vendredi 9 mai 2008 par Fraternité Matin

Le DG du Fonds de régulation et de contrôle café-cacao, Kouakou Firmin , se prononce
sur la crise qui bloque le projet chocolatier aux États-Unis.

M. le Directeur général, lors de sa récente visite aux Etats-Unis, le Chef de l'Etat a donné l'ordre de faire démarrer l'usine de Fulton d'ici trois ou quatre mois au plus tard. Ce délai peut-il être respecté?

Vous nous donnez l'occasion de parler de cette usine qui nous tient à c?ur et nous vous en disons merci. Effectivement, lors de son passage dernièrement aux Nations unies (du 15 au 19 avril, NDLR), le Président de la République, après avoir reçu des sénateurs démocrates de l'Etat de New York, a donné instruction pour que l'usine de chocolat de Fulton entre en activités d'ici trois à quatre mois. Je peux vous répondre que ce délai est tenable dans la mesure où, techniquement, tout était déjà prêt depuis 2005.
Mais, en même temps, l'usine étant fermée aussi depuis cette même date, il est difficile de dire qu'est-ce qui est à refaire à l'intérieur pour que le fonctionnement commence. C'est pour cela que, tout en vous disant que le délai est tenable, j'émets quelques réserves par rapport à l'importante tâche qu'il faut accomplir pour ce redémarrage de l'usine.
Prenons, par exemple, le nettoyage. Cette usine est appelée à fabriquer des produits alimentaires et aux Etats-Unis, comme partout d'ailleurs, les autorités sont pointilleuses sur la propreté, sur l'hygiène dans les lieux où sont fabriqués les aliments. Et aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration" (l'administration chargée de contrôle en matière alimentaire et médicale) est particulièrement pointilleuse sur ces détails-là. Il faudra, dès lors, nettoyer toute l'usine de fond en comble, attendre qu'une inspection passe, attestre que l'usine est à nouveau en état de produire des biens alimentaires pour que la production puisse commencer.
Voilà pourquoi, tout en vous répondant que le délai est tenable, je reste tout de même sur certaines réserves pour les détails quant à la réalisation de telle ou telle tâche. Nous nous ferons un challenge de faire en sorte de tenir le délai indiqué par le Chef de l'Etat.

Une étude du BNETD a estimé à plus de 17 milliards les coûts de ces travaux de remise à jour dont vous venez de parler.
Avez-vous cette information et comment entendez-vous obtenir ces 17 milliards?

Il faut faire la part des choses. Nous avons reconstitué une usine que la société Nestlé était en train de vendre aux enchères par pièces détachées. Nous avons donc réussi à la reconstituer et à la remettre en état de marche. Et, comme je vous le disais, au mois de juin 2005, cette usine était opérationnelle.
Elle avait même fait des essais et fabriqué du chocolat. Vous avez dû le constater lors de votre visite à Fulton. Il ne restait, dès lors, qu'à mettre en place le fonds de roulement pour financer le fonctionnement, acheter les fèves à transformer pour que l'usine entre en production.
Mais en faisant cela, nous savions que, au fur et à mesure du fonctionnement, des travaux devaient continuer à être faits ne serait-ce que pour agrandir la capacité de l'usine pour obtenir un volume de production plus grand. Vous savez qu'en la matière, plus on fabrique et on vend, plus le bénéficie est important.
Donc il était bien entendu que, une fois l'usine entrée en marche, des machines complémentaires devaient être installées, des travaux complémentaires devaient être faits pour nous amener progressivement vers des bénéfices beaucoup plus importants.
Quand vous me parlez de l'étude du BNETD, il ne s'agit pas de l'argent à décaisser tout de suite comme le préalable à tout. Ce qu'il nous faut pour que la production commence, nous l'estimions au départ à 10 milliards de francs CFA. Mais du temps est passé et nous estimons aujourd'hui cela à 15 milliards de francs.
Et ces 15 milliards ne sont même pas à déposer tout de suite en bloc. Vous avez des charges comme les salaires, les impôts et autres, qui s'étalent dans le temps. Ne vous laissez donc pas effrayer par les chiffres du BNETD qui résultent, certes, d'une étude. Mais c'est de l'argent qui devra être décaissé progressivement.

Si l'on ajoute à ce montant l'investissement initial, combien devrait absorber globalement cette usine de Futlon?

