vendredi 9 mai 2008 par Notre Voie

L'année scolaire 2007-2008 tire allègrement à sa fin. Bientôt, les examens de fin d'année et bien avant, des supputations autour de l'orientation scolaire. Un acte délicat qui détermine le destin de nombreux élèves. Pour les parents qui ont encore des enfants dans le circuit, cela est pour eux un moment de souci, d'angoisse et de calcul interminables. Car l'heure est maintenant arrivée de lancer l'enfant sur la voie qui va déterminer son avenir. Faut-il choisir pour l'enfant ou le laisser choisir lui-même? A ce niveau, que de tractations? et que d'avis ! Notre enquête.
Parfait Koffi est un haut cadre de l'administration publique, peut-être malgré lui. Il raconte avec beaucoup de regrets : Brillant élève de Terminale C, je voulais suivre à l'époque une branche purement technique pour devenir pilote à la longue. Mais mon oncle qui s'est occupé de moi, m'a obligé à devenir administrateur civil. Je ne pouvais pas faire autrement. Même si aujourd'hui je gagne bien ma vie, je ne me sens pas à l'aise?. Comme Parfait Koffi, beaucoup d'élèves (filles et garçons) ont vu à l'époque, leurs choix influencés par leurs parents. Ce qui ne leur a pas toujours porté bonheur. Comme le témoigne ici Mme K. Brigitte, aujourd'hui coiffeuse-esthéticienne. Quand j'étais enfant, je rêvais de devenir médecin ou sage-femme. Mais puisque ma mère était dans le commerce et autres affaires, elle m'a contrainte à rentrer dans la filière de gestion d'entreprise commerciale. C'est ainsi qu'après mon Bac D, je me suis inscrite en sciences économiques, malgré moi. Le travail n'a pas été satisfaisant, car ce que je faisais ne m'intéressait pas. J'avoue que j'ai souffert dans ma peau. Même aujourd'hui, je continue d'être malheureuse d'avoir raté ma vocation?.
Des cas de ce genre, on en compte par milliers. Et bien souvent par la faute de certains parents trop exigeants qui ont certainement leur raison de s'imposer. C'est moi qui m'occupe de mon enfant. Comment peut-il s'engager à opérer un choix qui va déterminer son destin scolaire sans mon consentement??, fait observer Innocent N'Guettia parent d'élève. Quand son confrère Touré Amara opte pour la prudence. C'est une étape très délicate dans la vie d'un élève. Ainsi, mon intervention dans son choix doit se faire avec prudence?, propose-t-il. Quant à Barnabé Séka Abé, enseignant, il est plutôt formel. Seul l'élève lui-même, connaissant ses capacités réelles en classe, peut opérer un choix convenable. Cependant, si le père est informé des perspectives d'emplois dans le pays et qu'il connaît les capacités intellectuelles de son enfant, il doit alors le guider dans son orientation. Dans le cas contraire, il (le père) doit s'abstenir. Sinon, ce serait emmener l'enfant à faire de mauvaises études. Ce qui pourrait d'ailleurs gêner son avenir, argumente Barnabé Séka. Et la plupart des élèves en fin de cycle, rencontrés dans les lycées et collèges, sont de cet avis. C'est le cas de Bley Atsé Bley Appolinaire (TD), Assi D. Flora (TC), Essienth C. (TA) et Kouadio Akissi Grace (3ème). Pour eux, il faut laisser l'élève opérer lui-même ses choix pour que l'orientation scolaire atteigne son objectif. Parlant d'objectif, le problème devient encore plus délicat et varie selon les niveaux, apprend-on, dans le milieu de l'Education nationale. Ainsi, pour la classe de 3ème, le problème, dit-on, est moins ressenti. Dans la mesure où l'élève est orienté dans une seule filière d'enseignement général ou technique, en fonction des moyennes qu'il a obtenues en classe et à l'examen du BEPC. Mais pour que cette orientation d'étude, atteigne son objectif, précise-t-on, elle doit tenir compte des propositions d'études faites par l'élève. Si ces propositions tiennent compte en même temps des moyennes obtenues par l'élève, alors l'orientation scolaire, selon les spécialistes, peut atteindre pleinement son objectif. En classe de terminale, selon les mêmes sources, le problème est beaucoup plus complexe, parce que les études supérieures débouchent sur un métier. Dans ces conditions, avance-t-on, l'élève doit choisir une option d'étude qui correspond non seulement à ses capacités réelles en classe, mais aussi à sa personnalité. Mais dans un cas comme dans l'autre, il ressort que très souvent, certains élèves font des propositions hasardeuses ou des choix fantaisistes, en imitant leurs camarades, sans tenir compte de leurs forces et faiblesses. C'est l'une des causes des nombreux échecs scolaires que notre système éducatif connaît ces derniers temps?, note M.K. Daniel, chef d'établissement. Qui pense que pour éviter de naviguer à vue, parents et élèves devraient s'en tenir aux conseillers d'orientation, seuls spécialistes en la matière. Pour lui, il est important de rappeler cela, surtout aux parents trop présents dans la vie de leurs enfants. En effet, les spécialistes conseillent d'ailleurs de ne rien imposer à l'enfant. Avant toute décision le concernant, il faut en discuter avec lui et tenir compte de ses possibilités réelles. Malheureusement, et c'est souvent le cas, les parents font faire à leurs enfants ce qu'ils souhaitent eux, et non ce que ceux-ci peuvent faire?, relève avec amertume, Mme Agnès Coulibaly, comptable. Sentiment partagé presqu'entièrement par nos interlocuteurs. Sachez que les enfants martyrs ne sont pas seulement ceux que leurs parents brutalisent ou privent d'affection. Ce sont aussi et surtout, ceux que l'on oblige à faire des études pour lesquelles ils ne sont pas doués, à choisir une spécialité, une profession ou un métier qui les répugnent?, fait observer Sévérin Konan, para-psychologue.


Une enquête de Patrice Tapé tapepatrice@yahoo.fr

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