vendredi 9 mai 2008 par Le Nouveau Réveil

En Juin 2000, alors que j'étais encore à l'UFR de Sciences Juridique Administrative et Politique de l'Université de Cocody, j'avais écrit un article que j'avais intitulé : " Côte d'Ivoire, un pays au seuil du passage à l'acte ". Dans cet article que j'avais écrit pendant la " grande folie " de la bataille du " ET " et du " OU ", j'avais attiré l'attention des ivoiriens en général et des gouvernants en particulier sur le fait que toutes les conditions de la guerre civile étaient réunies et que ce n'était plus qu'une question de mois.
Malheureusement, aucune des rédactions des journaux qui paraissaient dans notre pays à cette époque y compris Fraternité Matin, n'avait accepté de publier cet article, au motif que son contenu ramait à contre courant de la lutte patriotique contre la fraude sur la nationalité ivoirienne. Nous savons tous aujourd'hui les résultats de cette grande bataille du " ET " et du " OU ". A peine les vainqueurs du " ET " et du " OU " ont eu le temps de dresser les bâches pour sabler le champagne dans la ferveur que le ciel leur tomba sur la tête comme un coup de massue. Et voilà bientôt 6 ans que dure une crise qu'on aurait pu régler en un mois si on n'avait pas réalisé qu'elle était une aubaine pour s'enrichir rapidement en escroquant les contribuables ivoiriens. Voilà pourquoi j'affirme que cette crise est la plus vaste escroquerie politique et morale sans jeu de mots dont un peuple dans son entièreté ait jamais été victime dans toute l'histoire contemporaine. Jugez-en vous-même.
Monsieur Mamadou KOULIBALY le président de l'Assemblée Nationale, dont on sait qu'il ne dit jamais rien au hasard, a affirmé qu'effectivement, les refondateurs ont utilisé le prétexte de la guerre pour piller proprement toutes les caisses de l'Etat parce qu'ils pensaient que le président GBAGBO allait perdre le pouvoir. A présent que nous savons que le président GBAGBO n'a pas perdu le pouvoir, ne serait-il pas raisonnable de demander gentiment à nos frères de la refondation de ramener cet argent, vu qu'il appartient à tous les ivoiriens que nous sommes ?
Le retour volontaire de cet argent avant les élections permettra de régler par exemple certains problèmes urgents, tels l'augmentation du budget de la MACA afin de pouvoir offrir un peu de nourriture avariée à au moins 2.000 prisonniers sur 5.000, et la réparation du groupe électrogène de la MACA ; groupe électrogène qui est en panne depuis 4 ans ; afin d'arrêter de mettre toute la ville d'Abidjan en danger chaque fois qu'il y a une coupure d'électricité à la MACA.
A propos de MACA, pour tous ceux qui ne savent pas de quoi il s'agit, la MACA, c'est la Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan, c'est-à-dire, le lieu où notre société garde les personnes qui représentent un danger pour ses intérêts. Pour mieux comprendre cela, je vous donne mon exemple. Le jour de mon procès, pour me faire condamner, voici ce que le procureur a dit : " madame la présidente, monsieur ASSALE T. Antoine ici présent, est un individu extrêmement dangereux pour la Côte d'Ivoire . C'est pour cette raison que nous sollicitons qu'il vous plaise, de le déclarer coupable des faits qui lui sont reprochés et en répression, de le condamner à 24 mois de prison ferme ". Vous comprenez mieux à présent ?
Donc, les gens dangereux pour les fonctionnaires corrompus, on les attrape et on les envoie à la MACA pour soit disant les rééduquer afin qu'ils ne soient plus dangereux pour tous les fonctionnaires corrompus de notre pays. Mais ne vous inquiétez pas. Ici à la MACA, on ne rééduque personne. Ici, on forme plutôt les gens à devenir encore plus dangereux pour la société, à leur sortie de prison. De cela, je vous en parlerai le 26 Décembre 2008.
En attendant, il faut retenir que trois êtres humains font un excellent travail pour les prisonniers : il s'agit du Ministre de le justice M. Koné MAMADOU du Directeur de l'administration pénitentiaire M. COULIBALY Ibrahim et du régisseur de la MACA, M. YAO Patrice. Pour en revenir à la situation dans notre pays, selon l'A.M.P.(Agence Maca Presse), les ivoiriens sont à présent 81% à ne pouvoir s'offrir par miracle, qu'un seul repas par jour. La seule solution pour sortir les ivoiriens d'une telle misère due à la crise, nos dirigeants ont signé l'évangile selon Ouaga (l'accord politique de Ouagadougou), dont on dit qu'il conduira le peuple de Côte d'Ivoire au paradis, au soir du 30 Novembre 2008, avec le premier tour des élections présidentielles.
