vendredi 9 mai 2008 par Notre Voie

La nouvelle a fait l'effet d'une bombe. Le président de la Jeunesse du RDR de Toumodi, l'homme à tout faire de ce parti dans cette localité, M. Coulibaly Zanga, a viré au FPI. Dans cette interview, il déballe tout.

Notre Voie : Lors du meeting animé par la première Dame, on vous a présenté comme nouveau militant du FPI. Confirmez-vous cette information ?
Coulibaly Zanga : Oui, je la confirme, puisque j'étais sur les lieux avec toute ma troupe. J'ai participé à l'organisation de l'arrivée de la Première Dame. C'était l'occasion d'officialiser mon arrivée. Je suis aujourd'hui militant du FPI.

N.V. : Quand on sait le rôle que vous avez joué au RDR, on est tout de même surpris de vous voir aujourd'hui dans les rangs du FPI que vous avez combattu hier. Quelles sont vos motivations ?
C. Z. : Dans la vie, il faut à un moment venu s'asseoir et faire une analyse sereine, avoir le courage de faire son mea culpa. C'est donc après toutes ces analyses et surtout grâce à M. Placide Zoungrana, le DDC du candidat Laurent Gbagbo à Toumodi, et aussi avec l'apport du jeune Marcellin (Ndlr : ex-fédéral JFPI) que nous en sommes arrivés là. Il faut dire qu'après analyse de la situation nationale, aujourd'hui, il n'y a pas meilleur cheval que Laurent Gbagbo. C'est par rapport à toutes ces considérations qu'aujourd'hui, je suis militant du FPI.

N.V. : Pouvez-vous être beaucoup plus explicite ?
C. Z. : Je ne sais pas quoi dire de plus. Vous savez, quand vous avez devant vous quelqu'un qui ne fait pas le poids, qui donne l'impression d'être un mort-né parce qu'il fait toujours les mêmes choses, on n'avance jamais, je ne sais pas pourquoi rester dans une telle situation ? Je crois qu'il est temps qu'on entreprenne une véritable campagne de désintoxication au niveau de nos parents du Nord. On les utilise beaucoup. Quand on va les voir, on leur dit que c'est parce que je suis musulman qu'on ne veut pas de moi ; c'est parce que je suis nordiste qu'on ne veut pas de moi?. Je suis Coulibaly Zanga ; ma mère est de Tafiré, mon père est de Napié. J'ai mes pièces d'identité. J'ai les pièces de mes parents. Qui peut n'empêcher aujourd'hui d'être candidat à une élection en Côte d'Ivoire ? Personne ! Ce sont toutes ces preuves-là qu'on demande pour avancer. Je dis et je l'assume : tant qu'Alassane Dramane Ouattara sera le candidat du RDR, ce parti ne pourra jamais arriver au pouvoir. J'en suis certain. Je refuse de m'engager dans une bataille qui ne va pas aboutir.
Aujourd'hui, quand je fais l'analyse de la situation, seul Laurent Gbagbo fait l'affaire de la Côte d'Ivoire.
Nous avons les preuves. Laurent Gbagbo n'a jamais pris les armes. C'est le seul qui a accepté d'aller à la paix.
Il l'a fait pour les Ivoiriens grâce à l'accord de Ouaga.
On nous a trimballés partout. Mais il a fallu que lui-même décide de faire la paix avec son frère.
Aujourd'hui, les résultats sont là. Les gens sont libres de circuler partout. Moi-même, je viens du village. Après l'arrivée de la Première Dame, j'ai fait un tour au village. J'étais à Korhogo et j'ai vu comment les choses avancent. Les militants du FPI qu'on ne voulait pas voir au Nord aujourd'hui font des activités politiques sans entraves. Pendant que nous au RDR, nous menions nos activités politiques dans la zone gouvernementale, de l'autre côté, ce n'était pas le cas.
Aujourd'hui, la démocratie revient et ça, c'est grâce à Laurent Gbagbo. Et je ne peux que lui tirer mon chapeau pour ce qu'il a fait pour les Ivoiriens. Et c'est ce genre d'hommes qu'il faut pour la Côte d'Ivoire.

N.V. : Comme vous le dites, Ouattara n'a jamais apporté de preuve pour sa nationalité. Pourtant vous, vous avez participé à certaines opérations qu'on pourrait appeler opérations Kamikaze. Comment expliquez-vous cela ?
C. Z. : C'est ce que j'ai dit. Dans la vie d'un homme, il faut souvent s'asseoir et faire son auto critique. C'est ce que j'ai fait. Je dis, on a été utilisé avec des mensonges. C'est parce que je suis du Nord qu'on ne veut pas de moi, parce que je suis musulman qu'on ne veut pas de moi?. Mais, étant musulman, étant nordiste, qu'est-ce que vous allez faire ? Vous allez le soutenir dans son combat. Et si, après, vous vous rendez compte que ce sont des mensonges, qu'est-ce que vous allez faire. Vous n'avez qu'à rebrousser chemin. Et c'est ce que j'ai fait.


N.V. : Et aujourd'hui, qu'est-ce que pensent de vous, vos anciens camarades du RDR ? Ne vous qualifient-ils pas de traître ?
C.Z. : Ça ne peut pas manquer. C'est valable pour tous les partis. D'où vous partez, vous vous faites des ennemis ; où vous arrivez, vous vous êtes également des amis et même des ennemis.
Il faut dire que j'ai été au c?ur de beaucoup d'actions au niveau du RDR ici à Toumodi. Donc, bien évidemment, les gens trouveront que je les ai trahis. Mais chacun est libre de son choix. On m'appelle de partout, je reçois des menaces. Mais ceux qui me connaissent savent que ces menaces ne me disent rien.

N.V. : Comment avez-vous été accueilli par vos nouveaux camarades du FPI ?
C. Z. : C'est un événement à Toumodi. Et les jeunes du FPI m'ont accueilli avec enthousiasme. Ils sont fiers que moi qui les combattais, je suis aujourd'hui avec eux. Ils sont heureux de me compter parmi eux.

N.V. : Que pensez-vous apporter au FPI ?
C. Z. : Pour l'officialisation de mon arrivée au FPI lors du meeting de la Première Dame, j'étais avec 300 jeunes militants du RDR. C'est dire que je vais beaucoup apporter au parti. Je vais me mettre à la disposition du fédéral de la JFPI ici à Toumodi, et nous allons bien organiser la structure.
Je sais de quoi je parle. Je sais comment j'ai organisé la jeunesse du RDR. Il y a eu beaucoup d'actions ici. C'est dû à mon organisation. Au niveau du FPI, ce n'est pas la même méthode de travail. De l'autre côté c'est le vandalisme et autres. Vu la formation que les militants du FPI ont déjà, je suis sûr d'une chose, il n'y aura pas de 2ème tour. Laurent Gbagbo pourra compter sur Toumodi. Je suis sûr que le candidat Laurent Gbagbo passera dès le 1er tour.

N.V. : Qu'est-ce qui explique cet excès d'optimisme ?
C. Z. : C'est par rapport à ce qu'on observe sur le terrain. Après ce qui s'est passé, l'unanimité est faite : c'est Laurent Gbagbo l'homme de la situation. Il y a beaucoup d'autres militants qui sont prêts à me rejoindre. Ils sont encore dans l'ombre, mais ils ne le disent pas. Ils sont prêts à faire élire Laurent Gbagbo dès le 1er tour.


Interview réalisée par Pierre Djessane Gervais

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