A l'occasion de l'enquête judiciaire commanditée par le Chef de l'Etat à la suite des chiffres fantaisistes que des gens ont publiés dans les journaux, les choses semblent se préciser de sorte qu'aujourd'hui tout le monde est fixé sur ce qui a été investi dans l'usine. Nous sommes autour de 20 à 23 milliards de francs CFA. Si l'on y ajoute les 10 à 15 milliards de frais supplémentaires, nous serons entre 30 à 38 milliards environ.
Nous pensons que, pour la taille de l'usine et le domaine que vous avez vus - et je suis heureux que vous soyez parti sur les lieux - ce n'est pas cher payé. Pas du tout. Voyez-vous, il fallait que la Côte d'Ivoire fasse un bond qualitatif. Nous sommes le premier pays producteur de cacao avec, bon an mal an, 1 million 300 ou 1 million 400 mille tonnes. Mais depuis 1960, date de notre indépendance jusqu'à ce jour, nous sommes restés au stade de la cueillette.
Il y a seulement quelques jours que j'ai appris que des nationaux ivoiriens ont racheté Chocodi. Sinon la plupart des usines sur le sol ivoirien ne sont pas des usines ivoiriennes même si elles sont de droit ivoirien et emploient des Ivoiriens et injectent tout de même un peu d'argent dans notre tissu économique. Mais ça s'arrête là.
J'ai toujours dit à ceux qui se plaignent qu'on n'ait pas construit une usine de chocolaterie en Côte d'Ivoire que le plus difficile ce n'est ni la recherche de fonds ni celle de main-d'?uvre qualifiée, car ce n'est pas cela qui manque à la Côte d'Ivoire.

Mais lorsqu'on construit les usines en Côte d'Ivoire et qu'on finit de fabriquer le chocolat, qu'en fait-on ? C'est cela la question cruciale, celle du débouché, du marché de commercialisation.

Nous sommes trois dans ce bureau, moi je consomme occasionnellement du chocolat et c'est pareil pour vous deux, je m'en doute. Le tout n'est donc pas d'en fabriquer à Abidjan. Il faut pouvoir vendre et en la matière, l'option c'est d'exporter. Or pénétrer le marché international à partir de nos micro-Etats, n'est pas aisé parce que vous y entrez en concurrence avec les mêmes grands groupes qui ont leurs succursales dans nos pays. Ils mettront, alors, tout en ?uvre pour vous gêner.

Et Fulton, à votre avis, pallie-t-elle ces difficultés de pénétration du marché international ?

Fulton est une excellente option en ce sens que nous entrons sur le plus grand marché mondial de consommation du chocolat, les Etats-Unis. L'accès à ces marchés a un prix. 30 à 35 milliards de francs CFA pour une grande usine de chocolat comme celle que vous avez vue sur le sol américain, pour revenir à votre question, ce n'est pas cher payé.

La curiosité, aujourd'hui, c'est que vous n'êtes même pas encore au stade de la concurrence sur le marché international que les difficultés et autres crises plombent l'usine.

Le blocage, je vous l'ai dit tout à l'heure, est essentiellement d'ordre financier. Lorsqu'on a fini de construire l'usine, on entre en production. Il y a le délai de fabrication qui peut être d'un mois. Et quand on a fabriqué, il faut vendre. En la matière, les us et coutumes, ce sont des paiements à 60, 90 jours, fin du mois. Nous sommes déjà à cinq mois de fonctionnement. Pendant ce temps, il faut payer les employés, faire face aux charges afférentes à la fabrication. Cela veut dire qu'il faut, dès le départ, réunir suffisamment d'argent pour pouvoir tenir pendant ces cinq ou six mois d'exercice sans compter l'argent pour la matière première.

Finalement, on se demande à quoi l'étude de faisabilité aura servi.

J'y arrive. C'est au moment où il fallait mettre l'argent à disposition que les blocages se sont signalisés au niveau du décaissement. Je ne peux pas m'expliquer ces blocages puisque l'argent était disponible. Mais il se trouve que tout le monde n'avait pas la même vision de la chose. Certains estimaient que cette usine n'en valait pas la peine.

N'est-ce pas le manque d'étude claire sur le retour d'investissements qui a provoqué cette
réticence de la part de certains?

Je ne crois pas parce que ces études ont été faites. Et dans ce pays, je pense quand même que le Bureau national d'études techniques et de développement (BNETD) est une référence. S'il mène des études sur un projet et qu'il émet un avis favorable, je crois que les réticences devraient pouvoir s'expliquer par des raisons autres que celles de rentabilité économique.
Le moment viendra de parler en détails de ce qui bloque le démarrage mais, pour l'heure, ma préoccupation c'est que cette usine entre en production.

Vous l'avez relevé tantôt, le marché américain est très regardant sur les notions de traçabilité, d'alimentarité et même de labellisation de la production. Véritablement, êtes-vous prêts à respecter toutes ces contraintes?