Contrairement à ce que beaucoup d'ivoiriens pensent, organiser les élections présidentielles le 30 Novembre 2008, c'est conduire le peuple de Côte d'Ivoire en enfer et c'est une chose tellement évidente que je m'étonne qu'il n'y ait absolument personne en dehors de la MACA pour en parler.
Selon l'A.M.P (Agence Maca Presse), les partis politiques ivoiriens ont repris leurs activités sur toute l'étendue du territoire national pour sonner la mobilisation des militants épuisés par 8 années de misère et d'escroquerie politique.
Ainsi, le président BEDIE, président du plus vieux parti de notre pays a fait 5 sorties au cours desquelles, selon l'A.M.P, il aurait littéralement craché du feu sur les " braqueurs " et leurs complices qui l'ont soulagé de son pouvoir en 1999. A la MACA, on appelle ce genre de pratique : VRMA (Vol en Réunion à Mains Armées). Toujours selon les journalistes de l'A.M.P, le président BEDIE aurait, lors de sa dernière sortie, fait preuve d'une telle débauche d'énergie que, paniqués, les complices des " braqueurs " auraient affirmé qu'il n'y avait personne à son meeting de Soubré. Commentaire de l'AM.P " ça sent le roussi pour les complices des braqueurs de 1999 " ; le président BEDIE ayant définitivement compris qu' " aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire ".
Toujours selon l'A.M.P, monsieur AFFI N'guessan, président du FPI, aurait fait une tournée remarquée dans le Nord du pays et partout où les nombreuses pistes bitumées lui ont permis de passer, monsieur AFFI se serait violemment attaqué au PDCI qu'il aurait accusé de tous les péchés d'Israël ; oubliant du coup que le FPI n'est plus dans l'opposition et que le PDCI n'est plus au pouvoir. C'est ce que ma grand'mère appelle " verser l'huile rouge avec le pied et montrer les mains pour prouver son innocence ! ". Selon les commentaires de l'A.M.P " quel homme courageux cet AFFI ! ". Un meeting de plus et il aurait accusé le PDCI d'être l'auteur de l'opération "DIGNITE ".
Toujours au titre du FPI, le secrétaire général du FPI monsieur MIAKA Ouréto, selon l'A.M.P, fait une tournée dans la région de San-Pédro où il aurait fait beaucoup de promesses aux populations au ventre gonflé par la faim. Selon les commentaires de l'AM.P " pendant que M. MIAKA Ouréto sillonnait les villages de San Pedro, avec une malette bourée de promesses, de méchantes langues ont fait circuler la rumeur selon laquelle, à Soubré, ville dont M. MIAKA O. est le président du Conseil Général, il y aurait en plein centre ville, une montagne d'ordures dont la hauteur atteindrait celle d'un poteau électrique ". PATISSANGANA !
Du côté de l'URD de tantie BONI Claverie, le congrès organisé il y a quelques jours pour choisir le candidat de ce grand parti à l'élection présidentielle a été selon l'A.M.P un grand succès. Selon les commentaires de l'A.M.P " après une élection extrêmement serrée avec plusieurs tours, le président GBAGBO qui n'était pas membre de ce parti et qui n'était pas candidat non plus, est sortie vainqueur contre personne au premier tour ".
Avec de telles comédies organisées, on est au moins rassuré sur le temps qu'il fera en Côte d'Ivoire le 30 Novembre 2008 à 23h59mns.
Quant à monsieur Gnamien KONAN, il aurait selon l'A.M.P, affirmé à Yamoussoukro qu'il supprimerait dès son arrivée au pouvoir, les concours administratifs car dit-il, ces concours ne servent qu'à recruter les médiocres et à enrichir des prédateurs. Selon les commentaires de l'A.M.P " Enfin une proposition concrète ! Pourvu que M. Gnamien KONAN parvienne enfin à convaincre M. Brou AMESSAN que cette proposition n'est pas dirigée contre les jeunes patriotes et leur parapluie atomique ". En attendant, il peut se consoler en lisant " le silence ou la mort " sur Internet.
