vendredi 9 mai 2008 par Le Patriote

Prototype du projet de décret litigieux. C'est ainsi qu'il convient de qualifier la proposition faite par la tutelle sur les mécanismes de contrôle, de supervision et de validation des activités liées à l'opération d'identification ainsi qu'au recensement électoral. Projet dont l'exposé des motifs rédigé par le ministre de l'Interieur, Désiré Tagro et dont nous avons obtenu copie, laisse transparaitre clairement des objectifs inavoués: Les tenants du régime FPI veulent redessiner le fichier électoral dans le noir dessein d'en extraire le maximum d'électeurs jugés proches de l'opposition significative. A preuve? A la lecture de ce document estampillé Confidentiel et urgent? et enrégistré sous le N° 174 au rôle du sécretariat général du Gouvernement ( Voir Fac similé), l'idée générale qui s'en dégage fait mention du croisement du fichier électoral actualiséavec les fichiers historiques existant en Côte d'ivoire. Entre autres fichiers concernés par cette idée de croisement? Celui des travailleurs inscrits à la CNPS, celui des demandeurs de cartes de séjour et celui du Recensement général de la Population de 1998. La question fondamentale qui se pose dès lors: quel est le critère technique de base qui soutiendra ce croisement de fichier? Il est permis d'avoir des appréhensions sur la fiabilité et l'efficacité voire la faisabilité d'une telle opération qui n'est nullement prévue dans l'accord de Ouaga. Pour justifier de telles appréhensions, retour en arrière. En 2000, la Commission Nationale Electorale (CNE) de Honoré Guié qui accusait déja un deficit de moyens humains s'est permis, cependant, de proceder sur des bases floues à un croisement de fichiers. La conséquence ne s'est pas faite attendre. Des généraux de l'armée, des magistrats de haut rang, des préfets hors hiérarchie ont retrouvé leur nom sur la liste des cas douteux?. Inutile de citer ces personnalités qui ont dû user de diverses voies de recours pour être restaurées dans leurs .Mais, la Côte d'Ivoire reste tout de même un pays extraordinaire où l'accusateur qui est, ici, le pouvoir public demande toujours à l'accusé de faire la preuve de son innocence. Procédé peu honnête par lequel, le régime FPI compte créer des millions de cas douteux dans l'objectif bien évident de gagner du temps, de tailler, à sa mesure, un fichier électoral qui lui permette de prendre une longueur d'avance certaine sur ses adversaires du RHDP. Ces cas dits douteux occasionneront une vague de reclamation et de contestation, avec son corrollaire de files interminables d'attente. De quoi en rajouter au stress des électeurs potentiels qui se verront refuser, injustement, le droit de vote. Le premier tour du scrutin présidentiel étant fixé au 30 novembre prochain, la contrainte de temps ne manquera pas, assurement, de se poser: De quel délai dispose-t-on pour satisfaire des reclamations en cascade pour les besoins d'une cause perdue d'avance? On s'achemine inexorablement vers des difficultés certaines et des pertes inutiles de temps et d'énergie si le projet de décret relatif au croisement des fichiers venait à passer en l'état sans aucun amendement. L'insuffisance même des centres de collecte et de traitement, le nombre reduit du personnel affecté à ces tâches supplementaires et les éventuels mouvements de contestation qui en resulteraient pourraient contribuer à plomber, in fine, une identification et un recensement électoral pourtant clairement énoncés dans l'accord de Ouaga. On se demande, en définitive, ce que renferme la notion même de croisement des fichiers? dans la mesure où le constat demontre qu'aucun fichier ivoirien existant à ce jour n'est fiable, selon le pouvoir actuel. Lequel des fichiers mérite de faire l'objet de croisement? La question reste posée au régime FPI qui voit dans la hausse du corps électoral de 5,5 millions en 2000 à 8,5 voire 9 millions d'électeurs, les signes de sa défaite certaine. Si par extraordinaire, le projet venait à passer, un accent particulier doit être mis sur les critères d'élaboration du programme informatique et des algorythmes qui vont servir à réaliser ces differents croisements de fichiers. De même que les experts informatiques de chacune des parties prenantes au processus devraient poser le débat, dans les plus brefs delais, sur la question et reflechir aux conditions d'audit d'un tel programme d'informatisation et de formation. Ne vaut-il pas mieux prévenir que guerrir? Surtout que toutes nos tentatives d'en savoir plus sur les motivations d'un tel projet auprès des services compétents du ministère de l'intérieur sont restées vaines.

Khristian kara

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