Nous sommes parfaitement prêts à respecter ces contraintes. D'abord, au plan de la fabrication, nous n'avons pas de problème parce que ce sont des ingénieurs américains qui vont travailler dans l'usine. Nous sommes prêts, que ce soit pour la traçabilité que pour les autres aspects que vous avez évoqués. Nous sommes prêts parce que, à partir de nos usines dans la zone de production, il est même question que pour l'exportation, on voit avec le ministère de l'Economie et des Finances afin que les douanes, déjà sur les lieux, puissent nous aider à faire en sorte que tout le cacao qui sera traité, par exemple dans l'usine de Soubré, au lieu de venir à Abidjan être mélangé à d'autres cacao et consorts dans ce qu'on appelle les usines de conditionnement, soit traité sur place, mis dans les conteneurs et plombé pour être prêt à l'exportation. C'est notre vision des choses.

Où en est-on avec l'enquête menée par le Procureur de la République sur la crise qui plombe le projet?

Evidemment, si le Président de la République a ordonné l'ouverture d'une enquête par le Procureur, c'est qu'il y avait problème. Mais, voyez-vous, ce sont des problèmes qui n'ont pas la dimension que certains organes de presse ont voulu leur donner. Je suis triste et désolé de tout cela parce que nous avons perdu du temps. De 2005 à ce jour, cela fait plus de trois ans que cette usine est bloquée. Le Procureur mène ses enquêtes et je ne peux pas vous dire quand est-ce qu'il va livrer les conclusions.
Ce qui a ému l'opinion publique ivoirienne, c'est de dire que 100 milliards de francs CFA ont été détournés dans la filière café-cacao et utilisés à d'autres fins. J'étais malheureux parce que, dire cela comme ils l'ont fait, pour le petit peuple qui n'a pas les moyens de vérifier, il ne peut qu'y croire. Ils sont même allés jusqu'à écrire cela dans J.A. Les gens pensent que dans ce pays, on peut sortir de l'argent comme on veut.
Mais, que l'on sache qu'on ne peut pas sortir de l'argent comme cela dans ce pays. Il y a un ministère de l'Economie et des Finances et il y a des règles très claires en matière de transfert d'argent. Tant qu'il s'agit de 300.000 F ou 500.000 F, il n'y a pas de problème pour le transfert. Mais quand il est question d'envoyer des millions voire des milliards de francs, ce n'est pas du tout facile.
Je suis un employé de banque. C'est ce que j'ai fait pendant 20 ans dans une banque de la place en Côte d'Ivoire. En la matière, je connais les rudiments de règlements. Sans un dossier de transfert de fonds, vous ne pouvez pas sortir de l'argent d'un certain montant. Chaque fois qu'une banque doit faire un virement pour notre compte à Fulton, cette banque s'adresse au ministère de l'Economie et des Finances pour vérifier que nous sommes encore dans la limite de l'autorisation qui nous a été accordée. Ça c'est pour ce qui est des transferts faits par la banque. En dehors de cela, certains croient qu'on peut mettre de l'argent dans des valises pour sortir. Pour le montant avancé, il faudrait alors beaucoup de valises. Bref, il est, à mon avis, impensable qu'on détourne 100 milliards de francs pour le transférer sur le compte ailleurs. Tout est verrouillé.

D'où vient donc qu'on parle de 100 milliards détournés? On dit généralement qu'il n'y a pas
de fumée sans feu, M. le DG.

Cette affaire avait des allures politiques. D'aucuns se demandent pourquoi ce qui n'a pas été fait par le passé, c'est maintenant qu'on le réalise, c'est-à-dire faire faire à la Côte d'Ivoire le saut qualitatif. Les adversaires qui ne voient pas d'un bon ?il ce projet, font ce qu'ils peuvent pour le gêner. Pourtant, c'est dans l'industrialisation que la Côte d'Ivoire peut accroître sa part de revenu dans l'industrie cacaoyère et non dans la vente des fèves.

Ça, tout le monde le sait.

Mais ce que des personnes qui ne sont pas forcément contre vous, vous reprochent, c'est qu'il semble que vous soyez allé dans ce projet tout seul. Vous en avez fait presqu'une affaire de M. Kouakou.
Ce n'est pas un projet de M. Kouakou. En tant que directeur général du FRC, selon ce que les statuts ont indiqué, M. Kouakou représente la structure vis-à-vis d'un tiers. Il est chargé par le Conseil d'administration du FRC de conduire ses projets. Forcément, dans une telle mission, je suis obligé en tant que directeur général d'engager la structure. Il n'y a qu'un seul DG, c'est moi. On ne dira pas non plus que l'usine que j'ai construite, au nom du FRC, à Soubré, est une affaire de M. Kouakou Firmin, je l'espère bien. Le FRC a une équipe, un Conseil d'administration qui siège. Je vous dis que les arguments avancés par ces gens ne tiennent pas la route. Ce projet est majeur. Moi, ce qu'on m'a reproché c'est de n'avoir pas communiqué là-dessus.

