saurait se faire dans la méfiance et la défiance les uns envers les autres, dans le désordre institutionnel et dans la guerre. En Côte d`Ivoire, depuis que le gangstérisme politique s`est opéré, le 24 décembre 1999, contre les institutions républicaines ; les élections antidémocratiques qui s`en sont suivies, ont provoqué la tentative de coup d`Etat du 19 septembre 2002 et mué en rébellion ; la classe politique ivoirienne n`est plus digne de la République, de la Démocratie et du Respect des règles des élections. Au début de la démocratisation de notre pays, la principale revendication des démocrates autoproclamés, aujourd`hui, au pouvoir était l`adoption d`un code électoral consensuel, la création d`une commission électorale indépendante, du vote à 18 ans, du bulletin unique et des urnes transparentes. D`où vient-il qu`aujourd`hui, les leaders politiques signent-ils un CODE DE BONNE CONDUITE ? Ne sont-ils pas en mesure de se faire confiance et faire confiance aux institutions de leur pays ? N`ont-ils pas la fibre patriotique et démocratique nécessaire au respect des règles de la démocratie en la matière ? Pourtant, la démocratie, qui stipule aussi l`alternance démocratique par l`organisation des élections justes, libres et transparentes, exige : "un citoyen une voix". Comme le diraient les anglais "One man one vote". Pour éviter que certains citoyens empêchent d`autres d`accomplir leur droit de vote. Alors que c`est une exigence constitutionnelle pour chaque citoyen en âge de voter d`exercer ce droit inaliénable pour tout citoyen. Avait-on besoin d`un CODE DE BONNE DE CONDUITE afin que Laurent GBAGBO, candidat du Fpi, en appelle à la conscience de ses militants de laisser les autres Ivoiriens exercer librement leur droit de vote dans les régions forestières ? Avait-il besoin sous son régime, lui, le démocrate devant l`éternel, d`un CODE DE BONNE CONDUITE pour jouer son rôle de "pédagogue démocrate" et enseigner aux Ivoiriens la liberté d`exercer sans contrainte leur droit de vote partout où ils vivent ? Avait-on besoin d`un CODE DE BONNE CONDUITE pour qu`Henri KONAN BEDIE, candidat du PDCI RDA à l`élection présidentielle en appelle à la mobilisation des Ivoiriens contre l`empêchement à l`exercice du droit de vote partout en Côte d`Ivoire ? Avait-on besoin d`un CODE DE BONNE CONDUITE afin que Francis VANGAH WODIE en appelle à la co-organisation de la présidentielle et des législatives le même jour pour des raisons économiques ? Avait-on besoin d`un CODE DE BONNE CONDUITE pour qu`Allassane DRAMANE OUTTARA reconnaisse qu`être opposant ne veut pas dire s`opposer à tout ? Avait-on besoin d`un CODE DE BONNE CONDUITE pour savoir que dans toute compétition humaine, il y a un vainqueur et un vaincu ? Et que le vaincu doit reconnaître qu`il est vaincu et s`en tenir au résultat que d`appeler à l`insurrection ? Comme ce fut le cas en octobre 2000 où le vainqueur fut appel à l`insurrection populaire pour contraindre le vaincu à lui reconnaître sa victoire ? Avait-on besoin d`un CODE DE BONNE CONDUITE pour savoir que la stabilité et la crédibilité d`un pays comme la Côte d`Ivoire dépendent du savoir faire politique et de la qualité de la classe de ses hommes politiques ? Avait-on besoin d`un CODE DE BONNE CONDUITE pour que les leaders politiques ivoiriens comprennent que la Paix sociale profite à tous les citoyens, eux aussi y compris ? Avait-on besoin d`un CODE DE BONNE CONDUITE pour que les leaders politiques ivoiriens observent le minimum de courtoisie entre eux, les uns envers les autres ? Avait-on besoin d`un CODE DE BONNE CONDUITE pour prouver qu`entre des leaders politiques civilisés dans un pays de Paix ; les différends électoraux se règlent par des moyens pacifiques et institutionnels ? Ce CODE DE BONNE CONDUITE est peut-être à saluer parce qu`il rappelle à nos vénérés leaders politiques leur manquement à la civilité politique, au respect de la parole donnée et de leur signature. Mais qu`ils n`oublient pas, non plus que ce texte de vingt articles est aussi une insulte grave à leur capacité d`être des grands leaders, capables de mesure et d`élévation face à la gravité de toute situation. Et capables d`influer sur le cours des événements ! Le vin est tiré ; il faut le boire même s`il n`est pas à notre goût. Que pouvons-nous d`autre si notre classe politique a fini par ridiculiser la Côte d`Ivoire en le tirant par le bas. Au vu de tout ce que pays a connu comme déboires et désarroi depuis son retour au multipartisme. A cause d`une Démocratie qu`ils ont eux-mêmes dévoyée et fossoyé par leur précipitation à tout obtenir toute suite et maintenant. Alors que la Côte d`Ivoire par la qualité intellectuelle et la formation de ses leaders politiques mérite mieux que ce faux spectacle de signature d`un CODE DE BONNE CONDUITE. Si le centre de rugby de Linas Marcoussis, un sport rudoyant ne leur a pas servi de honte ; c`est au centre d`entraînement des Lakers, des basketteurs américains de Los Angeles qu`il faut aller maintenant les instruire pour non seulement leur apprendre le patriotisme, l`amour profond du pays mais aussi et surtout la compréhension de la République et de la Démocratie apaisée appuyée de la morale sur le respect de la parole donnée et la signature apposée au bas d`un texte préalablement approuvé. Avec ce CODE DE BONNE CONDUITE ; attendons de les voir au pied du mur ! C`est le respectable BEUGRE MAMBE, le Président de la commission rédactrice de ce code et son équipe qui ont du pain sur la planche à cause d`une classe politique incorrigible, insensible aux souffrances des fiers Ivoiriens et maîtresse dans la volte face. Les Ivoiriens se mordent le doigt d`avoir eu soif d`une alternative démocratique aux forceps sur fond de coup de force militaire. Pendant que d`autres regrettent l`époque apaisée et de développement de notre pays, sous le parti unique.
Ange DAGARET DASSAUD
angedagaret@yaoo.fr