A propos des jeunes patriotes, un document confidentiel dont les journalistes de l'A.M.P ont obtenu une copie permet enfin d'avoir une idée de la facture de leurs actions patriotiques de Novembre 2004. Ainsi, la réhabilitation du Lycée Blaise PASCAL va coûter 3,5 milliards à l'Etat de Côte d'Ivoire. Celle du lycée Jean MERMOZ va coûter environ 4 milliards à l'Etat. Enfin, le dédommagement des entreprises françaises va coûter un peu plus de 6 milliards. Au total, ce sont à peu près 14 milliards que l'Etat va devoir débourser pour payer cette lourde facture. Selon les commentaires de l'A.M.P " après ça, les jeunes ivoiriens vont s'étonner de ce que le taux de chômage soit à 70% ". Heureusement que grâce à la garantie que représente BLE Goudé, les banques qui ne prêtent jamais de l'argent aux pauvres, vont, une fois n'est pas coutume, accorder des prêts à 10 millions de jeunes sans emploi. Quel grand patriote ce BLE Goudé ! C'est vraiment le seul qui pense au bonheur des milliers de jeunes ivoiriens perclus et estropiés par les batailles épiques contre l'affreux néo-colonisateur, jaloux de nos barils de pétrole. Pourvu qu'une élection présidentielle crédible ne vienne pas tout gâcher ".
Pour en revenir à l'élection présidentielle, je soutiens que si elle est effectivement organisée le 30 Novembre, elle conduira les ivoiriens en enfer. Les preuves pour justifier une telle appréhension sont nombreuses. Quelqu'un n'a-t-il pas affirmé récemment à Adjamé qu' " il sont morts s'ils ne gagnent pas les élections présidentielles au premier tour ? " Quand on fait d'une victoire au 1er tour, une question de vie ou de mort, il vaut mieux ne pas organiser cette élection avant les autres.
La seule solution pour sauver notre pays du torrent de sang ( de l'hécatombe) qui se profile à l'horizon, c'est de placer les élections présidentielles après les élections municipales et des conseils généraux. Si nous aimons vraiment ce pays, si nous nous aimons nous-mêmes en tant qu'ivoiriens, nous devons nous interroger sincèrement sur ce que nous gagnons à vouloir organiser vaille que vaille ces élections présidentielles en premier lieu tout en sachant qu'elles vont nous conduire vers un fleuve de sang.
Pourquoi ne commencerions-nous pas par les municipales ? Elles nous permettraient d'identifier les erreurs, de jauger la capacité et la crédibilité de la CEI. Elles nous permettraient d'identifier les zones où il y aurait des empêchements de voter. Elles nous permettraient d'observer la crédibilité de notre Cour Suprême dans le règlement des différents électoraux qui ne manqueraient pas de survenir. On fera alors les corrections nécessaires et on laissera les ivoiriens célébrer dans la paix, les fêtes de fin d'année.
Après les municipales, on organisera les élections des conseils généraux et on fera d'autres corrections. Ces deux élections une fois terminées permettront à la CEI, version Mambé BEUGRE d'acquérir une expérience pratique pour mener à bien les présidentielles.
Ces deux élections test nous permettront déjà d'avoir une petite idée de la volonté des ivoiriens quant à l'identité des personnes qu'ils souhaitent mettre à la tête de leur pays et cela aura l'avantage de calmer les ardeurs des uns et des autres et de ramener tout le monde sur terre.
Forte de l'expérience acquise, la CEI pourra organiser par la suite les élections présidentielles dans la sérénité et enfin les législatives. Je sais que cette proposition n'est pas forcément la solution idoine et on pourrait me rétorquer d'ailleurs que le schéma n'est pas prévu par la constitution. Cela est vrai, mais la date du 30 Novembre ne figure pas non plus dans la constitution. C'est tout simplement une question de bon sens et quiconque aime ce pays, devrait pouvoir y réfléchir sérieusement. Car,le code de bonne conduite que tout le monde semble présenter comme le gage d'une élection présidentielle apaisée ne nous sera d'aucun secours devant les ambitions démesurées et maléfiques des hommes . Même les enfants savent que les hommes politiques n'ont signé ce code de bonne conduite que parce que chacun est persuadé que personne ne le respectera quand la folie du pouvoir aura pris possession de nos âmes. Car le pouvoir tout comme l'argent corrompt le libre jugement de la raison. Le 30 Novembre 2008, la Côte d'Ivoire pourrait se retrouver encore " au seuil du passage à l'acte ".

ASSALE Tiémoko Antoine
Prisonnier d'opinion
E-mail : antoineassale02@yahoo.fr

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