Et de n'y avoir pas impliqué les autres structures techniques de gestion.

Voyez-vous, on nous fait un mauvais procès. C'est comme si je disais au Fonds de développement " vous allez faire le traitement phyto-sanitaire pourquoi n'associez-vous pas le FRC? ". Mais qu'est-ce que j'ai à y faire ? Rien ! Si les gens pensent ce que vous dites, en ce moment, il aurait fallu créer une seule structure au lieu de trois. Si toutes les structures doivent tout faire ensemble, il fallait dans ce cas créer une seule. C'est bien parce qu'on voulait que les tâches soient partagées qu'on a créé des structures différentes. Sur le projet de l'usine de Fulton, c'est bien le Fonds de régulation et de contrôle du café-cacao (FRC) qui a le dossier en charge. Nous ne pouvons pas dire à l'ARCC ou à la BCC, venez avec nous à Fulton pour construire une usine.

Mais il se trouve aujourd'hui que pour décaisser de l'argent pour l'usine, il faut également la signature du DG de l'ARCC. Pourquoi cette signature s'impose-t-elle donc?

Non ! Non et non ! C'est, justement, suite à tous ces troubles dans la filière qu'en décembre 2005, seulement, le Président de la République a dû prendre un décret pour demander que ce que nous appelons ici les " fonds communs ", c'est-à-dire les fonds allant dans les investissements ou les projets concernant l'ensemble de la filière, tels que la réserve de prudence dont la gestion est confiée au FRC, et le Fonds d'investissement du FDPCC, soient désormais gérés par un comité comprenant les directeurs généraux du FRC, l'ARCC, la BCC et du FDPCC. A ces quatre structures, se joignent un représentant du ministère de l'Agriculture et un autre du ministère de l'Economie et des Finances.
Ce sont donc ces six personnes qui, depuis décembre 2005, travaillent sur les projets communs. Et quand la décision est prise de financer le projet, un décaissement est fait et mis à la disposition du porteur de projet. Mais en matière de signature, quand il s'agit de la réserve de prudence, c'est le directeur général du FRC qui en a la charge et son collègue de l'ARCC, en sa qualité de société d'Etat, qui signent. C'est pareil pour les autres structures. Si c'est cela qui doit calmer les uns et les autres, tant mieux.

Il y a aussi cette autre crise qui vous oppose à votre partenaire comme si dans la filière cacao,il n'y avait que des crises.
A ce niveau que doit-on savoir?

Ce qu'on peut savoir, c'est que M. Banet est notre partenaire pas parce qu'il a investi de l'argent dans ce projet mais parce que quelque part, des confusions ont été créées et puisque certaines choses n'ont pas été écrites au départ, la justice américaine s'en est tenue aux faits et a pris une décision. Et M. Banet ou Banet a 20% d'actions et le FRC a 80%. Les parts ayant été réparties, chaque partie devait payer sa part en fonction de son pourcentage, sa quotité. Ce que M. Banet n'a jamais fait

Prétextant qu'il a fait des travaux et que les coûts de ces travaux représentent sa part.

Ces travaux ont été entièrement payés et nous ne devons plus rien à M. banet. Vous avez dû lire que M. Banet, initialement, était chargé de faire une étude de faisabilité et de rentabilité pour le FRC afin d'apprécier l'usine de Fulton et prendre une décision.
Il a été payé pour cela. Ça nous a coûté 225 000 dollars (soit 112 millions 500 mille francs CFA, avec 1 dollar = 500 F CFA, NDLR). Il ne peut donc pas revenir nous dire que cela représente sa part. Tous les enquêteurs vous le diront. M.Bbanet a bel et bien reçu son argent et il a eu à avouer à certaines personnes qu'il a même perçu plus qu'il ne devait. Je vous dis que c'est la confusion et la mauvaise foi qui nous ont conduits à cela. D'ailleurs, la justice américaine a tranché que M. Banet a 20% et le FRC a 80%. Dans tout ce qu'il a déclaré dans les journaux qu'il était le propriétaire exclusif de l'usine, vous verrez que M. Banet se dédira lorsque les conclusions de l'enquête vont être publiées. Il dira qu'il n'a jamais affirmé être le seul propriétaire de l'usine.

Si ! Il nous a réaffirmé qu'il a été le seul à acheter les équipements de l'usine aux enchères avec Nestlé. Et que c'est bien après que vous êtes arrivé.

Mais il ne l'a pas dit dans l'enquête judiciaire. M. Banet est un menteur, excusez-moi de le dire brutalement comme cela. M. Banet ne changera pas parce qu'il a l'art de dire une chose à telle personne et une autre chose à telle autre personne. Quand il a affaire à la justice et qu'il sait que s'il ment à ce niveau, cela peut lui être préjudiciable et lui coûter cher, il dit la vérité.
Mais quand il sait qu'il a affaire à d'autres personnes avec qui ses déclarations ne prêtent pas à conséquence, il raconte ce qu'il veut. Mais vous verrez au terme de l'enquête ce qui va sortir. M. Banet n'a jamais acheté cette usine. Voici ce qui s'est réellement passé. M. Banet était en train de faire des études pour nous - études pour lesquelles il a été payé - quand pour certaines raisons, les vendeurs ont décidé de ne plus vendre l'usine en bloc mais de la démanteler et vendre les équipements aux enchères.
J'étais ici à Abidjan lorsque M. Jean Claude Amon, qui y était aux Etats-Unis pour l'Etat de Côte d'Ivoire, m'a appelé pour dire que Nestlé a changé le mode de vente. Elle veut aller aux enchères et qu'il faut payer une caution pour que les vendeurs soient sûrs qu'ils ne vont pas se faire avoir au cas où les prétendants se désistaient au dernier moment. Ils ont, alors, demandé une caution d'un million de dollars (soit environ 550 millions de francs CFA à l'époque). Nous étions presque le week-end et vu le délai, nous étions persuadés de ne pas pouvoir le tenir compte tenu de la complexité de la procédure de transfert d'argent. C'est comme cela que M. Jean-Claude Amon nous a dit que puisque celui qui fait les études d'acquisition travaille aussi, pour un fonds de pension, ne peut-on pas lui demander de nous avancer de l'argent qu'on va lui rembourser. Je n'y ai pas trouvé d'inconvénient.
Voilà comment M. Banet et sa structure Lion Capital Management Group (LCM) ont été sollicités pour faire une avance qui leur a été remboursée par la suite. Là aussi les preuves ont été apportées dans les journaux. M. Banet est de mauvaise foi. Je reconnais qu'il y a eu une faille dans notre système ; c'est de n'avoir pas demandé à Jean-Claude Amon de faire écrire ce que, verbalement, nous avons dit.

Justement, c'est pour cela que M. Banet vous reproche un certain amateurisme.

Il parle d'amateurisme mais il est bien placé pour savoir qu'il est un escroc. C'est sur la base de la bonne foi et d'un " gentleman agreement " que nous sommes allés. Si M. Banet était un homme de parole et d'honneur, il aurait reconnu que c'est pour notre compte qu'il a acheté les équipements aux enchères. Nous étions ensemble aux Etats-Unis (du 15 au 22 avril).
Mais ce qu'il vous a dit, il ne l'a pas dit au Procureur qui était également aux Etats-Unis avec nous à la même période. M. Banet a avancé de l'argent qui lui a été remboursé. Et, plutôt que de faire les achats au nom du FRC, il l'a fait en son nom propre. Quand nous sommes allés aux Etats-Unis pour visiter l'usine, c'est en ce moment que je me suis rendu compte du pot-au-rose lorsque j'ai demandé en vain à voir les factures. Mais aujourd'hui, je pense qu'au regard de la justice américaine, il n'y a pas de mystère là-dessus.

Mais il se trouve qu'il y a blocage.

Quand deux partenaires ne s'entendent pas, cela crée des problèmes à l'entreprise. Mais nous sommes allés en justice et l'affaire a été tranchée. Là-dessus, les thèses de Banet ne tiennent pas debout.
Si banet avait raison, la justice américaine l'aurait reconnu. Je vais vous signaler qu'il est interdit à M. Banet d'entreprendre une quelconque action en justice en Californie dans le cadre de cette affaire sans l'autorisation de la justice. Et ce, à cause de ses agissements délictueux.
Vous comprenez qu'on ne peut pas accorder du crédit à ce que dit un tel individu. Dans tous les cas, sans entrer dans les détails, nous vous disons qu'une solution sera trouvée dans les plus brefs délais à cette affaire. Nous mettrons tout en ?uvre pour tenir le délai fixé par le Président de la République. C'est cela notre préoccupation. Et, au plus tard en octobre 2008, l'usine devrait pouvoir tourner.

Interview réalisée à Abidjn par Abel Doualy

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